Mexique
La civilisation maya et les autres
...
Les mayas pensaient que l'univers appartenait
aux dieux et que ceux-ci avaient eu la gentillesse d'octroyer aux hommes une
petite partie de cet univers. A tout moment, les dieux pouvaient retirer cette
terre aux hommes, il s'agissait donc de ne pas les mécontenter. Il fallait
continuellement leur plaire en leur offrant cérémonies et sacrifices humains.
L'autosacrifice était particulièrement
apprécié des dieux et consistait en don de son sang, auto mutilation (doigt,
pied, bras...) jusqu'au don de son propre cœur (seulement une fois...).
Les femmes de la haute société pratiquaient
aussi ces rites. Un bas-relief à Yaxchilan montre Dame Xok se transperçant
la langue avec une corde garnie d'épines, face à son époux.
On
sacrifiait aussi des jeunes vierges, des esclaves. Les personnes ayant des malformations
(absence d'un pied, d'un doigt,...) étaient considérées comme des demi-dieux
et leur sacrifice était très apprécié des dieux à qui on devait le meilleur !
L'univers
était divisé en trois mondes : le ciel, la terre et l'inframonde. Dans le ciel
résident les astres-dieux, le soleil et la lune.
Cet
espace céleste est représenté sous les traits d'un dragon emplumé, mélange de
serpent à sonnette (anneaux sur la queue à gauche),
quetzal (l'oiseau sacré), lézard et cerf. C'est le dragon céleste, dieu suprême
de la religion maya, qui symbolise l'énergie fécondatrice du cosmos.
La
terre est représentée comme un crocodile, qui flotte sur les eaux de l'inframonde
et sur le dos duquel pousse la végétation. Deux divinités principales sont liées
à ce monde, le dieu E, homme jeune dont la tête est étirée en forme d'épi de
maïs (la nourriture) et Chaahk, divinité aquatique (la pluie)(à droite,
motifs répétés des masques de Chaahk).
Le
monde souterrain, habité par les dieux de la mort représentés
par les araignées, les scorpions, les rongeurs, les papillons de nuit et les
hiboux . (Dieu de la mort en rongeur tenant une tête
décapitée. Tonina)
Ces
trois mondes sont symbolisés par l'arbre sacré, le ceiba (le fromager), présent
sur chaque site maya. Ses branches représentent le monde céleste, son tronc
le monde terrestre et ses racines le monde souterrain.
Les mayas croyaient que l'homme a été créé à partir de pâte de maïs. Le maïs
est donc considéré comme sacré puisque source de la vie ; c'est également l'aliment
de base, encore de nos jours. A Palenque, le fils de Pakar est le Roi Maïs.
On a donné à son crâne la forme d'un épis de maïs qui se continue en coiffures
diverses pour imiter la plante.
Le
jeu de pelotes est très populaire et se joue quotidiennement ou lors de célébrations
religieuses. Là, le mouvement de la pelote représentant la trajectoire
des astres sacrés, Soleil, Lune et Vénus, sera interprétée par les grands prêtres.
Le gagnant sera béni des Dieux. Le jeu de pelotes n'est pas simplement un jeu.
Il est avant tout très symbolique ; il représente la lutte entre clarté et obscurité,
entre le monde céleste et le monde souterrain, entre le bien et le mal.
Les
règles du jeu sont complexes et varient d'une ville à l'autre et d'une époque
à l'autre. Quelques points restent communs cependant. La pelote est une balle
à peine plus grosse qu'une balle de tennis, en caoutchouc, pleine et donc très
lourde. Il y a deux équipes de trois ou quatre membres chacune. On ne peut toucher
la balle qu'avec les genoux, les cuisses et les coudes. Dans certaines villes,
les joueurs étaient équipées de protection pour amortir le choc de la balle.
Le
but est de se renvoyer la balle sans qu'elle ne touche le sol ; on peut la faire
rebondir sur les parois inclinées ou verticales du jeu, et le top, c'est de
faire passer la balle dans l'anneau situé sur le côté. Certains anneaux en pierre
sont encore présents mais la plupart, faits de bois, ont disparu. La remise
de médailles est un peu spéciale et digne du monde maya... Le capitaine de l'équipe
vaincue est offert en sacrifice, c'est à dire décapité, parfois par le capitaine
de l'équipe gagnante.
A
Yaxha, la mise en scène était particulière : la décapitation se faisait
tout en haut d'une pyramide et la tête roulait jusqu'au terrain de jeu de pelotes.
Avis aux amateurs ! Parfois, les vainqueurs aussi sont sacrifiés... Nous nous
sommes longtemps demandé qui étaient ces joueurs car enfin, il semble ridicule
de sacrifier ainsi ses meilleurs guerriers. La réponse est toute simple, les
joueurs sont certes des guerriers, mais des prisonniers !
Les villes mayas existaient déjà bien
avant notre ère. Leur développement commença vers le IIème siècle puis s'intensifia
jusqu'au VIIIè siècle, période à laquelle la plupart des cités mayas furent
à leur apogée. Tandis que les villes s'étendent, la population augmente de
façon significative. Les paysans doivent travailler la terre pour les nobles
gouvernants.
Vers le IXè siècle, la plupart des villes
mayas furent abandonnées. La cause n'en est pas encore trouvée. Certains avancent
l'idée de périodes de sécheresse successives et la surpopulation.
Les conséquences en sont d'inévitables famines, qui auraient décimé une partie
de la population et poussé l'autre partie à quitter le pays . Une autre conséquence
de la famine serait une rébellion du peuple ou des esclaves envers la classe
dirigeante.
Ce
sont les mayas de ces cités que les espagnols vont découvrir. Comme toujours,
ils profiteront des rivalités existant entre les différents groupes pour
s'allier à certains afin de lutter contre les autres avant de se retourner contre
leurs anciens alliés.
Vous
ne manquerez pas de vous demander si toute l'histoire des mayas n'est pas une
légende inventée par quelques esprits particulièrement imaginatifs ? Et bien
non ! Les mayas ont écrit eux-mêmes leur histoire. De nombreuses stèles ont
l'histoire de leur personnage gravée en hiéroglyphes (les
caractères sont ces petits carrés avec un dessin).
Partout
on trouve ces glyphes apportant des détails, des dates, des récits. La grande
difficulté fut de déchiffrer cette écriture. Les archéologues n'ont pas encore
tout déchiffré mais en savent suffisamment pour comprendre l'histoire.
Le
plus grand récit fut trouvé sur la tombe du roi Pakal à Palenque, au Mexique.
La totalité de la dalle funéraire est recouverte de glyphes racontant l'histoire
de la ville, de ses souverains et des mayas.
Teotihuacan
Une autre civilisation du Mexique, sans
aucun doute la plus importante et pourtant méconnue en Europe, est Teotihuacan.
La cité est situé à 40km au nord-est de Mexico, à 2200 m d'altitude, dans
un bassin alimenté par trois rivières (souvent à sec de nos jours).
Cette situation exceptionnelle fut à l'origine du développement de la ville ;
les forêts abritaient une faune variée et nombreuse, les poissons abondaient
et les cultures se développaient grâce à cette eau généreuse.
Ce
fragment de peinture murale (le Paradis de Thaloc) est une représentation idéalisée
de l'environnement naturel de Teotihuacan (parcelles cultivées de maïs et haricots,
rivières poissonneuses).
Entre
800 et 100 avant JC, des petits villages étaient disséminés sur les coteaux
; la ville de Teotihuacan nouvellement construite regroupera déjà 30 000 habitants
en 150 après JC. Ce sera alors la plus vaste métropole de Méso-Amérique et la
période durant laquelle commencèrent les grands travaux de construction des
principaux monuments de la ville. La ville ne cessera alors de s'agrandir et
sa population de croître. En 450 elle est de 65 000 habitants pour atteindre
70 000 en 650.
Cette
surpopulation urbaine a déséquilibré l'économie et le système politico-administratif
tandis que les moyens de subsistance se faisaient insuffisants. De nouveaux
immigrants des provinces tentant d'échapper à la sécheresse sévissant depuis
déjà des décennies ne cessaient d'arriver en ville.
La
ville a été mise à sac et incendiée dans les années 700 et sa population n'était
plus que de 5 000 habitants en 750. Il n'y a aucune explication définitive pour
cela ; comme pour les autres cités à la même époque,
le peuple affamé s'est peut-être révolté ? la ville a été abandonnée par insuffisance
de moyens de subsistance ? révolte des esclaves et des peuples asservis ?
La
ville n'a cependant jamais été abandonnée totalement. Ce fut un lieu de pèlerinage
et sa splendeur a été une source d'inspiration pour la construction de la grande
capitale aztèque, Tenochitlan, construite dans l'actuelle Mexico. L'influence
de Teotihuacan est évidente dans toute la Méso-Amérique et on en remarque la
trace tant dans les objets retrouvés jusqu'à Copan au Honduras, que dans
certaines constructions comme le temple du Jaguar à Tikal.
Curieusement,
on connaît en Europe surtout les Incas en Amérique du Sud et les Aztèques au
Mexique. Plusieurs points sont communs à ces deux civilisations, le premier
étant bien sûr que ce sont les peuples indigènes que les espagnols ont rencontrés.
Pourtant Incas comme Aztèques n'ont régné que très peu de temps, 150 ans pour
les Incas et deux siècles pour les Aztèques. Teotihuacan, Monte Alban et autres
au Mexique, les Moche, Chimu et Chavin au Pérou, qui ont régné pendant un millénaire
ou plus, sont ignorés de la plupart en Europe.
Une
différence importante existe cependant entre Aztèques et Incas. Les Aztèques
connaissaient l'écriture, le papier, les livres. Les Incas ne connaissaient
pas l'écriture proprement dite. Ils communiquaient entre eux par des colliers
à nœuds que seuls les grands prêtres initiés pouvaient interpréter. Les porteurs
ignoraient totalement le message qu'ils portaient.
Donc
si les Mayas et leurs contemporains, puis les Aztèques, nous ont transmis leur
histoire, nous ne savons rien des Incas et des autres civilisations précolombiennes
au Pérou. Les déductions et l'imagination des archéologues et surtout des guides
suppléent largement à cette ignorance en avançant de nombreuses théories qu'ils
voudraient être les seules vraies.
L'abandon
de ces cités est très rapide. Certaines vont un peu se repeupler quelques siècles
plus tard mais jamais elles ne retrouveront la grandeur des cités passées.
Les
déformations de crâne étaient pratiquées chez les mayas comme dans bien d'autres
civilisations. Le but était d'orienter le crâne vers une forme donnée . On pouvait
aplatir le crâne vers l'arrière et accentuer ainsi la bosse occipitale
ou au contraire l'aplatir vers le haut. On appliquait deux plaquettes de bois
reliées par un fil, de part et d'autre du crâne. Cela se faisait entre un à
six mois de la vie du nourrisson.
Pour réaliser
cet article, je me suis inspirée principalement des explications données
sur les sites archéologiques et dans les musées, ainsi que des
documents trouvés dans les librairies des sites.