Mexique
3 avril 2017
Nous quittons Teotihuacan pour rejoindre
San Miguel de Allende, une ville toute en pente, rues étroites, pavées, difficiles
pour circuler. Les parkings sont rares et le centre est vraiment un dédale
de sens uniques où les 4X4 doivent parfois s'y prendre à deux fois pour passer
un carrefour (il est bien connu que les 4X4 ne sont pas les meilleurs véhicules
pour braquer sec. Un Sprinter, c'est beaucoup mieux !).
Sur
la place centrale, on prépare une fête. Deux grands mannequins en carton attirent
irrésistiblement une petite fille de 8 ou 9 mois qui se dirige tout droit vers
le sein qu'elle essaie de saisir ; il faut dire qu'à côté, la maman ne faisait
pas le poids. Belle partie de rigolade ! (Notez le trou dans
la robe, symbole de l'agression sexuelle, ici dans le couple)
La ville est jolie, les églises extrêmement nombreuses. Il y a là beaucoup,
beaucoup de dorures et nous n'en sommes guère étonnés puisque la ville tient
sa richesse des mines d'or qui l'entourent.
On
suggère que quelques églises ont été construites par certains espagnols qui
s'enrichirent honteusement en faisant travailler et mourir les indigènes dans
les mines dans des conditions misérables ... une manière comme une autre de
gagner son paradis.
Il fait chaud et l'ambiance est un peu
trop touristique.
(à droite, vente d'ours en
peluche)
Elle
est encaissée au fond d'un ravin et bordée de falaises ; les rues se prolongent
dans toute une série de tunnels qui permettent de passer d'un endroit à l'autre
(voir à droite). Ce qui est pour nous très
perturbant car la réception GPS se coupe dans le tunnel et nous ne savons jamais
où nous sommes dans ce dédale ! Aux carrefours sont indiquées les rues à rejoindre
mais nous ne savons pas vers lesquelles aller.
Nous
trouvons un parking où nous pourrons passer la nuit. Le marché voisin est très
animé et ici point de touristes. Ce qui nous plaît dans cette ville qui pourrait
être une ville musée, c'est qu'il y a aussi une vie locale à côté du tourisme.
Marchés et boutiques présentent des produits de première nécessité qui n'ont
rien à voir avec le traditionnel artisanat soi-disant « local » que l'on retrouve
identique d'un bout à l'autre du continent américain et qui sont souvent des
petites horreurs !!!
La
ville est restée très typique avec ses ruelles débouchant sur de jolies places.
Cervantes est à l'honneur partout. Pourtant, ainsi que nous l'avons déjà dit,
c'est à Cartagena en Colombie qu'il a écrit en 1590 son célèbre Don Quichotte.
De
nombreux mariachis jouent pour qui le demande (et paie une bricole). Devant
un restaurant, quatre musiciens accompagnent un chanteur. On voit vite que le
chanteur est célèbre (il en a la modestie !) et qu'il se fait accompagner dans
ce récital improvisé et gratuit offert aux passants. Ce qui d'ailleurs ne semble
pas faire l'affaire des mariachis qui, du coup, ne peuvent plus solliciter les
pesos habituels...
En
quittant la ville le lendemain, nous serons beaucoup plus à l'aise dans les
tunnels, n'ayant plus l'effet de surprise qui nous avait déroutés la veille.
Nous
cherchons une plage où nous pourrions nous poser quelque temps. Nous trouvons
au-delà de Manzanillo un trailer park (camping pour camping-car) en bord de
mer. Nous y sommes bien si ce n'est que les vagues sont hautes et qu'on ne peut
pas se baigner ! Le camping est immense et nous ne sommes qu'une vingtaine de
clients. La gardienne me dit que la semaine prochaine qui sera la Semana Santa,
le camping sera plein ! Nous en frémissons rien que d'y penser...
Après trois jours à regarder la mer sans
pouvoir nous y tremper, nous repartons mais... vite, nous nous disons que
nous pourrions essayer la plage voisine qui semble plus abritée.
Nous traversons un petit village puis
arrivons à la plage. Il n'y a là que quelques bâtiments abandonnés et détériorés
(ci-dessous).
C'est un peu la désolation, cette plage.
Mais en fait, nous notons vite un autre type d'activité ... la présence policière
et militaire ! Beaucoup de policiers sérieusement armés comme tous
les policiers mexicains, sillonnent la plage à pied ou en voiture.
Il
y a même un poste de garde pas loin de notre fourgon et une maison où
habitent les policers juste à côté. Il y a aussi des chiens policiers ... Nous
demandons si nous pouvons rester là pour la nuit et on nous répond avec un aimable
sourire qu'il n'y a aucun problème et que nous serons bien gardés car il y a
des policiers sur toute la plage.
Le
soir, le garde de nuit, gilet pare-balle sur le corps et fusil à la main, commence
sa ronde avec son chien. Il a un air un peu féroce (le garde, pas le chien).
Néanmoins je me risque à lui demander pourquoi ces bâtiments sont-ils abandonnés.
Il m'explique, quittant son air féroce et arborant un charmant sourire, qu'il
y a eu de très fortes pluies en novembre et que l'eau arrivant de partout a
causé beaucoup de dégâts.
Et … c'est pour cela qu'il y a tellement
de police ? Non, c'est une autre histoire ! Deux personnes du village louent
des bâtiments de l'Etat et refusent de payer leur loyer. Je regarde la plage
et tous les policiers et je me demande si vraiment il faut tant de forces
de sécurité pour deux personnes qui refusent de payer un loyer ...
Ne serions-nous pas plutôt sur une plage
suspectée d'héberger et de recevoir des trafiquants de drogue ... ? Question
que je ne pose pas.
Quelques
jours plus tard, nous aurons d'un pêcheur une autre version : l'Etat veut construire
sur cette plage un grand complexe touristique et les villageois s'y opposent
car ils perdraient l'accès à la plage et ne pourraient plus faire leur petit
commerce avec les touristes (location de parasols, restauration et boissons,
ballade en bateau, ...).
La
plage est tranquille. Quelques baigneurs se trempent dans l'eau calme, quelques
pêcheurs y trempent leur fil. Soudain une véritable frénésie s'empare de la
plage ! Une nuée de pélicans, de mouettes, de frégates et d'autres oiseaux encore
arrivent et les voici qui plongent tous au même endroit dans un incroyable ballet.
Les pêcheurs courent aussi et jettent leur fil avec une grande nervosité et
tous les baigneurs sur la plage regardent ce spectacle !
Nous
aurons l'occasion de nager à proximité immédiate d'un tel phénomène en nous
baignant le lendemain. Un baigneur nageant avec masque et tuba s'est trouvé,
lui, en plein milieu. Sortant de l'eau, sans avoir vraiment compris ce qui s'était
passé, il était très excité du spectacle que le hasard lui avait présenté
sous l'eau.
Nous
observons les pélicans à l'heure du repas. Ils ont l'habitude de planer
au-dessus des vagues et quand ils ont faim, ils montent plus haut, le bec se
pointe vers l'eau et ayant trouvé leur pitance, ce qui ne dure pas longtemps,
ils plongent en chandelle, tête la première, en repliant leurs ailes. Plotch !
Si l'eau et profonde, ils disparaissent totalement ; si au contraire ils sont
proches du bord, ils ouvrent leurs ailes pour freiner et seul le bec entre dans
l'eau. Plotch tambien !
Nous
aimons les regarder quand ils volent au-dessus de nous, avec leur petit ventre
tout rond et tout blanc, la tête entre les épaules regardant nonchalamment à
droite, puis à gauche, battant doucement de leurs ailes puissantes et partant
pour un rase-motte plané au-dessus de l'eau.
Le
matin ils arrivent en formation d'une dizaine d'individus, parfois plus, à la
queue leu-leu ou déployés en V. Le soir, ils repartent dans l'autre sens. Leur
vol est calme, reposant pour le regard ( peut-être moins pour leurs ailes).
Les américains les appellent « Mexican Air Force » et c'est vrai que cela leur
va bien. J'espère cependant que les mexicains ont aussi une autre Air Force...
Nous
sommes prêts pour quitter notre plage. Un pêcheur vient nous parler. Il a pris
ce matin un très gros poisson à la ligne et en est très fier (5kg au moins !)
! Il nous dit que dans la baie, il y a des dauphins. Depuis trois jours que
nous sommes là, nous ne les avions pas vus. Pas cherchés non plus. Pourtant,
peu de temps après, nous en voyons quatre qui sautent gracieusement au-dessus
de l'eau et s'approchent de nous. Quel cadeau au moment du départ !
Il
faut maintenant nous dépêcher car nous voulons prendre le ferry pour la Basse-Californie
avant le grand rush de la Semana Santa. Il nous reste quatre jours et 1000km
à parcourir pour arriver à Los Mochis, le lieu d'embarquement.
Je vois la tête de Klaus
fumer à force de chercher la solution depuis des semaines...
Et bien sûr, il va la
trouver !
Arrêtés
dans un trailer-park pour la nuit, nous n'irons même pas voir la mer pourtant
si proche. Klaus va « souder » deux adaptateurs à l'aide d'une résine, obtenant
ainsi une pièce qui, si la « soudure » tient le coup, devrait nous permettre
de remplir notre bouteille. Expérimenté dés le lendemain après un bon séchage,
le remplissage de notre bouteille est devenu d'une simplicité enfantine ! Notre
soulagement est immense ! Nous ne mourrons pas de faim !
Plus
de temps à perdre maintenant. Nous arriverons à Los Mochis avec même
un peu d'avance et pourrons prendre le ferry pour La Paz le jour même. La Basse
Californie, c'est pour demain !
Puis nous visiterons
le site des papillons Monarque (voir article précédent).
Nous ne nous attardons pas et nous dirigeons
vers la ville voisine, Guanajuato. Là aussi les mines d'or ont fait la richesse
de la ville.
Cette ville est tout à fait étonnante
et bien difficile à décrire ...
Un
immense banc de poissons passe et nous les voyons qui sautent transformant la
surface en un véritable bouillon ! Cela va durer cinq bonnes minutes où les
oiseaux vont continuer d'arriver sur place. Puis, le calme revient, l'eau ne
frémit plus, les oiseaux s'envolent pour aller plus loin.
Nous
rejoignons le Pacifique à Lazaro Cardenas, ville industrielle dont la moitié
de la surface est occupée, en bord de mer, par l'usine d'Arcelor Mittal. Une
de nos bouteilles de gaz est vide et il ne reste plus grand chose dans la deuxième.
Nous essayons depuis longtemps de la faire remplir mais la collection d'adaptateurs
que possède Klaus ne comprend celui qu'il nous faudrait au Mexique. Nous passons
d'un magasin à l'autre pour essayer de trouver la pièce mais nous avons toujours
une réponse négative.
Nous
perdons un après-midi à Puerto Vallarta à traverser la ville d'un coin à l'autre
puis revenir au même endroit et ainsi de suite. Ateliers de soudure, magasins
d'accessoires de gaz, … tout cela afin de trouver une solution pour remplir
notre bouteille de gaz qui se fait de plus en plus légère ! Et pour rien !