Mongolie

22 mai 2014

Nous entrons en Mongolie le 10 mai par la frontière ouest à Tsaaganuur. Entre la frontière russe et la frontière mongole, il y a 20 km de no man's land ou plutôt le land des marmottes qui, comme chacun le sait, ne sont pas à cheval sur les histoires de nationalités et de frontières...

Nous nous installons dans notre fourgon, chauffant au maximum car il fait froid dehors, et attendons la fonte de la neige. Vers midi les traces commencent à apparaître et une heure plus tard nous pouvons nous mettre en route, la neige ayant suffisamment fondu pour ne plus cacher tous ces pièges redoutables (cailloux tranchants, milieu de route trop élevé, ornières…)
Tout de suite nous sommes dans le bain : froid, ciel couvert, flocons épars, vent. Nous partons en direction d'Olgi, la première ville mongole. Nous avons le choix entre plusieurs pistes et nous ne prenons pas la plus fréquentée, loin de là ! A part un véhicule en panne, quelques bergers et leurs troupeaux, nous ne rencontrons personne sur la première partie du trajet. Mais des marmottes, nous en voyons des dizaines qui courent partout, se pourchassent, se dressent sur leurs pattes arrière pour nous regarder et se cachent vite dans leur trou quand nous approchons. Courageuses mais pas téméraires ! (ça c'est pour toi, Mie...)

D'Olgi, nous partons vers Kovd. 60 km de bon goudron, c'est un bon début ! même si 60 km, ce n'est pas grand chose sur les 250 jusqu'à Kovd.

Nous retrouvons enfin la piste normale, beaucoup plus fréquentée en cette fin d'après-midi ; le nombre des pistes parallèles est important et chacun choisit celle qui lui semble la meilleure (on change sans arrêt car à côté c'est toujours meilleur que chez soi). Nous nous arrêtons pour la nuit à 6 km d'Olgi, encore dans la montagne. Nous nous éveillons dans une atmosphère feutrée... il a neigé pendant la nuit, tout est blanc, les traces de la piste sont invisibles...

Ce qui a changé, c'est le nombre de supermarchés, petits certes, mais bien approvisionnés. Au marché, nous trouvons des tomates, des concombres et pleins de nouvelles choses comme des vélos d'enfants par exemple. Nous en aurons confirmation lors de notre prochaine étape à Kovd. Même changement qu'à Olgi, ville plus moderne et bien approvisionnée. Cela est dû à la proximité de la Chine, au sud d'Olgi et de Kovd, reliées à elle par une route déjà en partie goudronnée.

Olgi nous apparaît bien changé depuis 5 ans. La ville s'est agrandie et est plus accueillante, plus moderne.

La place centrale est entourée de banques et après quelques essais infructueux, nous parvenons à retirer de l'argent dans un distributeur perdu au milieu de la boue. Un million de Tögrög. Tout en billets de 20 000 T. Pour 400 € cela fait ...billets. Je vous laisse compter, 1€ fait 2500 T.

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Nous sommes surpris de voir certaines personnes se promener avec un masque. Bizarre tout de même, dans une toute petite ville, dans l'air pur de l'Altaï. Nous comprenons mieux le lendemain en nous rendant au marché quand un vent violent soulève la poussière. Même les mongols, dont les yeux sont pourtant bien bridés, ont du mal à les garder ouverts. Que dire de nous !

La piste traverse de superbes paysages dans la montagne.

Durant la pause café à un col, un berger à moto vient nous rejoindre. L'herbe est juste naissante, quelques millimètres seulement. Pourtant, nous voyons déjà des petits troupeaux de chevaux, de chèvres et de moutons la brouter goulûment.

Ces lacs sont encore partiellement gelés mais néanmoins peuplés de canards, grues et autres oiseaux.
Nous devons traverser une plaine assez humide , qui se termine par deux lacs réunis par un gros ruisseau. Après avoir slalomé entre les parties boueuses à la recherche d'un sol plus sec, il faut passer entre ces lacs. Klaus cherche un passage et finalement opte pour remonter la petite rivière sur quelques dizaines de mètres.
Sur la place centrale de Kovd, une énorme botte rappelle que la Mongolie est le pays des cavaliers.
L'itinéraire entre Kovd et Altaï est extrêmement varié. C'est d'abord plein sud la route vers la Chine partiellement goudronnée, toute neuve, et de nombreux chantiers sont en cours pour la poursuivre.
Nous la quittons pour retrouver une piste cheminant dans une grande vallée bordée de montagnes dont les sommets sont recouverts de neige fraîche. Par ci par là, quelques yourtes et de grands troupeaux. Puis nous arrivons dans un passage plus montagneux. Les couleurs sont magnifiques, se déclinant dans les rouges, les ocres et les bruns. Chaque colline, chaque montagne, révèle une autre nature de sol et les couleurs se juxtaposent sans aucune transition.
Le sol est très caillouteux, les cailloux pointus et tranchants. Nous crevons un pneu. Je profite de cet arrêt inopiné pour peindre ce paysage fantastique pendant que Klaus change la roue. Le nombre de pneus abandonnés et de chambre à air explosées nous montre que nous ne sommes pas les seules victimes de ces traîtres cailloux !
Nous entrons dans un étroit défilé, circulons sur une piste bien sablonneuse à présent, à la recherche d'un endroit où passer la nuit. La journée a été longue, la piste fatigante.

Le lendemain Klaus commence la journée en réparant le pneu.

Eh oui ! Ici, les pneus se réparent et on met même des chambres à air !

Le paysage change radicalement. Nous nous trouvons maintenant en plein désert, tel l'Altiplano ou le Sahara, sauf qu'ici, nous sommes à 1500m, de part et d'autre de ce désert il y a des montagnes couvertes de neige et parfois la route est déviée pour éviter les trajets de boue.
Nous ne rencontrons aucun véhicule pendant cette journée et les seuls habitants seront les chameaux de Gobi. Quand leur bosse tombe sur leur flanc, cela signifie un manque de nourriture ou d'eau. Leur laine se défait aussi par plaques et ce n'est pas très joli... mais ces animaux ont à affronter des températures allant en dessous de -25° en hiver à plus de 40° en été.
Leur laine est extrêmement épaisse en hiver et l'été, ils sont tout nus. Ils sont plus jolis en automne lorsque la laine recommence à se former qu'au printemps où ils la perdent !

Les chameaux sont nombreux et curieux, comme nous d'ailleurs.

Mais ils ne sont pas sauvages même s'ils se promènent seuls dans le désert et il existe toujours une yourte blottie quelque part.

A quelques dizaines de mètres de nous, une gazelle nous regarde. Elle est très jolie avec son arrière-train blanc et sa queue noire. Elle s'élance gracieusement entre les buissons mais s'arrête souvent pour nous regarder. Nous la suivons longtemps avec les jumelles.
Parfois, certains chameaux ont eu moins de chance...
Le soir, nous arrivons à Charga. Quelques yourtes d'abord réunies sous un poteau électrique, à côté d'une petite rivière colorant immédiatement le paysage de vert. Les troupeaux broutent cette herbe avec gourmandise.

Mais la verdure se termine vite et le désert reprend ses droits. Pas de vent ce soir, il fait bon ; nous sortons nos chaises pour déguster un pastis bien frais, belle récompense après cette longue et rude journée. Nous ne sommes plus très loin de la ville d'Altaï.

Altaï est à la fois le nom d'un massif de montagnes et le nom d'une ville.

Il existe des panneaux routiers, mais ils sont très rares et pas toujours explicites ! Celui qui ne connaît pas le cyrillique est souvent pénalisé ...

Mais en pratique, on se débrouille sans panneaux.

De Altaï, nous rejoignons Bayanhongor par une bonne route goudronnée sur 125 km qui s'arrête d'un coup sans prévenir. Ensuite sur les 280 km restants, la piste est variable, de la tôle ondulée (quel bonheur !!!...) à la piste caillouteuse, à trous, en passant par la piste herbeuse et douce . Bref ! Un bon registre des pistes mongoles. Quelques petites localités sur le chemin, toujours les mêmes, yourtes derrière les palissades, maisonnettes au toit coloré, quelques voitures, beaucoup plus de motos.
La petite ville d'Altaï , tout comme Olgi et Kovd, s'est bien agrandie. Les magasins sont moins bien approvisionnés et Altaï semble une ville oubliée. Nous trouvons un atelier de réparation de voitures : Rallye Mongolia Auto Service. Nous demandons où trouver de l'eau et ce sont eux qui vont nous remplir les 6 jerrycans dont nous avons besoin. Durant le remplissage, assez long, nous discutons avec le fils de la maison. Ses quelques mots d'anglais nous suffiront pour obtenir de bons renseignements sur les pistes et la grand-mère vient visiter le fourgon avec de grands sourires (dommage qu'elle ait pris un air si sérieux sur la photo!).
Nous faisons une petite halte à Bayanhongor pour visiter le musée de l'aimag. C'est intéressant de voir en vrai les costumes traditionnels anciens et instruments de musique ou d'usage courant que l'on ne connaissait que par les photos. Il y a de grandes flûtes boudhistes et à l'instar du capitaine Haddock, on a envie de souffler dedans !
Après avoir fait les différents pleins(eau, carburant, nourriture), nous repartons vers les montagnes. Notre idée est de traverser la montagne pour rejoindre Tsetserleg, 200 km au nord.

Les ovos sont des tas de pierres que l'on trouve en général aux cols. Il est de coutume d'y déposer une offrande qui peut être de nature très variable : béquille, bouteille vide, de vodka ou autre liquide, objet insolite. Bien souvent cela ressemble à un dépôt d'ordures... Klaus dépose avec respect la bouteille de vodka que nous venons de terminer.

Le paysage est joli, certes, mais la piste exécrable ! Et le lendemain, après des heures de route pour quelques dizaines de km, nous craquons et renonçons.

Les petits débris blancs sur la gauche sont des seringues vides.
Parfois on y laisse un peu d'argent, les billets de 10 ou 20 T étant les plus fréquents. Nous y avons laissé un billet de 10 T (0,3 cent) venu dans notre porte monnaie on ne sait comment.

Retour à Bayanhongor. Et c'est de nouveau le goudron pour environ 200 km. Le moral remonte. Nous rejoindrons facilement Tsetserleg par le goudron où nous pourrons faire une halte et prendre un repos bien mérité.
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