Mongolie

8 juin 2014

Les choses ne se passent pas toujours comme on l'espère. Environ 50 km après Arvahker, le goudron tout neuf il y a 5 ans est pratiquement inexistant et est remplacé par une piste pleine de trous, de cailloux, de tôle ondulée. Un enfer !

Cette fois, la piste est belle, sèche, douce et sans tôle ondulée. Un bonheur. De là, nous contemplons quelques voitures empêtrées là où nous étions le matin même. Arrivés à un ovo nous faisons une offrande de 10T en remerciement de nous en être sortis.
Nous coupons par une piste où nous étions passés en 2009 ; elle traverse une grande prairie bien verte. Beaucoup de trous, de flaques d'eau puis une petite rivière, puis cela continue avec de plus en plus de boue et de rivières à traverser. Bien plus loin, nous voyons trois camionnettes arrêtées, apparemment dans la boue. Elles font demi-tour et nous aussi.
Retour sur la route infernale. Une des camionnettes nous double et trouve une piste praticable. Du sommet d'une bosse, le chauffeur nous fait de grands signes explicatifs pour le rejoindre, mais nous décidons de suivre la mauvaise route « goudronnée ». Le moral est en chute libre. Pour la xème fois, nous repensons notre trajet. Le mauvais état de la route a finalement raison de nous et nous repartons sur les traces de la camionnette.
Le paysage est superbe, le moral est revenu. Je veux m'arrêter pour filmer les centaines de chevaux paissant dans cette verte vallée. En descendant de la voiture, j'entends siffler la roue. Arrêt providentiel à l'instant même où le pneu se dégonfle. Je filme chevaux, yaks et chèvres pendant que Klaus change la roue...
Nous dormons d'abord à l'extérieur de la ville. Le matin, un berger vient nous rendre visite pendant notre petit déjeuner. Nous l'invitons pour un thé et lui offrons une tartine de confiture d'oranges (de la confiserie du Vieux Nice, s'il vous plaît !). Comme toujours la conversation est limitée aux sourires, alors il regarde, regarde beaucoup, puis il ouvre les armoires et découvre un pot de cornichons...
Nous arrivons à Karakorum où nous décidons de rester quelques jours pour goûter un repos bien mérité.
Son visage s'éclaircit, il semble content que nous les apprécions aussi. Puis après, avant de partir, sans doute parce que nous ne lui avons pas offert (avec de la confiture, tout de même !), il retourne au bocal de cornichons, sans complexe le prend, l'ouvre et se sert d'un gros cornichon qu'il déguste avec un réel plaisir !
Karakorum est une ville très prisée des circuits touristiques et nous semble idéale pour une halte restauratrice sur tous les plans : restaurants, lessive, repos et visites.

Comme dans tout paradis, nous l'avons déjà dit, il y a toujours un moustique ; ici, il y en aura plus d'un ! D'abord, nous sommes toujours hors saison et la plupart des restaurants sont encore fermés ; pas d'hôtel où nous pouvons laisser faire notre lessive ; cerise sur le gâteau : un vent violent qui soulève la poussière, les mongols en ont les yeux encore plus bridés ! Que dire de nous...

A minuit, une voiture de police vient faire un contrôle (peut-être à la demande d'un hôtelier pas content de voir les rares touristes présents ne pas venir dormir dans son hôtel ?). Une heure après, une véritable tempête se déclenche avec rafales de pluie.
Je vais courageusement au temple l'après-midi pour dessiner. Cela permet à quelques jeunes moines de venir faire un brin de causette : where do you come from ? What is your name ? Très content de lui , un autre demande : How old are you ? La réponse l'a laissé perplexe ; sans doute ne savait-il pas compter jusque là en anglais...

Le matin, Klaus espère pouvoir réparer le pneu, mais, chaque fois qu'il met le nez dehors, il renonce. Un rien d'éclaircie nous permet d'aller prendre quelques photos des temples.

Quelle émotion de penser que Gengis Khan a certainement posé sa main sur cette tortue, tout comme moi...

Karakorum était la capitale de Gengis Khan. Seules quelques pierres dont deux fameuses tortues subsistent de cette époque. Sur le lieu même de la capitale a été édifié l'un des plus grands monastères de la Mongolie (voir over-blog), un des rares qui, converti en musée, n'ait pas été détruit lors de la période communiste.
Avant de partir, nous faisons le plein d'eau (c'est à dire qu'il faut d'abord tourner dans un village et demander où trouver un point d'eau).

Pendant la pause café, Klaus répare le pneu.

Nous suivons le tracé de notre circuit de 2009. Surprise ! Nous voilà devant une petite rivière à traverser. Elle n'était pas là en 2009 ce qui nous prouve que soit 2009 était une année sèche, soit 2014 est une année pluvieuse (citation de Lapalisse). Mais Lapalisse ne nous aide pas à traverser.

Un peu plus loin, nous patinerons dans la boue sans plus pouvoir avancer ou reculer. La présence de nombreuses planches et de traces profondes bien creusées nous montre que nous ne sommes pas les premiers et après un travail d'une demi-heure, nous voilà repartis.

A quelques mètres de là, les chevaux ont de l'eau au-dessus des genoux.

Déjà nous cherchons un autre passage, une autre piste, quand un 4X4 arrive et sans ralentir traverse la rivière. Klaus repère le trajet, la profondeur, et nous voilà de l'autre côté.

En retrouvant la bonne piste sèche qui nous avait permis de gagner Karakorum quelques jours plus tôt, nous assistons en contrebas aux allers et retours des véhicules dans la boue. Nous connaissons, nous l'avons vécu aussi et un bonheur égoïste nous submerge, nous sachant en sécurité ici.

Klaus tourne trois fois autour de l'ovo...

Le soir, la température monte jusqu'à 32°. Nous approchons du désert de Gobi.

A Mandalgov, nous rencontrons Pauline(française) et Johannes(allemand), deux voyageurs en sac à dos qui sont en Mongolie pour cinq semaines. Nous sympathisons tout de suite et passons 24h ensemble.

Mais nous ne sommes pas au bout de nos problèmes (quel charme y aurait-il à venir en Mongolie sans ces problèmes de pistes ???). Arrivés en milieu d'après-midi devant Ölziit, nous voyons au loin de nombreux enfants qui courent dans notre direction, et un homme aussi. Tous sont à la fête et rient beaucoup . Nous voilà de nouveau devant une petite rivière. Au milieu, un jeune mongol retient sa moto tombée et entraînée par un courant assez fort. Les enfants arrivent dans la bonne humeur ; il n'y en a qu'un qui ne rit pas, c'est celui qui est dans l'eau... L'adulte enlève ses chaussures, retrousse son pantalon et aide le jeune à remonter sa moto. Pendant ce temps, Klaus a lancé au garçon une sangle qu'il tient dans la main sans savoir quoi en faire. L'adulte aide à redresser la moto, accroche la sangle à l'arrière de la moto, puis sort de l'eau en laissant le gamin se débrouiller seul contre le courant. Le jeune glisse, chute dans l'eau et la moto tombe sur sa jambe. Nous sommes un peu inquiets car nous craignons qu'il ne se soit fait mal mais il se relève puis, découragé, nous fait un signe de tirer. Nous traînons ainsi la moto hors de l'eau sous les rires des spectateurs de l'autre côté. En Mongolie, il en faut plus pour faire un drame ! Le jeune redresse sa moto qui, finalement, n'a pas trop souffert d'être traînée ainsi. Il essaie de démarrer, pas de résultat, ce qui ne nous surprend pas d'ailleurs. Il active le klaxon qui émet un petit son famélique. Pour le gars, nous n'existons déjà plus...

N'ayant pas de photo de l'aventure à vous proposer, nous ferons un petit entr'acte pour vous présenter la moto YINGANG !

Ce même après midi, une classe accompagnée de son professeur vient faire la sortie scolaire avant les vacances. On fait cuire la viande dans de grosses marmites. Pour le calme, c'est un peu fichu car 24 ados, cela fait du bruit ! Du haut de son rocher, la prof donne ses instructions pour la photo.
Nous ne rentrons pas seuls de notre promenade, une dizaine de tiques nous accompagnent. Inspection générale pour voir si de mauvais plaisants ne se seraient pas installés à notre insu de manière plus intrusive. Tout est ok, mais quand même, nous qui venions ici avec l'idée de faire de grandes ballades...
Maintenant, à nous ! Comment traverser cette petite rivière assez profonde, avec un fort courant, et des cailloux que l'on devine ici et là assez gros. L'adulte nous fait signe de traverser, les enfants en riant, jusqu'à cette petite fille qui n'a pas plus de 6 ans, nous font signe aussi. On sent que cette aventure serait belle encore si les touristes se plantaient là avec leur fourgon. N'ayant aucun sens de l'humour, nous faisons demi-tour à la déception de tous qui insistent encore pourtant. Nous n'avons pas eu un mot de remerciement pour avoir tiré la moto hors de l'eau .
Nous retournons sur nos pas pendant quelques km puis avisons une bifurcation qui nous mène auprès d'un super petit lac fermé par une digue. Le passage ! Nous décidons de passer la nuit dans ce paysage paradisiaque mais à peine sortis du fourgon, nous voilà entourés d'une multitude d'insectes.
On repart pour s'arrêter de l'autre côté du lac un peu en hauteur. Nous traversons la digue, appréciant la facilité du passage. Mais ce n'était décidément pas notre jour ! Arrivés au bout de la digue, celle-ci est effondrée laissant le passage de l'eau du lac vers les marais environnants... Impossible d'estimer la profondeur dans cette eau brune, opaque, d'y déceler la présence de cailloux, de connaître la nature du fond, sable dur ou boue.
Mais la journée n'est pas finie pour tout le monde ! Une demie-heure plus tard arrive une moto avec deux mongols. Ils sont très souriants et nous invitent à venir boire de la vodka dans leur yourte. Nous déclinons l'invitation, n'aspirant qu'au repos dans notre fourgon. (Quand un mongol veut mimer le fait de boire, il se suce l'index ; les russes expriment la même chose en pointant leur index sur leur cou. Ce sont en fait les signes pour dire : « on va se saouler ! » Quand on ne parle pas la langue, il faut au moins en connaître les signes !)
Nous faisons demi-tour de nouveau, un peu perdus car ne sachant plus que faire, retrouvons une autre piste avec de nouveau un obstacle d'eau. Nous nous arrêtons finalement pour la nuit à 19h30 à l'endroit même où nous avions bu notre café à 15h... Klaus est épuisé par sa journée : réparation d'un pneu le matin, embourbement un peu plus tard, la moto retirée de l'eau, et tous ces allers et retours, et tout de même 120km de pistes à 20km/h en moyenne.
Le lendemain, pendant le petit déjeuner, Klaus prend la décision d'essayer le passage par la digue, d'entrer d'abord à pied dans l'eau pour en sonder le fond. Tout à coup, une voiture passe à côté de nous. Oh ! Nous n'avons pas été longs à ranger tout et à nous mettre en route. La voiture a pris pas mal d'avance mais nous saurons au moins où elle va traverser la rivière d'après les traces. En fait, ce n'était pas la peine de se dépêcher ; la voiture est arrêtée au bout de la digue et n'ose pas traverser. Poliment, le chauffeur nous fait signe de passer devant. Klaus décline cette offre aimable en riant !
Chauffeurs et passagers évaluent le passage, discutent des possibilités et personne n'ose s'aventurer quand soudain, de l'autre côté, deux véhicules arrivent. Une camionnette chargée d'animaux entre rapidement dans l'eau sans même s'arrêter, suivie d'une voiture. Aussitôt, de notre côté, tout le monde sautent dans les voitures et nous passons sur les traces des autres. Quatre véhicules au même passage, du jamais vu  en Mongolie !!! en général nous ne voyons qu'un ou deux véhicules dans la journée. 

Il est 10h du matin : fin des 24 heures !

Heureusement que les journées en Mongolie ne sont pas toutes comme celle-ci !

Vous comprenez pourquoi les voyageurs n'aiment pas qu'on leur souhaite : « Bonnes vacances ! »

Ils plantent leur tente à l'abri du vent contre notre fourgon, ce qui ne les empêchera pas de déménager à 2h du matin. Eh oui ! En Mongolie le vent est capricieux et peut changer rapidement de direction. Ce sont les premiers européens que nous rencontrons et cela fait du bien de pouvoir parler français ou allemand, de comprendre et de se faire comprendre !
Au moment de nous séparer, nous échangeons quelques mots avec un ingénieur en route vers les nouvelles mines du désert de Gobi.
Le jeudi 29 mai, nous partons vers Bayan Boulag, un endroit qui nous avait particulièrement plu en 2009. Nous espérons pouvoir nous y reposer (enfin !). Nous retrouvons notre endroit de bivouac après avoir passé un col assez pentu... Il fait chaud et tout est bien. Vendredi et samedi, le thermomètre monte à 32°, le soleil tape fort.

Samedi, nous allons faire une ballade dans les rochers. Il y a beaucoup de fleurs, des petits iris jaunes pratiquement au ras du sol, des fleurs violettes qui ressemblent à des lys, des myosotis, et tant d'autres fleurs qui font autant de taches de couleurs dans le tapis vert de l'herbe.

Pour Juliette...

Voici le récit de

24 HEURES EN MONGOLIE : du 25 mai à 10h au 26 mai à 1Oh

Nous quittons Karakorum par une autre piste qu'à aller pour profiter de quelques dizaines de km de goudron supplémentaires.
En fin d'après-midi, tout le monde repart : ils sont 24 jeunes + 4 adultes dans ce petit fourgon ! (et on ne compte pas les tiques les accompagnant...)
Dimanche, le vent souffle et le mercure chute à 3°. Nous allons faire le plein d'eau à un puits très rudimentaire à 2 km de notre stationnement.
Nous découvrons quelques nids d'aigle qui ne sont plus habités mais admirons tout de même les magnifiques oiseaux tournoyer.
Puis Klaus l'invite à regarder l'ordi et il découvre une photo de lui et Klaus prise 5 ans auparavant et même une photo de son ancienne moto. On le sent ravi, ému, surpris. Il nous montre les (seules ?) photos de lui qu'il possède, format photomaton, une qui doit dater de son service militaire (il approche de la retraite), l'autre sur sa carte de garde du parc.
J'avais toujours eu envie d'essayer les motos en Mongolie. Des 150 cc, capables de porter trois personnes, chargées en plus de jerycans ou de sacs de farine, et de circuler rapidement à travers la prairie ou sur des pistes très chaotiques.
Lundi se réchauffe à peine. L'après-midi, le garde du parc national vient nous vendre les tickets d'entrée. Je l'invite à s'asseoir dans le fourgon et Klaus démarre l'ordinateur. Il regarde autour de lui un peu perdu et ne sait pas trop ce qu'il doit attendre.
On reprend une photo du jour puis Klaus sort une drôle de petite machine et notre garde attend sans savoir quoi, jusqu'au moment où il voit ses photos sortir de l'imprimante. Il est reravi, resurpris et reému et prend ses photos comme des trophées. Il va les montrer à tous ceux qui passent.
Nous prévoyons de quitter Bayan Boulag le mardi après 4 jours de repos appréciable. Il pleut toute la nuit de lundi à mardi, et toute la journée de mardi aussi.
La piste est boueuse, glissante à certains endroits, surtout en montée, et c'est quelque peu stressés que nous parcourons les 50 km qui nous séparent du goudron (près de trois heures).
Nous aurons l'occasion de nous rendre compte que notre stress était légitime puisque nous verrons un camion embourbé(ci-contre), un autre chargé d'un container qui a glissé sur le bas côté et s'est couché sur le flanc, un autre encore pris dans la boue sur le côté de la route ; et tout cela en l'espace d'un quart d'heure !
Le soir nous nous arrêtons juste avant Oulan Bator.
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