Mexique

28 Février 2017

Tôt le matin, nous avons quitté Yaxha, le site et le lac. Nous avons une grande journée devant nous. Le soir, nous serons au Mexique après avoir traversé le Belize. Deux frontières dans la journée, il s'agit de ne pas perdre de temps.

Afin de nous faire encore un peu enrager, le Guatemala nous taxera de 50 Quetzals pour la traversée du petit pont qui fait la frontière.

On ne voit que quelques touristes allant embarquer sur les lanchas (petits bateaux) pour faire une balade sur la lagune. Repos, baignades, seuls dans l'eau, nous passons deux jours très agréables et tranquilles.
Pour l'entrée au Belize, nous devons nous acquitter d'un permis de circuler, d'une assurance pour un jour, d'une taxe pour la pichenette de désinfection du véhicule (trois gouttes au plus) et 34$ pour la sortie du pays, une demi-journée plus tard. Du Belize, nous ne gardons guère de souvenirs sinon que sa population est noire essentiellement, et que des policiers sont venus nous demander ce que nous faisions quand je cuisinais, nous conseillant de partir le plus vite possible (après manger quand même) car ce pouvait être dangereux. Eux-mêmes n'avaient d'ailleurs pas des têtes très rassurantes.
A l'entrée au Mexique, il faudra encore payer 27$ pour chaque personne, plus une caution de 400$ pour le véhicule que nous devrions récupérer à la sortie. Durant la traversée de l'Amérique Centrale, nous aurons laissé un total de 230 dollars aux différentes frontières (+ 80 dollars d'assurance).
Jamais au cours de nos voyages en Europe, Asie, Afrique ou Amérique du Sud, nous n'avons eu quelque chose à payer aux frontières, excepté en Arménie. Cette impression de subir un racket organisé nous fait quitter sans regret cette région du monde. Nous sommes enfin au Mexique, exactement un mois après être arrivés au Panama ; notre but est enfin atteint et le voyage va pouvoir reprendre son cours normal...
Notre première étape mexicaine sera Bacalar, une petite ville qui s'étend le long d'une lagune aux eaux turquoises très transparentes. Pas très loin d'un grand centre aquatique bondé, type Wapiti, nous trouvons un petit camping où nous sommes seuls, au bord de l'eau.

Nous quittons Bacalar et traversons en diagonale le Yucatan pour nous rendre à Uxmal, notre premier site maya au Mexique. Nous découvrons un autre style de cités, plus grandes et plus décorées que celles du Guatemala. Dés l'entrée, nous sommes impressionnés par l'imposante pyramide, temple au sommet duquel se trouve la salle des sacrifices. Nous imaginons les futurs sacrifiés montant le raide escalier qui les mènera à la mort, et toute la population spectatrice de ces sacrifices qui doivent calmer la colère des dieux.
Le vaste Gran Palacio, décoré de sculptures murales surplombe la Gran plaza et le jeu de pelotes.

 

Nous découvrons une véritable colonie d'iguanes ayant élu domicile dans les murs et les tas de pierres .
Nous visiterons trois autres sites plus petits, ayant chacun un attrait particulier. La façade du palais de Kabah est couverte de masques de Chaak, le dieu de la pluie.

L'immense palais de Sayil de trois étages, dont la façade mesure 83 m de long pouvait loger jusqu'à 350 personnes !
Quand à l'arche de Labna, elle est de toute beauté. Ces petits sites ont l'avantage d'être peu visités, ce qui leur donne un caractère plus mystérieux. Leur parking est accueillant soit pour la nuit, soit pour un repos dans la journée, repos bien nécessaire vu la chaleur sur les sites.
Nous rejoignons la côte nord, à Campeche, dans le Golfe du Mexique (Atlantique). C'est une ville bien sympathique, avec un centre historique, dont on a vite fait le tour,
des fontaines musicales assez primitives mais bien amusantes tout de même et surtout un bord de mer très agréable. (ci-dessous, plaque d'immatriculation)

Nous visiterons le fort à l'extérieur de la ville, mais plus que ses canons, ce sera le musée qui nous captivera. Là sont présentées de superbes pièces venant du site de Calakmul comme ce magnifique masque mortuaire couvert de morceaux de jade et de coquillages.
Puis nous arrivons à Palenque, le plus connu des sites mayas au Mexique.
Nous nous arrêtons au camping Maybell, tout près du site maya. C'est un endroit délicieux où déjà un véhicule canadien est stationné. Nous aurons l'occasion de faire plus tard la connaissance de Diane et Yvan, deux québécois à l'accent charmant.
Nous passerons trois nuits dans ce camping situé au milieu de la forêt. Des cabanes individuelles sont les chambres de l'hôtel dont certaines sont directement au bord de la piscine. Les singes hurleurs se font entendre de temps en temps et on peut même en apercevoir parfois qui s'approchent tout près.

Le site de Palenque est sans doute le plus visité du Yucatan. Pas question d'intimité ici, même en arrivant à l'ouverture ; mais les gens sont tranquilles, on ne crie pas (même pas les français !) et les guides sont assez discrets.
Nous pénétrons dans les souterrains de l'immense palais au moment où le garde est en train d'allumer les lumières ; nous allons de salle en salle sur ses pas. Ce palais dont la construction s'échelonne sur 400 ans est immense et abrite 600 salles !
La pyramide de la Cruz (ci-dessous à gauche) permet une magnifique vue sur l'ensemble du site et sur la canopée, ce qui nous permet de voir dans les arbres quelques singes hurleurs occupés à manger des petites baies ... en silence.
Deux autres pyramides se dressent près du palais. La première abrite la sépulture du plus grand roi de Palenque, Pakar, qui vécut jusqu'à 80 ans ! La seconde, plus modeste, est celle de son épouse. Là furent trouvés, comme dans la tombe de Pakar, une multitude d'objets et de bijoux.
La tombe du Seigneur Pakar fut une formidable découverte par l'avancée qu'elle a apportée de la connaissance de la culture maya. En effet, la pierre tombale du sarcophage est recouverte de glyphes racontant l'histoire de la ville et de ses rois. Une reproduction de cette tombe est visible au musée du site. Elle est réellement impressionnante !
Nous quittons le camping, ce petit coin de paradis, après une dernière baignade dans la piscine et partons pour Tonina, encore un site maya. Un autre couple québécois, nos autres voisins au camping, sont venus par cette route et ont parlé d'un barrage fait par de jeunes muchachos mayas qui demandent de l'argent. Le guide Lonely Planet parle aussi de vols et d'attaques sur cette route.
Déjà de mauvaise humeur après nous être fait arnaqués à la station-service à Palenque (le pompiste s'éloigne de quelques pas avec nos billets et revient en nous disant que nous ne lui avons pas donné le compte du paiement). Arnaque classique aux stations-service au Mexique et nous nous sommes faits avoir comme des bleus ! Cela nous servira de leçon et nous sommes désormais sur nos gardes. Mais cela accentue un peu l'angoisse que nous avons à aller sur cette route, la Ruta Maya, la seule possible pour rejoindre San Cristobal de Las Casas.
Cette route est très pénible. De nombreux ralentisseurs (topes en mexicain) jalonnent ce chemin, obligeant à une vigilance extrême d'une part parce qu'ils sont violents, d'autre part parce qu'ils ne sont pas toujours visibles de loin et situés à n'importe quel endroit. Certains en auraient dénombrés 420 sur les 200 km !
A l'entrée de quelques villages, des femmes tendent une corde en travers de la route pour demander de l'argent ou vendre des bananes. Puis arrive, peu après le carrefour pour Agua Azul, le fameux barrage. Des planches hérissées de clous et des rondins de bois barrent la route. On nous donne un papier photocopié où il est question d'une personne malade, de police et je ne sais plus quoi. On nous demande 200 pesos (10 €) pour « aider » aux soins. Si l'on compte que le Lonely Planet en parle déjà en 2010, on comprend que personne n'est pressé de voir le malade guérir...
Nous refusons de payer et attendons devant le passage fermé. Au bout d'un quart d'heure pendant lequel nous gênons la circulation locale (qui ne paie pas), on vient nous proposer 100 pesos. Je refuse et propose un maximum de 50 pesos (2,50 €) qui seront vite acceptés. Notre humeur ne s'arrange pas et les ralentisseurs seront encore plus pénibles. Au bout de trois heures de route pour 120 km, nous arrivons à Tonina.

Ne pouvant dormir sur le parking du site, nous allons sur le camping à côté, une ferme familiale avec des gens charmants. Un peu avant le coucher du soleil, un enfant court vers nous et nous montre le ciel en criant « Golondrinas ! Golondrinas ! » Quel spectacle ! Haut dans le ciel se passe un incroyable ballet d'une nuée de … de quoi ? Des oiseaux ? Des sauterelles ? Des milliers d'individus avancent vers nous dans un nuage inquiétant, le nuage tourbillonne puis soudain une spirale semble les aspirer vers le sol en un ruban interminable. Nous sommes fascinés ! Cela n'aura duré que quelques minutes. Nous voyons que toute la famille du camping est aussi dehors à les regarder. De retour dans le fourgon je saute sur mon dictionnaire et vois que les golondrinas sont en fait ... des hirondelles ! Chez nous, nous les voyons se regrouper à l'automne avant le grand départ et elles nous semblent déjà nombreuses sur les fils électriques mais on ne peut pas imaginer combien elles seront pour faire le grand voyage !

(Pas de photos, ni de films, on n'a pas eu le temps. Quel dommage !)

Ciel tourmenté...

Le lendemain, nous visitons le site de Tonina. Les guides et gardiens le présentent comme beaucoup plus grand que Palenque, mais se plaignent que les touristes aillent surtout là-bas. Pour notre plus grand plaisir d'ailleurs !

Le lendemain, nous arrivons sur le site archéologique peu avant l'ouverture, à 8 heures. Les singes hurleurs perchés sur les arbres juste au-dessus du guichet font un vacarme assourdissant ! On ne s'entend plus crier ! Et cela va durer plus d'une demie-heure avant qu'ils s'éloignent un peu.

L'entrée se fait par la Gran Plaza où le jeu de pelotas côtoie l'autel des décapitations. Sur les côtés du jeu de pelotas des statues représentent des prisonniers attachés dans le dos, sans doute les futurs perdants, voir même peut-être les gagnants...
Une tortilleria fabrique à la machine les tortillas pour le marché, les habitants et certains restaurants. Nous voyons les piles de tortillas (petites galettes servant de pain et servis à chaque repas) sortir de la machine et partir dans de grands sacs. La machine les débite à une vitesse phénoménale et ils sont vendus aussi vite pour un prix très modique : 1kg pour 60 cents et cela représente une superbe pile de tortillas !!!

Le site est magnifique. Nous passons la matinée à grimper d'une terrasse à l'autre sur l'immense pyramide de 80 m de haut érigée en 8 niveaux où nous découvrons des temples, des habitations, des autels de sacrifice, ainsi que des stèles, gravures et fresques.

Le dernier niveau est consacré à l'acropole d'où les gouvernants avaient une vue globale sur l'ensemble du site.
Par contre, le très grand marché local très animé est exclusivement dédié aux besoins des locaux. Peu d'artisanat mais beaucoup de produits de consommation tels que chaussures, fruits et légumes, tissus pour tout usage, vêtements traditionnels, tisanes de recette maya,...

"Si cela te fait mal aux dents, je te recommande Sensodyne"

Nous ne verrons pas plus de dix personnes durant cette matinée ce qui laisse au site toute sa magie... De retour vers le fourgon à midi passé, nous croisons nos deux québécois, Diane et Yvan qui arrivent pour la visite. En pleine chaleur. Nous les retrouverons encore au camping de San Cristobal le soir même.
Reprenant notre route aux ralentisseurs, nous finissons par arriver laborieusement le soir à San Cristobal de las Casa, jolie ville coloniale, touristique et vivante, surtout en ce dimanche.
Tonina est le dixième et le dernier site maya que nous avons visité. Mais si le territoire maya au Mexique se limite à la Péninsule du Yucatan, il y a bien d'autres civilisations et donc d'autres sites au Mexique. C'est ce que nous allons découvrir dans les semaines à venir.
Nous ne détaillerons pas les nombreuses églises présentes comme dans toute ville coloniale, plus jolies les unes que les autres. Sur les grandes places les touristes sont comme toujours très sollicités.
Au camping, nous faisons la connaissance d'une sympathique famille allemande, Marco, Evelyn et Emma (deux ans). Le dernier soir, avec eux et Yvan et Diane, nos deux québécois retrouvés, nous partagerons la Pizza de l'Adieu tout en échangeant de bons plans pour la suite du voyage. (ci-contre, tous les trois sur la petite voiture d'Emma !)
Sur le parking du supermarché où nous faisons le plein de provisions, nous rencontrons un camping-car brésilien, Sprinter comme le nôtre (un peu plus long...). Partis du Brésil, la petite famille va d'abord au canada, puis peut-être en Europe où nous la reverrions donc, et qui sait si elle ne poussera pas jusqu'en Asie ... Nous avons bien des choses à nous raconter !

Le matin à San Cristobal, à 2200m d'altitude, nous avions 4°. A midi, il faisait 24°. Nous descendons vers la mer et une heure plus tard, il fait ... 32° !

En route pour le Pacifique et ses plages !

<==précédent suivant==>