Für
Angela !
Russie
24 juin 2014
Le 8 juin, après avoir usé nos 30 jours
de visa mongol, nous quittons la Mongolie par le nord vers la Sibérie et le
lac Baïkal. Retrouver la Russie et son goudron, se souvenir tout d'un coup
que notre véhicule a une troisième vitesse qui peut rester plus que quelques
minutes, et aussi une quatrième, et, incroyable ! même une cinquième
!!! Bien que la route compte quelques trous, la conduite est tellement plus
reposante. Quelques centaines de km ne représentent plus qu'une journée de
route et non plus plusieurs jours.
Ce
petit rongeur que l'on rencontre partout en sibérie et on Mongolie, est
pratiquement impossible à photographier. Dés que nous nous arrêtons,
tous disparaissent dans leur trou et ne ressortent que la tête pour satisfaire
de temps à autre leur curiosité. Nous sommes fiers d'avoir réalisé
cet exploit de fixer leur image et ils nous accompagneront tout au long de cet
article, pour votre plus grand plaisir, j'en suis sûre !
Alors nous filons vers le lac Baïkal
après une rapide visite au consulat de Mongolie à Ulan Ude. Pas très sympa
le consul, ne parle que le russe et pas un mot d'anglais. Il y a 5 ans, nous
avions eu à faire à plus accueillant ! On laisse tomber l'idée de visa ici
pour voir à Irkoutsk.
(Tiens, j'ignorais
que Lénine fut décapité...)
Là,
nous nous demandons si nous devons continuer notre article... Il n'est pas dans
nos habitudes de raconter nos vacances sachant à quel point cela est ennuyeux
pour ceux qui doivent écouter... Après réflexion, nous pensons que tout le monde
ne va pas passer ses vacances au lac Baïkal et que quelques personnes peuvent
souhaiter entendre parler de nos vacances là-bas. Cet article sera donc destiné
à eux et à eux seulement.
Le
mot chouca est répété sans cesse et finalement le dictionnaire (merci Saint
Dico!) nous apprend que le chouca en question est un brochet, qui, contrairement
à nos choucas à nous, nage et ne vole pas. On indique la taille désirée, celle
qui entre dans nos casseroles, et le marché est conclu pour 100 roubles (2€) .
Nous ne marchandons pas... Peu après arrive le chouca en question, congelé,
apporté par le jeune homme accompagné de sa femme. Ils ont tout à proposer,
balade en bateau sur le lac, sortie de pêche, repas , et même dormir. Ils nous
invitent chez eux, lourdement, mais si lourdement... Il est bien sûr aussi question
de vodka et nous reconnaissons là la famille Pod'colle qui nous avait déjà « harcelés »
il y a 5 ans. Le mauvais souvenir de ce village... Sans ménagement, j'ai mis
fin au harcèlement en claquant la porte au nez et nous avons coulé une tranquille
journée dans ce village à présent très sympathique. Le chouca aussi a été sympa,
un vrai régal !

Le
soir de notre premier jour en Russie, nous avons rejoint Istamina, un petit
village où une aire de jeux nous permet un parking avec vue plongeante sur le
lac Baïkal. Comme il y a 5 ans, très vite une femme vient nous voir, puis revient
avec un homme jeune, peut-être son fils. Ils parlent, ils parlent... nous ne
comprenons rien ! Je me dis que les heures et les heures que j'ai consacrées
à l'apprentissage du russe ne servent finalement à rien. Mais nous voyons vite
qu'en fait ces gens parlent une sorte de dialecte qui ne ressemble au russe
que de loin.

Les
poissons y sont rapidement chargés pendant que des chapardeurs essaient encore
d'en attraper quelques uns sous le sourire indulgent des adultes. Quelques belles
pièces sont jetées du camion vers des femmes du village arrivées plus tard,
et le camion démarre avec son chargement. Le filet est vide à présent, chacun
se retire avec son butin. Tout s'est passé avec une vitesse phénoménale et Klaus
a juste eu la seconde pour prendre en photo le poisson bondissant avant la cohue.
Chaque
matin les chevaux viennent s'abreuver dans le lac puis se postent à côté
de la barque. Nous en avons déduit qu'ils étaient candidats au
départ au cas où Noé se déciderait à repartir.
Des vaches voudraient aussi faire partie du voyage, mais les chevaux leur défendent
énergiquement d'approcher. Il est vrai que cette fois, Noé a prévu
un peu juste pour l'embarcation. Les poulains, eux, en profitent pour faire
une petite sieste.
Nous
faisons le plein d'eau au puits. Un retour en arrière, on se croit revenu au
temps de Sylvain et Sylvette !
Recherchant
un parking plus près du lac, nous essayons le village de Pocolckoe un peu plus
loin. Une très longue plage de plusieurs km qui se termine par une pointe recouverte
d'herbe où paissent chevaux et vaches ; sur les galets, entre un monastère et
le lac à une vingtaine de mètres, nous ne pouvions trouver mieux.
Les explications sont accompagnées de
gestes d'effondrement, de mimiques de fin du monde, qui ne nous ont en fait
pas permis de savoir si ce jour était béni ou maudit... Mais nous pensons
quand même que les russes ont beaucoup gagné à ce changement, ne serait-ce
que l'ouverture vers l'occident (et le jour férié !).
(En
Asie Centrale et Russie, on ne rit pas sur les photos même si on est
content.)
En
fin de journée nous assistons au retrait du filet de pêche mis au lac le matin
même. Il fait froid, un crachin glacé dans un ciel d'un gris profond nous transporte
chez les Pêcheurs d'Islande de Pierre Loti. Mais ici le filet est tiré sur la
plage à l'aide de poulies, de moteurs ; le travail dure des heures pour retirer
le km de câble. Travail est d'ailleurs un bien grand mot... Un homme est assis
et veille à ce que la poulie tourne bien ; un peu plus loin, deux autres enroulent
les câbles au fur et à mesure.


Les
autres sont à l'abri, bien au chaud jusqu'à ce que le filet approche, alors
c'est le branle bas de combat ! Tous sortent et se jettent à l'eau, enfin, certains
seulement. Ils sont alignés, tirent le filet qui se rapproche, se rapproche
de plus en plus, et se resserre. Des enfants sont là, un sac plastique à la
main. Certains aident à tirer mais ils amusent surtout les travailleurs. L'ambiance
dans ce travail, dur dans ce vent glacé, est cependant bon enfant. Le filet
se rapproche, les enfants aussi.
Soudain,
le filet chargé de poissons arrive sur la plage et avant que nous réagissions,
tout ce monde s'est jeté sur les poissons ; les enfants en mettent dans leur
sacs et se dépêchent. Nous comprenons qu'en fait le temps qu'il leur donné pour
faire le plein est assez court car déjà le camion arrive et se positionne à
côté du filet. (Certaines photos sont prises le lendemain
d'où le ciel bleu)
Le
lendemain c'est jeudi et pourtant de plus en plus de monde arrive pour passer
la journée sur la plage. Il fait très beau. Un russe vient discuter avec nous
et nous lui demandons pourquoi tant de monde. Il nous apprend qu'aujourd'hui
est le 12 juin, la « journée du président », la fête nationale, qui célèbre
la chute de l'URSS.
Cette
ouverture ne semble pas être parvenue dans la Sibérie profonde. Un jour, en
faisant le plein d'eau à une fontaine dans un village du côté de Novosibirsk,
nous avions ressenti ce qu'était la peur encore présente chez les villageois.
Nous avions demandé si nous pouvions prendre de l'eau. On nous a dit oui et
ce fut les seules paroles prononcées.
Nous
étions devant une maison où évoluait une famille. Nous avions l'impression d'être
transparents. On regardait dans notre direction sans nous voir ; des enfants
coururent vers moi en riant. Je leur souris aussi ; mais ils me dépassèrent
pour aller vers un autre enfant derrière moi, comme s'ils ne m'avaient pas vue.
J'ai adressé mon sourire figé vers le néant devant moi... Sans doute la consigne
était de ne pas parler aux étrangers, on ne sait jamais...
Revenons
à notre plage plus accueillante ! Il y a donc beaucoup de monde. Enfin tout
est relatif quand même ! Nous sommes en Sibérie et pas sur une plage de la Méditerranée
au mois d’août ! Mais les russes, malgré leur réputation de fêtards sont des
gens qui aiment la tranquillité dans la nature. Ils pique niquent, se promènent
sur la plage. Ils ne jouent pas comme nous sur les plages, par exemple à
se lancer un tube de crème solaire quand on n'a pas de ballon. Et surtout, ils
ne font pas de bruit ! Pas de cris, pas de musique dans les voitures. Un calme
total règne sur la plage. Même s'il y a des enfants. Nous n'avons jamais compris
pourquoi les enfants chez nous doivent toujours crier pour s'amuser.
Une cour de récréation dans une école est le lieu de défoulement pour les enfants
et est toujours extrêmement bruyante ! Comment se fait-il qu'en Asie Centrale,
en Russie, en Mongolie on n'entende pas un bruit venant des écoles, même pendant
la récréation ? Il y a aussi beaucoup d'aires de jeux pour les enfants, toujours
très fréquentées, et pourtant très calmes. Qu'est-ce pousse donc les enfants
de chez nous à crier ainsi ???
Les vieilles maisons en bois, sculptées et colorées, restaurées ou parfois extrêmement
branlantes, jalonnent les rues.
Après
cinq jours passés au bord du lac dans un total faniente, nous partons vers Irkoutsk,
ville toujours aussi belle et agréable qu'en 2009 (voir over-blog). De nombreux
tableaux avec des affiches retracent l'histoire de la ville. Nous ne pouvons
pas tout lire, loin de là.
J'ai
cependant retenu ces panneaux témoignant de la démolition de la
cathédrale et le démontage de la grande cloche par les bolcheviques, en 1932.
Terrifiant !
Le
soir, les habitants de la ville viennent se promener sur les bords de l'Angara
pour admirer l'éblouissant coucher de soleil sur le fleuve. L'Angara est un
fleuve puissant, profond, rapide. Alors que 37 rivières se jettent dans le lac
Baïkal, dont certaines importantes comme la Selenge coulant de la Mongolie,
seule l'Angara sort du lac.
La route d'Irkoutsk vers le lac Baïkal suit l'Angara sur 70 km. La ville n'est
pas sur le lac Baïkal comme on pourrait le croire. Il faut dire qu'à l'échelle
de la Russie qui fait 8 000 km d'est à ouest, 70 km sur une carte ne représentent
pour ainsi dire rien.
Nous
décidons de poursuivre nos vacances sur l’île d'Olkhon, 250 km au nord d'Irkoutsk.
Plus nous approchons de l'île, plus le paysage devient sauvage et se rapproche
de la steppe mongole, entrecoupée de jolies forêts. Un ferry gratuit fait la
navette toutes les demi-heures entre l'île et le continent.
Il fonctionne de mai à octobre. De janvier
à mars, on roule en voiture sur le lac gelé, et les mois restants, ceux de
la formation et de la dislocation des glaces, on fait les trajets en avion.
(Ces bateaux ne sont pas les ferries...)
L'île
d'Olkhon est la plus grande île du lac Baïkal et fait 72km de long sur 17 de
large. Une piste principale la traverse, et beaucoup de pistes parallèles permettent
à la fois de se rapprocher du lac pour l'admirer, et d'éviter la tôle ondulée
de la grande piste. Cette île est très sauvage et les touristes russes viennent
y séjourner pour les vacances ou même pour le week-end pour les habitants d'Irkoutsk.
Quelques touristes étrangers viennent aussi parfois s'y perdre, comme nous.
Mais l'île est si grande pour le peu de personnes qu'on est toujours plus ou
moins seul.
Les couchers de soleil sont absolument sublimes. Un peu décalés, il est vrai,
puisque le soleil se couche à 22h30 et il fait complètement nuit à 23h30.
Nous sommes tout de même assez au nord et le soleil de minuit n'a jamais été
aussi proche.
Les
russes disent paraît-il : « Celui qui ne croit pas au paradis n'a pas vu l'île
d'Olkhon ». Moi, je n'ai pas de conseils à donner au Bon Dieu, mais à sa place
j'aurais mis un peu plus de chauffage, augmenté la couche de bleu sur le ciel
pour chaque jour et envoyé griller en enfer tous les insectes, et là, le paradis
apparaîtrait plus évident !
Cependant
l'île est charmante, très verte (l'arrosage y est régulier même si on dit qu'il
pleut ici beaucoup moins qu'ailleurs) et les paysages magnifiques. Le chamanisme
y est très présent.
Tous
les matins, une couche épaisse de brume recouvre le lac. On la voit arriver
rapidement par un côté et tout couvrir. Puis au bout d'une heure ou deux, elle
se dissipe.
Deux
jours après que avoir quitté la ville, nous apprenons que Patrick et Marie,
un couple de français rencontré il y a cinq ans à Almaty au Kazakhstan, vient
d'arriver à Irkoutsk. Nous ne savons pas encore si nous arriverons à nous rencontrer.
Juste
avant de quitter la Russie, nous visitons le monastère bouddhiste Ivolginsk
Datsan près de Ulan Ude. Nous avons beaucoup aimé ce lieu empreint
de spiritualité.
Après
4 jours dans ce paisible paysage, nous prenons soudain conscience que si nous
voulons arriver à temps pour le Nadaam dans l'est de la Mongolie, il nous faut
revenir vite. Ce sera fait : en trois jours nous avons passé la frontière et
le lendemain nous dormons aux portes de Ulan Bataar. Plus de 1400 km en quatre
jours.
Nous
sommes en Bouriatie, initialement mongole, peuplée de russes d'origine
mongole et traditionnellement bouddhistes.
A
la frontière nous rencontrons Nilsi et Wasi, un couple de norvégien faisant
un tour du monde en moto. Nous passons la soirée ensemble et ils plantent leur
tente à côté du fourgon.
Le lendemain, nous aurons souvent l'occasion de nous revoir au rythme des arrêts :
repas, paysages et...crevaison pour Wasi.
Note des auteurs : cet article est
envoyé avec retard ; c'est normal, nous sommes en vacances...
Et maintenant en route pour Ulan Batoor !