Mexique

14 Mars 2017

De San Cristobal de Las Casas nous allons plein ouest pour rejoindre le Pacifique. Tout de suite il fait beaucoup plus chaud et le thermomètre dépasse largement les 30°. Nous nous arrêtons à l'agréable petite ville de Huatulco. Le paysage n'est pas loin de nous rappeler la Côte d'Azur. Nous passons la nuit à la Playa Entrega où je vais me régaler en nageant avec les poissons. La plage est assez bruyante mais la tête dans mon masque et sous l'eau, c'est le silence... Je suis dans un véritable aquarium !

Les poissons rayés jaunes et noirs, petits ou grands comme la main, viennent nager en groupe autour de moi. Le soleil fait briller le bleu métallique d'un petit poisson là-bas et en-dessous de moi, quel est cet étrange poisson long et transparent, dont la tête se continue d'une sorte d'aiguille allongée ? Je l'évite mais il est bien joli et sans doute inoffensif ! (pas de photos sous l'eau...)
Nous rejoignons ensuite Puerto Escondido, ville connue des surfeurs pour ses belles vagues. Une immense plage bordée de bars, hôtels, restaus, discothèques. Vision incongrue : personne en train de se faire bronzer sur la plage ou nager dans l'eau. Sauf des surfeurs ! Et quelques personnes assises dans le sable pour les regarder. Quand des imprudents entrent dans l'eau (sans planche) le maître-nageur siffle immédiatement pour qu'ils restent à quelques mètres du bord. Ici, on ne se baigne pas ! On surfe !
Nous n'avons jamais vu de telles vagues ! La vague se forme et le rouleau est d'un bleu magnifique puis c'est le fracas de l'eau qui tombe. Et déjà derrière la prochaine se forme, et d'autres encore.
La hauteur des vagues, le rouleau qui se déroule tout au long de la plage, et la succession des vagues, tout cela est hallucinant ! Et dedans, des surfeurs guettent la bonne vague, le bon emplacement et se lancent pour surfer puis se faire retourner avec violence dans l'eau bouillonnante. Parfois, nous en voyons un projeter en l'air par la vague.
Nous quittons la côte et remontons plein nord vers Oaxaca. Un petit détour à la Hierve del Agua, « L'eau qui bout ». L'eau calcaire forme des dépôts en s'écoulant le long des falaises. Pour qui a vu Pamukkale (« les sources de coton ») en Turquie, le site est un peu décevant... Mais du parking on a une vue remarquable sur les montagnes environnantes et nous y sommes très tranquilles...

Et sans cesse ils repartent vers la prochaine vague, se cachant sous leur planche pour limiter le choc de l'eau. C'est un spectacle fascinant dont nous ne nous lassons jamais. Car si Puerto Escondido est un lieu branché pour les surfeurs, les autres plages où sévissent ces monstres aquatiques roulants et tonnants ne manquent pas.
Nous fêterons ici les 300 000km de notre vaillant Sprinter !
Retour en arrière.... En 2009, lors de notre premier voyage en Mongolie, nous avons fêté les 100 000 km au Kirghizstan. Du haut du col, nous découvrons la magnifique chaîne du Pamir. C'est le Tadjikistan qui est là devant nous et c'est là que nous allons. Une petite angoisse nous étreint devant tant de neige...

En 2014, lors de notre second voyage en Mongolie, nous fêtons les 200 000 km à Barnaul, en Russie, dernière grande ville avant la frontière mongole.
La ville est très jolie, très plaisante, et même les très nombreux marchands n'insistent pas pour nous vendre leurs bricoles. Mais la place est bruyante ! Il y a des manifestations pour protester contre la mort d'une femme, comprenons-nous, apparemment assassinée par la police en 2010, sans aucune sanction pour les coupables. L'idée est noble mais envahissante ! Les femmes à la voix plus ou moins agréable se succèdent au micro (volume +++), et elles sont si nombreuses !!!
Nous dormons peu avant Oaxaca pour aller le plus tôt possible au garage Mercédès car Klaus doit changer une pièce défectueuse, source d'une fuite d'huile. Cela va très vite, on nous commande la pièce pour le lendemain et cela ne coûte pas cher du tout ! Et si nous en commandions une dizaine pour profiter de ce prix attrayant ??? Idée que nous ne retenons pas, nous n'avons besoin que d'une seule et cela prendrait trop de place (c'est une blague bien sûr...).

Récupération de pièces automobiles

Nous partons vers la ville, heureux que cela se passe si bien. Nous trouvons tout de suite un parking au centre ville où nous pourrons rester jusqu'au lendemain. Le moral est au beau fixe, tout se passe super bien et nous n'avons pas de ces déconvenues auxquelles nous sommes si habitués.
Nous les fuyons d'abord pour aller vers le marché. On y trouve beaucoup de chocolat, spécialité de Oaxaca. Après avoir goûté, nous achetons des barres de chocolat sucré et des pastilles de chocolat amer ; ce chocolat sert à faire des boissons chocolatées comme nous apprendrons à les faire. Le chocolat est dissous dans du lait chaud, puis à l'aide du « mixeur » à main, on procède au mélange qui sera bien mousseux. C'est tout simplement délicieux !
De retour vers la place centrale, les femmes crient toujours dans leur micro et nous nous installons dans un restau , sûrs qu'elles vont aussi aller manger. Mais elles continueront pendant tout le repas et ce n'est que quand nous quittons la place qu'elles la quittent aussi et que le silence revient...
L'église Santo Domingo est époustouflante dés l'entrée. Tous les murs et plafonds sont couverts de sculptures et de peintures. Tout est ici en relief et l'on est écrasé par tant de déco. De plus l'or ne manque pas, ce qui accentue encore le choc. Mais quand on pénètre plus avant dans l'église, cette lourdeur s'évanouit peu à peu et on se sent comme dans un film 3D, on fait partie de ce tout. Dans l'après-midi, seul le plafond de l'entrée est éclairé. L'or du chœur ne brille pas, le plafond en est pâle.
Je décide d'y retourner le soir pour la messe, quand l'église est éclairée. Et là je suis émerveillée ! Les personnages semblent sortir des murs, tout le relief des sculptures est mis en valeur, l'or du chœur et du transept brille. Les chanteuses ont une très jolie voix et sont accompagnées de trois violons et d'un orgue électrique. A la communion, un Avé Maria résonne divinement. Le temps de prendre quelques photos et les lumières s'éteignent, l'église se vide.
Saint Mathieu, porté par un ange. Ne serait-ce pas de l'abus de pouvoir ???...

Une femme chante. Elle s'accompagne elle-même à la guitare et ses chansons sont belles. Même si je ne comprends pas bien les paroles, ses chansons me vont directement au cœur. Alors qu'elle s'en allait, je suis allée le lui dire. Son sourire et son baiser sont gravés dans mon cœur. J'ai appris plus tard qu'elle s'appelait Silvia Maria et qu'elle était une chanteuse célèbre au Mexique. J'ai depuis cherché à acheter ses CD, je n'en ai trouvé aucun... J'aurais tant aimé partager ce moment avec certaines muchachas de mes amies !...

Le lendemain, nous retournons en ville voir le Musée de Las Culturas. Situé dans le magnifique couvent Santo Domingo, les pièces exposées sont un délice pour les yeux. Les explications concernant les différentes cultures sont très claires.

On comprend mieux pourquoi on nous a dit à l'entrée que le billet était valable toute la journée, si on voulait sortir et revenir. J'aurais pu y passer des jours entiers !
Nous passons la journée suivante à Monte Alban, un autre site archéologique, une autre culture du Mexique, contemporaine de celle des mayas. Ce site est situé près de Oaxaca, en haut d'une colline d'où on domine tout l'alentour. La ville comptait 25 000 habitants à son apogée. C'est vers 900 que le site fut abandonné et tomba en ruine. De nombreux tombeaux (170) décorés de fresques furent mis à jour. A Monte Alban, on ne pratiquait pas de sacrifices humains contrairement aux autres cultures. On sacrifiait des tortues, des chiens ou d'autres animaux.
Nous avons rencontré un garde du site. Il nous a raconté qu'il est un paysan habitant en bas dans la vallée. Le maïs et les haricots ne poussent pas à cause de la sécheresse, alors il monte ici pour travailler. Et... il vend des statuettes qu'il a sculptées (on en est envahi sur ce site !!!). On aurait pu prendre part à son malheur et le plaindre mais ... quelque chose cloche ... Tout cela il nous l'a dit … en français ! Plus ou moins bon, c'est vrai, mais quand même en français. Or je ne pense pas qu'il ait appris la langue de Voltaire avec son maïs et ses haricots...
On peut monter sur une pyramide où on a eu la bonne idée de placer une rampe. Bien pratique à la montée comme à la descente ! Les écoles se succèdent pour visiter le site (on retrouve les mêmes qu'au musée la veille) et la rampe est obligatoire pour descendre !

Un groupe d'une trentaine de français visite le site. Ils rient, blaguent, parlent fort. Le site est tranquille et on n'entend qu'eux ! La résonance sur ces sites est d'ailleurs exceptionnelle. Je voudrais oublier que moi aussi je suis française car ils me font vraiment honte ...
Monte Alban est l'un des sites que nous avons préférés. Pas trop de monde (nous y étions à l'ouverture comme toujours), bien aménagé, bien documenté, et sa situation est exceptionnelle du haut de la colline.
Nous continuons vers Puebla, grande ville grouillante de monde. Moins touristique que Oaxaca, la ville n'a pas eu ce ravalement qui la ferait briller. Nous sommes moins sollicités aussi par les marchands. La place centrale est le lieu de rencontre de toute la ville vers le soir.
Les marchands de ballons se noient dans leurs produits, les fusées lumineuses pour enfants fusent dans l'air, les marchands de glace, de boissons et de toutes sortes de choses à manger ou à boire circulent. Il fait bon, il n'y a pas de moustiques, on est bien.
Le soir, nous sommes à la terrasse d'un restaurant. Il y a plus de solliciteurs que pendant la journée. Deux enfants délicieusement déguisés viennent chanter. Ils ont, fixé sur le ventre, un lecteur USB diffusant la musique sur laquelle ils chantent, l'un après l'autre. Ce sont sans doute le frère et la sœur. Ils sont adorables mais .... si tristes ! Pour la photo, le garçon a esquissé un sourire mais la petite même pas (excusez la mauvaise qualité de la photo, c'est la nuit).
Ils ont continué leur chemin d'un restau à l'autre, le garçon tenant la petite fille par la main. Nous sommes toujours perplexes devant une telle situation. Faut-il, comme certains le font, les ignorer ? Faut-il, comme nous l'avons fait, les laisser chanter et leur donner une pièce ? Encourage-t-on la mendicité ainsi ou est-ce reconnaître leur effort ? Nous donnons rarement aux mendiants mais plus souvent pour récompenser un chanteur ou un musicien (ils sont légions au Mexique, c'est le pays des mariachis !).
Nous passons la nuit suivante au parking du site de Cholula. Nous ne visitons pas le site mais nous sommes venus là pour le Volcan Popocatepelt que l'on voit derrière la petite église en haut du site (du moins sur les cartes postales) .
Nous créons un super embouteillage en nous engageant dans une rue étroite, à sens unique, au bout de laquelle il y a un pont (non signalé) sous lequel nous ne passons pas. Il faut reculer jusqu'au dernier carrefour, et toutes les voitures qui nous suivent aussi. Ah ! Ces touristes français ! Mais nous verrons que les mexicains sont moins râleurs que les français car tous ont reculé de bonne grâce et même avec le sourire ! Et pas un coup de klaxon !

Les nuages vont s'obstiner à envelopper le Popocatepelt que nous ne verrons pas. Il se fera néanmoins remarquer du monde entier en entrant en éruption deux jours plus tard ! Mais nous n'en verrons rien ... Heureusement que Nicolas est là pour nous tenir informés de ce qui se passe à côté de nous car, au Mexique, nous n'avons rien vu et rien entendu à ce sujet.
Je me retrouve sur le parvis de l'église. A l'occasion de la journée de la femme, une manifestation y est organisée pour la défense de la femme dans son foyer et dans la vie. Violences policières et conjugales ont fait périr impunément bien des femmes, indiennes surtout. Il y a beaucoup d'amitié parmi toutes ces femmes qui sont toutes des muchachas.
Avant de quitter la ville, nous retournons au garage Mercédès. Ils ont la pièce de rechange, mais... ce n'est pas la bonne ! C'était trop facile...
Pendant l'après-midi et la soirée de ce dimanche, nous entendons sans arrêt des tirs répétés, en rafales. Je demande à un policier ce qui se passe, et, en riant, si c'est la révolution. Il me répond, riant aussi, que ce sont simplement les gens qui s'amusent avec des pétards, comme ils le font tous les dimanches. C'est donc normal. Est-ce normal aussi que le lundi ... cela continue ?
Nous partons vers Teotihuacan, à 40 km au nord de Mexico que nous contournons. Ce sera le dernier site archéologique que nous visiterons. Et quel site ! Certainement le plus grand et le plus important du Mexique !
Nous nous arrêtons au Trailer Park, un camping pour camping-cars. Les camping-cars américains pourraient vite nous donner des complexes ! Notre Sprinter a des allures de petit nain...
Tôt le matin, nous partons vers le site en taxi. Nous n'étions pas sûrs d'arriver... la voiture ne semblait plus tenir très longtemps. Le soir pour le retour, nous n'étions pas sûrs non plus d'arriver... le chauffeur ne semblait plus tenir très longtemps. La route pavée faisait horriblement vibrer tout ce qui était dans la voiture. Et il y en avait sous le pare-brise ! C'est ainsi que je me retrouvais régulièrement avec la béquille, les boites de médicaments et tout le bric à brac sur les genoux. Le chauffeur, lui, était occupé à récupérer sa clé de contact qui se retrouvait sans cesse par-terre, ce qui ne dérangeait d'ailleurs en rien la marche de la voiture qui continuait à rouler sans clé.
Une longue rue, la Calzada de los Muertos (l'Avenue des Morts), de deux kilomètres de long mènent du palais de Quetzacoatl à la pyramide de la Luna.
De chaque côté se dressent différents monuments, palais des notables et des grands prêtres, monuments administratifs. Et surtout la superbe pyramide du Soleil, 70 mètres de haut, que Klaus aura vaillamment gravi afin de nous ramener de superbes photos (mais aussi pour le plaisir !)
Les fouilles et la restauration du site, toujours en cours, ont commencé il y a 100 ans ! On peut ici se représenter la vie dans la cité, il y a plus de 1000 ans de cela. Les foules impressionnées par la grandeur des pyramides, par la mise en scène des cérémonies suivies des sacrifices humains.
De très beaux fragments de fresques se découvrent dans des habitations ou sur la Calzada de los Muertos comme ce magnifique puma aux griffes peu engageantes !
Quatre heures sont habituellement nécessaires pour visiter ce site immense. Entrés avant 9 heures, nous en ressortons à 17h30. Heureusement que le site fermait pour la nuit, nous y serions peut-être encore !

Le soir, perdus devant un site déjà déserté, fourbus mais heureux, nous attendons, sans trop d'espoir, un éventuel taxi qui pourrait nous ramener chez nous. C'est là que, clopin-clopant, est venu notre sauveur... (voir plus haut)
La peur aussi que cela devait engendrer chez le commun du peuple et même chez les nobles. Le temple de Quetzacoatl en est l'image même. On monte sur une pyramide, puis on redescend de l'autre côté pour se trouver devant un mur où nous attendent de terrifiants dragons !
Nous en avons fini avec les visites archéologiques. C'est un autre Mexique qui nous attend maintenant !
2017 : revenons au Mexique !
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