Guatemala

13 février 2017

Copan est le premier des nombreux sites mayas que nous allons trouver sur notre chemin en Honduras, au Guatemala et au Mexique. De la culture maya, nous ne savons rien ou pas grand chose. Nous allons la découvrir tout au long de nos visites des sites, les grands mais surtout les petits, pleins de charme loin des grandes foules.

Copan

La civilisation maya se caractérise par l'absence de pouvoir central, chaque ville étant un état en soi avec son propre gouvernement. Bien sûr la soif du pouvoir, le besoin de domination et de conquêtes vont opposer les villes dans de sanglants combats provoquant l'asservissement de l'une ou l'autre.
Ainsi Copan a pour rivale Quirigua, située de l'autre côté de la frontière, au Guatemala. Après avoir été dominée durant des siècles, Quirigua va nommer son propre roi et se détacher de Copan. La réaction ne tardera pas et Copan partira en guerre. Mais Quirigua va capturer Dix-Huit-Lapin, le roi de Copan, et le sacrifiera par décapitation.

Quirigua

Copan

Dix-Huit-Lapin, le roi artiste, le XIè roi de Copan, va laisser une ville magnifique dont nous voyons aujourd'hui les vestiges.

Copan

La ville maya est toujours organisée selon un même modèle. L'acropole, un ensemble de monuments regroupant temples, palais et places va constituer le lieu réservé à l'élite gouvernante, c'est à dire le roi et sa famille, les nobles, propriétaires des terres, les religieux et l'élite de l'armée. Ils logent dans l'acropole, ont leurs propres temples où se déroulent des cérémonies qui leur sont réservées. Le peuple n'a pas accès à cette partie de la ville.
C'est de la Gran Plaza que le peuple pourra assister aux cérémonies publiques, aux sacrifices et aux jeux de pelotes. Le terrain de jeu de pelotes se trouve sur la Grand Plazza et est visible de l'acropole d'où les dignitaires suivent le jeu.

Quirigua

De part et d'autre se trouvent des temples dont les escaliers serviront de gradins aux spectateurs du jeu. C'est aussi en haut de ces temples qu'auront lieu les sacrifices humains.

Copan

Copan

Le palais du souverain sera sa sépulture. Par-dessus, le nouveau souverain construira son palais, se servant de l'ancien comme fondation ; celui-ci lui servira de sépulture et ainsi de suite.

A Copan a été découvert assez récemment et de manière fortuite un temple sous le temple supérieur. On l'appelle Rosalilo, sans doute à cause de sa couleur rose.

Enfoui dans la terre, il a été parfaitement conservé. Une réplique du temple se trouve au musée. Elle donne une bonne idée de ce que pouvaient être ces villes à l'époque maya, peintes en rouge, avec ces sculptures qui sont assez terrifiantes et devaient frapper l'imaginaire naïf du peuple. Les édifices en pierres que nous voyons aujourd'hui étaient à l'époque couvert de stuc et peint en rouge, bleu et jaune.

Copan

Copan

Cette superposition de temples se retrouve dans d'autres civilisations précolombiennes, comme chez les Moche au Pérou (à la même époque que les Mayas)(Trujillo, El Brujo) et même bien avant, comme à Chavin dans la Cordillère Blanche.
Si cette construction permet une très bonne conservation des temples enfouis, cela présente l'inconvénient de ne pouvoir voir que le dernier temple, le plus abîmé par les intempéries, à moins de ne casser les structures supérieures, ce qu'évidemment on ne va que rarement faire.

Copan

En haut de l'acropole, nous voyons une petite mygale (ou tarentule ? Nous ne sommes pas des spécialistes des arachnides). Un groupe de touristes arrive. Klaus fixe le sol mais personne ne le remarque. Quand une femme pose le pied en sandale à côté de l'araignée, Klaus lance un « attention ! » Le cri de la touriste attire tous les autres et nous rigolons bien de notre côté, jusqu'à ce qu'ils remarquent que l'araignée est morte. Et les touristes étaient français....

Copan

Nous traversons le Guatemala d'ouest en est, en diagonale, pour rejoindre Antigua, la plus jolie ville du pays, une des plus belles d'Amérique Centrale. Enfin, ça, c'est ce que dit le Petit Futé.
On entre dans la ville par des petites rues bordées de maisons basses multicolores qui seraient pleines de charme si notre esprit n'était pas occupé à pester contre ces abominables pavés qui font la route. Ici pas besoin de ralentisseurs (et pourtant il y en a quand même !) tout le monde roule à vitesse ultra-modérée dans un inconfort qui nous mènerait vite à la crise de nerfs....
La Place Centrale ne sera pas pour nous calmer... Une armée de femmes en costume local nous aborde pour nous vendre châles ou autre tissu. Toutes ont la même chose à vendre et malgré leur visage très triste, nous n'avons pas envie d'acheter quoique ce soit. Avec certaines, on peut quand même parler ou rire. Quand on s'éloigne un peu de la place, au marché par exemple, plus aucune femme ne porte ce costume.
Avec le harcèlement continu de ces femmes et des vendeurs de glaces et boissons et les agences pour vendre des tours opérateurs, on n'en peut plus. La place ne présente pas d'attrait extraordinaire, les monuments anciens n'existent guère à part quelques façades tenant debout par miracle, la ville ayant été détruite plusieurs fois par des séismes..
Klaus est très fatigué car la journée de conduite a été longue et moi je ne suis pas bien du tout. Comment apprécier Antigua dans ces conditions ?... Nous trouvons refuge pour la nuit sur le camping aménagé dans la cour de la police touristique. Nous trouvons là un havre de paix. Le lendemain, nous montons sur le Cerro pour déjeuner en face du magnifique Volcan Agua.
Alors que je demande à une pharmacie où elle se trouve, il me dit : « Mais nous avons notre propre médecin ». Dans l'arrière boutique, une dame aimable me diagnostiquera une sévère hypertension, source de tous mes maux selon elle. Et comme elle avait raison ! Depuis que je prends ses petites pilules, tout va mieux pour moi !
En ville, nous apercevons entre deux monuments une épaisse fumée qui se dégage du Volcan Fuego, tout proche de la ville. Dans l'après-midi, sur notre camping nous laissons la porte du fourgon ouverte. Nous verrons le soir un dépôt un peu gras recouvrir toutes les surfaces, la cendre du volcan.

Nous quittons Antigua et partons vers le nord-est pour retrouver Quirigua, la ville située près de Copan. Le site regroupe essentiellement des stèles magnifiques que nous apprécierons comme toujours au petit matin loin de la foule. Ce site pourtant intéressant est assez peu visité.

Cette stèle est recouverte de glyphes, l'écriture maya.

Nous partons vers le nord pour atteindre Tikal, le plus grand site du Guatemala. La circulation est interrompue pour un temps...
A l'entrée du parc national à l'intérieur duquel se trouve le site de Tikal, on nous donne un papier où figure l'heure de passage. Interdit de dépasser les 40 km/h, un contrôle sera effectué à l'arrivée, 20 km plus loin. Toute arrivée prématurée sera passible d'une amende... Nous aurons scrupuleusement respecté la vitesse mais il n'y aura en fait personne pour contrôler. Pour sortir du site, nous suivrons un bus local, à … 70 km/h !

Quirigua

Tikal est un grand site et il fait vite très chaud. Nous dormons au camping du site pour être, comme d'habitude, sur place à l'ouverture afin de profiter de la fraîcheur matinale.
Nous cheminons dans la forêt luxuriante reliant les différents points d'intérêts les uns aux autres.
On peut monter en haut de certaines et profiter de différents points de vue.
Des pyramides sont isolées dans la forêt. Du sommet, on a une superbe vue sur la canopée (partie supérieure des arbres dans la forêt) et les environs. Par endroits, dépassant de la canopée, apparaissent d'autres pyramides.
La surface couverte par ces villes est très grande. Certaines étaient peuplées de plusieurs dizaines de milliers de personnes et couvraient des dizaines de km².
Tout le long de notre visite, les singes hurleurs vont chanter en canon à plusieurs voix. De trois endroits différents nous entendons le cri de leur souffle puissant ponctué par intervalles de quelques inspirations. Le vacarme est incroyable !

Copan

Copan

De retour dans la ville, il devient urgent pour moi de trouver un médecin, ce qui n'est pas si facile qu'on le pense. Le premier hôpital est un hôpital pour les pauvres, avec une longue file d'attente ; le deuxième cabinet se révèle être un chirurgien qui ne consulte que l'après-midi ; en route pour la troisième clinique.

Quirigua

Cette jeune fille faisait des sourires à ses amies qui la photographiaient d'en bas du parvis. Elle ignorait que je m'étais glissée derrière elle pour la photo, ce qui faisait tellement rire ses amies ...

Copan

La Gran Plazza est époustouflante ! Elle est entourée de chaque côté de hautes pyramides, qui furent des temples ou des palais.
Le site voisin est Yaxha. Nous y arrivons après la fermeture du parc et serons autorisés à passer la nuit près de la barrière d'entrée, au bord du lac, gardés par des militaires, fusils à l'épaule.
Peu visité, ce site est sans doute celui qui nous a le plus séduit. Entièrement enfouies dans la forêt, les pyramides sont séparées par de larges espaces où nous circulons au milieu d'arbres immenses.
Ils sont là-haut, tout près, au-dessus de nos têtes ; nous les cherchons mais ne parvenons pas à les apercevoir. Du haut d'un mirador, nous en apercevons un qui vient vers nous ; en fait, plutôt vers un arbre chargé de petites baies délicieuses. Il passe en se lançant d'un arbre à l'autre.
Il sera bientôt suivi de plusieurs copains qui font des acrobaties devant nous. Ces singes ne sont pas très grands et on s'étonne de la puissance de leur hurlement. Leur frimousse est adorable !
A Copan, nous pénétrons dans le site par la Plaza Central sur laquelle sont disposées des stèles. Puis nous atteignons le groupe formé par l'acropole, les temples et le jeu de pelote. Comme toujours, nous sommes arrivés à l'ouverture et il n'y a pratiquement personne sauf quelques employés sur le site. Les oiseaux chantent, les aras font entendre leur cris de crécelles rouillées, tout est tranquille .
Le soir, nous dormons au camping du site, gratuit, au bord du lac. Nous y sommes seuls bercés par le chant des oiseaux et, de temps en temps, par les hurlements des singes, au loin dans la forêt. Un couple de français rencontrés à Antigua nous a conseillé la visite de ce site.
Ils sont venus à ce camping et, alors qu'ils prenaient leur douche, une famille nombreuse de singes hurleurs est venue se placer au-dessus de leur véhicule qu'ils ont largement couvert de leurs excréments. Nos amis ont pensé avoir garé leur véhicule sous l'arbre utilisé habituellement par les singes pour leurs besoins.

En fait, il n'en n'est rien ! Ainsi que je l'ai lu sur le site de Tikal, les singes hurleurs ont l'habitude de se placer au-dessus des personnes (ou de la voiture) et de déféquer afin de signaler leur présence. Inutile de dire que chaque fois que nous les avons entendus, nous avons vérifié s'ils n'étaient pas au-dessus de nous...
Ces sites magnifiques sont loin d'être totalement explorés. Les archéologues ont encore bien du travail pour défricher là où la nature a repris ses droits. Des arbres immenses écartèlent les murs des pyramides, les monuments sont effondrés et envahis de végétation.
Parfois de simples buttes peuvent révéler une sépulture ou un trésor enfoui.
Ainsi que me le dira plus tard une mexicaine, si on ne connaît pas l'histoire d'une cité, on ne voit que des pierres ...
C'est magique de se promener entre ces monuments et d'imaginer la vie qui se déroulait ici, il y a plus de 1000 ans.
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