Les Papillons Monarque

19 mars 2017 : Les Papillons Monarque

Tous nos amis et rencontres nous disent : « Allez voir les papillons Monarque » . Nous notons donc cette visite dans notre itinéraire sans avoir la moindre idée de ce qui nous attend. Sont-ils en liberté ou dans une serre comme au Brésil ? Qu'ont-ils de spécial ? Nous allons bientôt le savoir et nous ne serons pas déçus ! Alors, nous disons à ceux qui veulent aller au Mexique : « Allez voir les papillons Monarque ! »

Le site des papillons est situé au nord-ouest de Mexico, dans la montagne, à 3000m. La route traverse de jolies montagnes qui ne sont pas sans rappeler les Vosges... Vers l'horizon les montagnes couvertes de forêts de conifères se succèdent sur différents plans dans une symphonie de bleus. Comme dans les Vosges ! Sauf que parfois, on y voit aussi quelques cocotiers, palmiers, ou bananiers. Pas comme dans les Vosges.

Sur le parking du site, en milieu de matinée, nous ne sommes pas seuls. On nous annonce que nous devrons monter pendant 45 minutes et nous ne savons toujours pas pour voir quoi ! Alors nous suivons le chemin, comme tout le monde... Des panneaux nous renseignent à intervalles réguliers sur ce phénomène qu'est la migration des papillons Monarque...

"Cycle de vie du papillon Monarque

Chaque femelle pond jusqu'à 500 œufs sous la feuille de « l'algodoncillos » (arbre de coton) . Eclosion après 3 à 5 jours

Pendant 10 à 15 jours, la larve se nourrit de l'algodoncillos et absorbe des substances toxiques pour se protéger des prédateurs

La phase de chrysalide dure 10 à 15 jours . La larve, immobile, forme une peau protectrice et change pour donner forme au corps d'un papillon.

Adulte, le papillon monarque vit 4 à 5 semaines pour les générations normales et jusqu'à 8 mois pour la génération Mathusalem"

Il fait déjà chaud et le chemin commence par des centaines de marches. On voit de plus en plus de papillons qui volent ou par terre, morts. De temps en temps, des bancs accueillants reposent les genoux fatigués.

"Fin mars, les femelles seules partent vers le nord des USA et le Canada. Les mâles restent et meurent au Mexique. Les voyageuses feront halte aux USA pour pondre leurs œufs qui vont donner les premiers descendants d'une durée de vie normale (quatre à cinq semaines). Elles vont s'arrêter à différents endroits donnant naissance à chaque fois à des descendants de vie normale. Le papillon vole 120 km par jour pendant deux mois et parcourt 4000km."

"Fin septembre, là où vivent les papillons Monarque, au Canada ou aux USA, la 4è ou 5è génération sera la génération Mathusalem. Au lieu des quatre à cinq semaines de vie habituelle, cette génération va vivre sept à huit mois, ce qui correspondrait à 525 ans pour un homme. C'est elle qui, en octobre, va faire le voyage vers les lieux de reproduction au Mexique, et encore elle qui fera le retour vers le nord fin mars. D'année en année les papillons Monarque reviennent dans les mêmes forêts et aux mêmes endroits."

Nous arrivons dans une clairière, presque tout en haut de la montagne. De la forêt s'échappe un flot continu de papillons. Ils viennent se poser quelques instants sur l'herbe mouillée par un tuyau d'arrosage puis s'envolent de nouveau.

On peut louer des chevaux pour une montée moins fatigante. Nous préférons marcher...

Nous suivons le chemin qui entre de nouveau dans la forêt. Un panneau informe les visiteurs : ne pas quitter le sentier ; être silencieux ; ne pas rester plus de 18 minutes pour laisser la place aux autres visiteurs . Mais... pour voir quoi ?

Dans la forêt nous voyons que tous regardent vers le haut, alors nous faisons de même, ne sachant toujours pas ce qu'il faut chercher à voir. Les branches sont épaissies par endroits et de grosses boules sont suspendues à certaines branches. Et enfin, nous voyons ...

Des quantités incroyables de papillons, sans doute des milliards ! sont là, groupés en des sortes d'essaims qui font ployer les branches des arbres sous leur poids.

Ou alors ils sont agglutinées autour des branches. Quand quelques rayons de soleil les atteignent, réchauffés, ils se détachent et s'envolent. Ce sont eux qui donnent ce flux qui sort de la forêt et que nous avons vu auparavant.

L'endroit où les papillons sont les plus nombreux est surveillé par des gardes du parc et aussi par des gendarmes. Nous ne resterons pas les 18 minutes exigées. Fascinés, nous profiterons, comme beaucoup d'autres visiteurs à ce moment-là, du peu d'affluence pour rester près d'une heure à observer ce phénomène.

"L'hibernation des papillons Monarque requiert certaines exigences climatiques :

Assez froid pour permettre le processus d'hibernation mais pas trop froid pour ne pas les tuer.

Suffisamment chaud pour maintenir l'intégrité du groupe, mais pas trop chaud pour ne pas susciter de mouvements, gaspillage d'énergie.

Assez humide pour éviter la dessiccation et les incendies de forêt, mais pas trop humide et sec pour éviter le gel et l'impossibilité de mouvement .

Les forêts de oyamels (conifères) du Mexique réunissent toutes ces conditions climatiques."

Et puis, il faut penser à la survie de la race et de ce côté, les papillons sont très actifs ! Nous les voyons s'y employer à 4 ou 5 en même temps. Ce sont de vraies orgies qui se déroulent là devant nous … On nous avait dit au Brésil que la femelle à peine sortie de la chrysalide, et pas encore sèche, était déjà assaillie par plusieurs mâles qui la guettaient.

"La migration est un événement ancestral connu par les populations de la région. Elles l'associent à l'âme des ancêtres et interprètent l'arrivée des papillons comme l'annonce de la visite des défunts car elle coïncide avec le jour des morts, le 1er ou le 2 novembre."

Les visiteurs sont de plus en plus nombreux à monter. Il est midi passé et il fait de plus en plus chaud. Une femme ramasse dans une petite boite tous les papillons morts qu'elle trouve en montant. Cela nous fait rire car si elle continue elle regrettera vite de ne pas être venue avec un camion-benne !

"Le papillon Monarque est une espèce cosmopolite que l'on trouve dans de nombreuses régions du globe, mais c'est seulement en Amérique du nord que l'on observe ce phénomène de migration et d'hibernation."

Nous rejoignons le parking très rempli à présent. Il fait chaud bien que nous soyons encore à 3000 m. Nous prenons la route du retour. Le paysage est toujours aussi joli, les montagnes aussi bleues. Et maintenant, nous savons ce que nous étions venus voir...

Nous prenons le chemin du retour. Il nous semble moins pentu, les marches plus faciles. Nous sommes heureux de ce que nous avons vu, de ce que nous avons appris aussi. Et les papillons volent toujours autour de nous.