Mongolie

5 août 2014

Mi-juillet, nous quittons Saynshand vers le sud, vers le désert de Gobi. Le désert de Gobi fait partie des grands déserts du monde, un des plus extrêmes en température, +40° en été, -40° en hiver, le plus aride, le plus inhospitalier, le plus..., le plus.... Les superlatifs sont légions lorsque l'on parle du terrible Gobi.

Il se situe à cheval entre la Chine et la Mongolie, 2/3 en Chine et 1/3 en Mongolie. Le désert, nous connaissons un peu, le Sahara, l'Altiplano, l'Atacama, le Baloutchistan, ... et nous aimons cette aridité qui donne aux paysages ce côté écrasant devant lequel on se sent tout petit, tout petit.
Pour relier Dalandzadgad, nous avons 650 km à parcourir, ce que nous faisons sur de petites pistes toujours très peu fréquentées, un véhicule par jour au maximum, une ou deux motos. Et pourtant, comme toujours nous voyons des yourtes, au moins tous les 20 km, petites taches blanches signe de vie.
Pour le moment, ce désert est encore assez vert, les fleurs nombreuses et délicieuses. D'un seul coup, le paysage devient aride, plus un brin d'herbe, plus une fleur, que du sable et des pierres. La température commence à monter. Mais ce désert total ne dure pas plus de 20 km et déjà reviennent herbe et yourtes.
Chameaux, chèvres et moutons paissent une herbe pas très abondante mais verte. La température continue de grimper pour atteindre plus de 41° à 17h.
Quatre jours nous suffisent pour arriver à Dalanzadgad, capitale de l'aimag du Gobi, 13 000 habitants. En approchant de la ville, les flaques d'eau se font de plus en plus nombreuses, le ciel couvert et menaçant, le désert tout vert et fleuri. Le thermomètre chute à 19°. Nous ne pensions pas sortir notre polaire au centre du Gobi en plein été...
Patrick et Marie qui nous talonnent depuis Irkoutsk nous annoncent leur arrivée à Dalandzadgad pour le lendemain. Ils arrivent de Dadal en 2 jours alors que nous avons mis deux semaines, mais nous n'avons pas pris le même chemin, le nôtre étant plutôt celui des écoliers (de l'école buissonnière surtout). Cinq ans après (nous les avions rencontré à Almaty en 2009), les retrouvailles sont sympathiques. Nous faisons la connaissance de Jean-Pierre avec qui ils voyagent.
Patrick nous dit : « Maintenant que nous vous avons enfin rejoints, nous n'allons pas vous lâcher si vite ! » Des mots, Patrick ! Nous n'avons pas le même rythme !!! Avec vous, nous nous essoufflerions ; avec nous, vous vous ennuieriez !
Dalandzadgad est une petite ville où il n'y a pas grand chose à faire. J'attendais le marché avec impatience car, selon Lonely planet, les fruits et légumes du Gobi sont sucrés et délicieux. Au marché, des choux, des oignons, des patates... ni concombre, ni tomate. Rien. Dans les supermarchés, pas grand-chose non plus, mais en allant dans trois ou quatre différents, on arrive à avoir quelques petites provisions pour s'aventurer plus loin dans le désert. Le lendemain, avant de partir, quelques tomates et concombres tordus feront une timide apparition. C'est toujours cela de gagné.
Nous retrouvons nos trois compères à la gorge de Yolin Am. Cette gorge présente la particularité de conserver de la glace pendant tout l'été. Nous voilà tous partis pour une petite ballade de quatre ou cinq kilomètres. Cela fait du bien de marcher dans l'herbe, entre les montagnes, le long d'un petit ruisseau.

Une quantité de petits rongeurs peu sauvages appelés pikas, courent partout. Ils font partie de la même famille que les lapins et les lièvres et c'est vrai que l'on dirait des petits lapins miniature.

Un petit oiseau d'un gris terne se pose sur un rocher et quand il s'envole, c'est l'émerveillement ! Le dessous de son corps est rouge vif et ses ailes blanches et noires. Peu sauvage, il se pose un peu plus loin et nous pouvons de nouveau l'admirer. Je regrette de ne pas avoir pris ma caméra !

La gorge est profonde et durant l'hiver une couche de neige de 10mètres de hauteur se tasse peu à peu. Le soleil ne pénétrant pas dans la gorge et la température n'étant pas forcément très élevée (nous sommes à 2200m), il n'est pas rare qu'il y ait encore de la glace en été. On pourrait se croire dans les Alpes, longeant un névé persistant. Klaus et Patrick essaient d'arracher un bloc de glace pour le pastis du soir...
Après une nuit passée dans nos véhicules respectifs, nous nous séparons car nous nous dirigeons tous vers les hautes dunes, mais par des chemins différents et pourrions nous retrouver le lendemain. En fait, quand nous arriverons aux dunes le lendemain à midi, ils les avaient quittées le matin même. Nous les retrouverons en France mais suivrons leur parcours car nous avons le même itinéraire de retour.
Rejoindre les dunes ne sera pas pour nous une mince affaire ! Nous suivons une large vallée. Le ciel s'obscurcit et dans les montagnes nous entourant, quelques éclairs se laissent apercevoir. Arès une rapide pause repas, nous reprenons la route vers 14h quand les premières gouttes commencent à tomber. Bientôt ce sera un vrai déluge et l'eau déjà ne s'écoule plus.
Une heure plus tard , la route s'est transformée en rivière, la montagne entière ruisselle. Nous attendons un peu car nous ne voyons plus rien. Mais la pluie ne cesse pas et le tonnerre résonne maintenant en un grondement ininterrompu cependant que le ciel se lézarde d'éclairs. Nous sommes au centre de la plaine ; nous voyons au loin la sortie, là où le terrain s'élève vers un petit col, n'osant imaginer la boue qui pourrait nous empêcher de gravir la pente raide.
Une moto arrive vers nous. Le mongol nous dit qu'il faut traverser la route-rivière. Ils nous invite à le suivre, revient vers nous, traverse la rivière, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, puis lassé, s'en va. Nous hésitons toujours entre nous arrêter là pour la nuit ou tenter de trouver un passage. Le problème, c'est que la pluie menace encore et si le niveau monte plus haut, nous sommes bien mal partis. Puis après inspection de la rivière, Klaus se décide. Tout d'abord, il pose les chaînes, un petit plus pour la boue, puis nous nous mettons en route.
La traversée de la piste-rivière se fait sans mal malgré la profondeur et le courant, mais après … on arrive dans la plaine inondée, de l'eau, de l'eau partout. Où aller ? Nous essayons de repérer les endroits les moins inondés, les plaques grises du sable où nous pouvons nous arrêter pour repérer les passages. Si nous stoppons dans l'herbe inondée, nous risquons de ne plus pouvoir repartir. Un trou profond rempli d'eau et nous sommes bloqués.
Ce sont finalement 7 km que nous faisons, traversant rivières, marais, sans aucun autre repère que là-haut le petit col où nous serons au sec. Nous l'atteignons enfin et nous arrêtons pour la nuit. La pluie a cessé et notre récompense sera ce magnifique arc-en-ciel.
Cahotant dans les bosses, deux 4X4 arrivent en sens inverse. Ils s'arrêtent, adultes et enfants viennent vers nous. Ce sont des russes et ils parlent bien anglais. Sympathique rencontre ! Nous échangeons nos expériences, les prévenons qu'ils allaient trouver de l'eau un peu plus loin...
Eux arrivent de Khermen Tsav dont ils nous parlent avec enthousiasme. Ils nous montrent des photos sur leur appareil photo ; ce canyon aux couleurs orangées, très sec et aride (nous sortons de l'eau) nous séduit immédiatement. Nous aussi, nous irons à Khermen Tsav ! Impossible de situer précisément l'endroit sur les cartes. Ils nous donnent les points GPS et bye-bye ! Ils partent vite car la pluie se remet à tomber avec violence. Nous ne savons pas comment ils ont passé la plaine inondée... Quant à dormir sous la tente au milieu...
Le lendemain, il fait très beau. Toute la matinée, nous longeons les dunes qui grandissent au fur et à mesure que nous avançons. Le jaune des dunes s'oppose au vert tendre de l'herbe fleurie s'arrêtant à leur base. Il n'y a plus d'inondation, nous sommes heureux, prenons le temps de photographier, filmer, admirer les fleurs et c'est ainsi que nous arrivons à midi devant les plus hautes dunes de la Mongolie.
Nous passons l'après-midi à ne rien faire, une saine occupation pour soulager du stress, guettant plus ou moins l'arrivée de Patrick, Marie et Jean-Pierre. C'est le lendemain, à Sevrey, quand nous aurons un réseau téléphonique, que nous apprendrons qu'en fait ils avaient déjà quitté les dunes le matin même.
Gurvantes est le dernier village qui est indiqué sur nos cartes, au sud ouest du désert de Gobi. Là encore le désert est très vert et les fleurs le tapissent de blanc ou de rose. Le village est assez précaire avec un désordre incroyable de pistes qui montent et descendent de tous les côtés, des culs-de-sacs et des boutiques qui semblent avoir été oubliées de leur centre d'approvisionnement, Ulan Baator.
Le lendemain, nous continuons notre route vers le sud et avons tout d'abord à traverser le cordon de dunes. Nous partons frais et dispos à 6h du matin, au saut du lit, pour affronter cet inconnu. Klaus dégonfle largement les pneus et nous nous lançons dans le sable au milieu d'un décor magnifique.
Klaus est très concentré pour éviter tout geste intempestif risquant de nous bloquer dans le sable, moi je filme le passage. Nous passons sans problème. De l'autre côté, c'est la pause ! Douche, petit dej, tout en admirant l'autre côté des dunes que nous n'aurons plus à affronter.
Nous continuons notre route vers Gurvantes et avons encore un passage d'une dizaine de km à travers des petites dunes. Ce fut un vrai plaisir ! Peu de risques d'ensablement, une piste dans l'amorti du sable dans un paysage délicieux.
Après une nuit très arrosée( par la pluie bien sûr), le plein d'eau fait, le plein de carburant aussi, quelques provisions, nous voilà partis pour Khermen Tsav, nous enfonçant dans le désert de Gobi, là où il n'y a plus rien...
Nous suivons la piste indiquée par le GPS, très mauvaise, bientôt sans traces de véhicules, qui nous conduit finalement à un col quasi impraticable. Apparemment cette piste est abandonnée. Demi-tour... Nous prenons une autre piste, rencontrons des français de Biarritz qui nous disent combien Khermen Tsav est magnifique, mais aussi ... que la piste n'est pas très facile à trouver.
La piste est sans cesse entrecoupée de ravines, tous les 200m environ, creusées encore plus par la récente pluie, qui nous obligent à nous arrêter avant chaque passage. Plusieurs parties du trajet remontent le cours de rivières à sec ; nous guettons le ciel et ses nuages...
Nous nous arrêtons près d'une yourte pour demander le chemin. Tout le monde accourt et on ne répond pas à nos questions avant d'être assis dans la yourte, devant thé, gâteaux et fromage sec. Il y a là une fille d'une vingtaine d'années et ses parents, ainsi que trois petits enfants. Le père, assez âgé, a des béquilles et marche difficilement. A notre grande surprise, la fille parle quelques mots d'anglais (au sens propre).
Le père sort l'appareil photo, nous sortons le nôtre. Il y a tellement de bienveillance chez ces gens dont le seul souhait est de nous faire plaisir et nous rendre service. Leur visage, leur sourire sont d'une telle douceur. Nous avons aussi bu de l'airag de chamelle (lait fermenté qui se fait traditionnellement avec du lait de jument).
Nous reprenons notre route selon les indications qui nous ont été données. Nous arrivons à un col par une piste de plus en plus en devers ; de l'autre côté, un passage est critique. Klaus ne voulant pas prendre le risque de renverser le fourgon (ce dont je lui suis reconnaissante en cet endroit absolument perdu), nous faisons à nouveau demi-tour.
Nous demandons encore notre chemin et suivons sur une piste les traces de deux véhicules (peut-être nos russes???). Passages de rivières à sec avec entrée et sorties critiques, montées, descentes, nous sommes dans un véritable labyrinthe, les km parcourus nous rapprochent à peine de notre but qui n'est plus qu'à 20 km à vol d'oiseau, le sol est de plus en plus sableux,
et tout d'un coup, c'est fini, on n'en peut plus, l'énervement est à son comble et nous décidons de faire une fois de plus demi-tour et de renoncer au paradis de Khermen Tsav. Il est l'heure de s'arrêter pour la nuit.
Comme il faut bien au voyage un peu de piment(!), nous nous ensablons dés le démarrage le lendemain matin.
Nous repassons par la yourte où chameaux, chèvres et garçons sont maintenant présents et repartons avec une provision de fromages secs vers Gurvantes.
Le moral est dans les chaussettes...

C'est alors qu’apparaît un grand arc-en-ciel, sous les nuages, la position des couleurs inversée. Il va nous suivre pendant plus d'une demi-heure, comme une consolation...

Qui là-haut nous a fait un clin d’œil ?

A Gurvantes, nous retrouvons nos habitués, la station-service,les boutiques d'alimentation et la distribution d'eau. Pendant que nous faisons le plein d'eau, je fais visiter le fourgon à la « vendeuse » d'eau. Elle se trouve bien là et reste dans le fourgon. Les usagers se servent d'eau gratuitement, pendant ce temps.
Nous lui avons fait visiter notre maison, elle nous emmène dans sa yourte. Une surprise ! La yourte façon ville. Un compteur électrique est fixé sur un des piliers centraux, il y a une plaque à induction, une bouilloire électrique, une fontaine d'eau potable et un petit sas pour la cuisine et le lavabo. Genghis Khan trône à la place d'honneur à côté de la télé. Thé, bonbons, fromage... Ces gens sont vraiment adorables ! (et tout se dit par gestes car les mongols ne parlent pas plus l'anglais que nous ne parlons le mongo!)
Nous apprendrons que c'est en juillet qu'il pleut dans le Gobi, que les habitants sont heureux car ils ont été particulièrement gâtés cette année. Nous nous en étions un petit peu doutés et nous en sommes très contents pour eux...
Le désert de Gobi n'aura pas mérité les superlatifs habituels, mais pour nous il restera le désert le plus vert, le plus fleuri, le plus pluvieux et ... celui des pistes les plus dégradées par la pluie !
Nous quittons Gurvantes pour rejoindre Dalandzadgad puis Arvayker. Nous sommes presque sortis du désert de Gobi et sur le trajet verrons un peu de désert aride, des dunes et... beaucoup de verdure !
La dernière collection Automne de la Mode Chameaux vient de paraître ! Très tendance, cette année, le petit col de fourrure en haut des bosses. C'est d'un chic !
Et maintenant, souriez pour la photo de groupe !
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