Géorgie
10 septembre 2014
Le 4 septembre 2014, nous entrons en Géorgie après un passage de frontière difficile. D'interminables files de voitures attendent pour sortir de Géorgie, mais cela n'est plus notre problème puisque nous sommes entrés dans le pays.

Si vous ne connaissez rien de la Géorgie, nous vous conseillons de lire au préalable l'article Généralités dans le menu Géorgie.

Nous arrivons à Kazbegi, une toute petite ville qui est un des endroits de Géorgie les plus visités par les touristes, géorgiens ou étrangers. Un petit monastère perché sur une montagne, 500 m plus haut, a pour toile de fond le mont Kazbek, le 4ème sommet du Caucase avec ses 5047 m d'altitude.
Une pluie intermittente et des nuages rapides nous empêchent de voir la montagne entière ce soir-là. Nous la situons seulement par l'apparition d'un bout de glacier de temps en temps. La petite silhouette du monastère se dessine sur la brume en arrière-fond (à gauche sur la photo).
Un grand glissement de terrain sur la route où travaillent de nombreuses machines, petites fourmis devant cet immense mur à déblayer, sera l'explication de ce gigantesque désordre à la frontière .
La nuit, il pleut, le lendemain tout est couvert. Mais nous voyons quand même un court moment, au petit matin, le sommet dégagé avant que les nuages ne s'ensevelissent totalement. Il pleut encore, alors nous nous réfugions sur un parking d'un petit village et vaquons à nos activités habituelles (photos, films, préparation du site alfya (pour vous servir)). Le paysage est charmant et nous découvrons de jolis petits villages perchés dans la montagne.
Le lendemain, le soleil matinal nous encourage à partir vers le monastère. Nous tombons bien, c'est le jour du Marathon Annuel International en Géorgie ! Évidemment ils vont au monastère ... Heureusement nous nous sommes levés tôt et la petite Lada Niva qui nous emmène là-haut sera dans les premières en haut. Nous visitons tranquillement le monastère avant une arrivée massive de touristes.

Le site est superbe ! Nous sommes surpris par le monastère qui est en fait assez petit, et seul un pope le garde pour la journée. Le Mont Kazbek ne se montrera pas en entier mais sera tout de même impressionnant. En redescendant, notre Lada croisera les premiers marathoniens qui se lancent à l'assaut de la montagne.

Bien entendu, nous ne vous montrons que les photos où le sommet est dégagé...

Nous ne tardons pas à continuer notre route, visitant au passage le joli monastère de Ananuri.
Nous partons directement vers Gori, la ville natale de Staline, pour visiter le musée qui lui est consacré. Staline y est ici montré en idole ; on trouve des bustes et photos de lui de quel côté que l'on se tourne, et même plusieurs tapis de soie d'Azerbaïdjan le représentant. Des photos, il y en a à plus savoir où regarder. Toutes les légendes ne sont pas en anglais, certes, mais il n'est pas difficile de voir que Staline est assurément un bienfaiteur ! Lorsque j'ai timidement fait remarqué à une gardienne que l'on ne parlait ni de goulags, ni de déportation, elle m'a tout de suite assurée que si ! Et m'a menée devant des photos où son héros serre les mains des métallurgistes. Apparemment son peu d'anglais ne lui a pas permis de comprendre ma question...
Nous avons vu aussi la toute petite maison où les parents de Staline ont vécu jusqu'à ce que leur enfant atteigne l'âge de 4 ans. On a rasé tout le quartier pour construire le musée, en ne laissant que la maison du héros. En moi-même je me disais qu'elle était au moins trois fois plus grande que notre fourgon. La plupart des maisons en Russie ne sont guère plus grande d'ailleurs, sans doute pour mieux les chauffer lors des grands froids.
La petite histoire de la naissance de Staline vaut la peine qu'on s'y attarde. Sa mère avait perdu deux enfants dans les premiers mois de leur vie. Elle a fait vœu de consacrer à Dieu son fils s'il vivait. Et c'est ainsi que Joseph est allé au séminaire. Les photos de cette époque sont remarquables ! A côté des visages si bienveillants des professeurs se trouve celle de cet adolescent au regard pervers, les yeux à demi fermés ; cela faisait froid dans le dos et pourtant il n'avait guère que 15 ans ... La mère du séminariste ne s'était pas douté de ce que deviendrait ce fils tant attendu ! Mais elle a vécu assez longtemps pour le voir... et apprécier sans doute. La visite se termine sur le wagon où Staline avait coutume de voyager à travers la Russie.
Un peu dépités par cette visite montrant ce tortionnaire en bienfaiteur, nous quittons Gori pour la ville troglodyte de Uplistsikhe. Nous l’apercevons de loin ce qui nous permet d'avoir une vue d'ensemble de cet énorme rocher creusé de toutes parts. Le site est bien aménagé et quasi désert car nous arrivons pile à l'ouverture. La cité date de 1000 ans avant JC et a été développée plusieurs fois entre le 6è siècle avant JC et le 1è après JC. Elle est habitée jusqu'en 1240, date à laquelle les mongols l'ont détruite.
Il fait beau et chaud. Nous allons crapahuter sur le rocher, allant d'une caverne à l'autre, pendant plus de deux heures. Nous essayons de nous représenter ce que pouvait être la vie dans cette ville forteresse peuplée de 40 000 personnes dont la superficie était double de celle visible aujourd'hui. Les constructions les plus anciennes sont celles qui ont le mieux résisté au temps.
Cela s'explique par le fait que plus on avance dans le temps, plus l'homme a cherché à construire grand, haut et spacieux. Murs et piliers n'avaient plus l'épaisseur nécessaire et les constructions, en particulier la plus grande église, se sont effondrées avec le temps.
La vue aussi est magnifique et s'étend sur des km à la ronde. On comprend que cette ville forteresse ait été imprenable (sauf par les mongols ! toujours eux...)

A 30 km de la capitale Tbilisi, Mtskheta est la plus religieuse des villes géorgiennes. Trois églises se partagent cette renommée et l'on vient se marier ici et surtout prendre des photos. Du parking jusqu'à la première église, quelques centaines de mètres, nous ne rencontrerons pas moins de dix mariages ! Le lieu est très touristique, les boutiques de souvenirs, de glaces et boissons et les restaurants se partagent les lieux.

(ci-dessous, une "voiture des mariés" très en vogue)

L'église est très belle, mais le serait plus encore sans tous ces groupes de touristes qui vous bousculent sans aucun égard pour prendre leurs photos et les guides qui clament leur discours. Le top sera, dans le fond de l'église, la bénédiction d'un jeune couple par un honorable pope, imperturbable sous les flashs des caméras et appareils photos des touristes avides de belles images, sans aucun respect pour cette cérémonie qui se serait voulue intime.
Une des églises est perchée tout en haut d'une colline. Nous la voyons du bas superbement éclairée la nuit, et décidons de passer là-haut notre prochaine nuit, dans un calme total assuré puisque l'église ferme à 18h. Nous visitons ce petit joyau où ne sont plus que quelques visiteurs, puis nous installons pour la nuit.
Nous avions oublié que les jeunes géorgiens sont des conducteurs « sportifs » dont un des grands plaisirs est de faire des démarrages endiablés pour s'arrêter quelques dizaines de mètres plus tard, ou encore de faire crier les pneus en laissant sur le sol de jolis dessins noirs... Alors évidemment, la route sinueuse pour monter au monastère est pour eux un magnifique terrain de jeux !
De notre retraite là-haut, nous entendons les premières voitures, en général des mercédès, (en Géorgie, une voiture sur trois est une mercedes, ou une BMW, et pas de vieux modèles...) conduites par de très jeunes hommes, emmenant quelques jeunes filles sans doute fascinées par les bons conducteurs. Et ce cortège n'arrête pas. A côté de nous, des jeunes stationnent et boivent une bière, la sono de la voiture à fond. Las des vrombissements et crissements de pneus, des discos au rythme endiablé, nous redescendons de notre faux paradis vers la ville pour retrouver le parking des bus de touristes qui nous paraît finalement bien plus calme que la veille. La Mongolie, avec ses nuits dans un silence total, laisse des traces...
Au petit matin, nous revenons visiter l'église. Nous sommes lundi, il n'y a plus de mariages, pas encore beaucoup de touristes. Nous profitons alors pleinement de notre visite.
Puis nous partons pour Tbilisi, la capitale de la Géorgie, à 30 km de là seulement. Notre premier souci sera de trouver une des blanchisserie signalées dans le guide. Depuis Ulan-Batoor, deux mois et demi plus tôt, nous n'avons pas fait une vraie lessive. Nous y déposons un peu plus de 10 kg de linge crasseux et poussiéreux, souvenir de Mongolie. Une cliente parle anglais et je lui demande d'expliquer à la blanchisseuse pourquoi notre linge est si sale car j'avoue avoir un peu honte dans cette boutique reluisante... Nous retrouverons notre linge le soir même, propre et doux. Celui qui a toujours eu du linge propre à sa disposition ne peut imaginer notre bonheur !

Ci-dessus, des confiseries géorgiennes, faite à partir de noix et de jus de raisin. En forme de petites saucisses, elles sont en vente partout pour trois fois rien.

Ci-dessous, un hors d'oeuvre géorgien : bettraves, épinards, choux et aubergines, le tout cuisiné avec une pâte aux noix. Un délice !

Quand je fais la lessive, c'est avec des quantités d'eau réduites, dans de petites bassines. Le lavage est médiocre, le rinçage insuffisant et le linge reste sale et rèche. En Amérique du sud, le problème était différent ; on trouvait partout des laveries, mais le linge étant toujours lavé à froid , au bout de 15 mois il restait sale même après lavage. Ah ! le bonheur à la maison de faire passer du linge sale de la machine à laver au sèche linge puis sous le fer à repasser... depuis 6 mois, nos vêtements n'ont plus vu de fer à repasser.
Cette petite formalité étant remplie, nous partons visiter le centre historique de Tbilisi, rue piétonne classique où s'alignent quantité de restaurants entrecoupés de boutiques de souvenirs avec par-ci par-là une église à visiter.
Nous changeons de décor et allons vers le côté plus moderne de la ville en passant un pont psychédélique enjambant une jolie rivière bordée de vieilles maisons en bois pour arriver dans un agréable jardin.

Un bâtiment bizarre, pas encore achevé, se vautre là... Un jeu d'échec géant, provisoirement désert, nous donne l'occasion de déplacer quelques pions. Et le soir, après avoir récupéré notre linge propre, nous retournons pour la troisième nuit sur notre parking de Mtskheta que finalement nous apprécions bien. (Arrivez-vous à prononcer ce nom de ville ? Nous n'avons jamais réussi...).

Le lendemain, nous partons pour l'Arménie.

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