Mongolie
Juillet 2014
Traditionnellement, les fêtes du
Naadam se déroulent à Oulan Bator les 11 et 12 juillet, coïncidant avec la
date de l'Indépendance (et aussi avec l'anniversaire d'Antoine...), mais dans
les villes et villages de province , la date est en général antérieure et,
plus rarement, postérieure.
Ce Naadam fut un peu mis sur la touche par la population car deux semaines plus
tard avaient lieu les fêtes bouriates et tous travaillaient à leur réussite.
Patrick, Marie et Jean-Pierre qui y ont assisté nous ont confirmé l'importance
de cette fête qui a attiré de nombreux touristes mongols, et par conséquent...
éliminé le côté intime qui nous avait séduit pendant le Naadam.
Durant
la fête du Naadam se déroulent des compétitions permettant aux mongols d'exprimer
leur compétence dans l'un des trois sports traditionnels : la lutte, les courses
de chevaux et le tir à l'arc. Cette fête est l'occasion pour les habitants
des yourtes isolées de se retrouver et aussi de se mesurer les uns aux
autres dans l'un de ces trois sports.
Selon la ville où se déroule la fête,
de grandes différences sont à noter. Nous avons eu la chance de voir cette
année trois Naadam totalement différents.
Le premier s'est déroulé à Dadal le 5
juillet. Cette petite ville tient sa célébrité de Genghis Khan qui y est né
et y a vécu avant de devenir le Grand Khan.
Nous
avons découvert notre second Naadam par hasard 4 jours après celui de Dadal,
à Batnorov, 200 km de Dadal. Plus important, il se déroulait sur deux jours
et ressemblait un peu à une compétition régionale. Plusieurs villages étaient
représentés et les notables étaient revêtus de leur plus bel habit traditionnel,
le del.
Des danseurs et musiciens donnaient un spectacle bon enfant où la synchronisation
des danseurs n'était pas toujours au rendez-vous, la sono éprouvante pour nos
oreilles. Cependant, ces petits dérapages donnaient tout le charme au spectacle.
Nous étions dans le stade, tout près des participants qui posaient avec plaisir
pour nos photos.
Nous
ne ferons référence au troisième Naadam que pour en souligner la différence.
Il se déroulait à Barun Urt, une capitale d'aimag (région), de population plus
urbaine. Personne à cheval, personne ou presque vêtu du del, cette fête ressemblait
davantage à une fête foraine (sans manège) qu'à un Naadam. Les courses de chevaux
ont lieu de l'autre côté de la ville, et semblent mises un peu à l'écart. Nous
ne sommes pas restés.
La
journée de Naadam commence par le défilé des concurrents des courses
de chevaux vers le lieu de départ, très tranquillement. Les chevaux sont montés
par des enfants de 5 à 12 ans. Les plus petits sont mis sur les chevaux par
des adultes car ils ne peuvent y grimper tous seuls. Certains ont des selles,
des casques (de vélo, de chantier , …), des protections de dos (comme pour les
motos), des bottes. Mais la plupart montent à cru, en chaussettes et sans aucune
protection. La course dure en moyenne deux heures.
Entre-temps
ont lieu les premiers concours de lutte. Pour la lutte, il n'existe pas de catégorie
de poids ; les plus lourds ont donc les meilleures chances mais ce ne sont pourtant
pas toujours eux qui gagnent. Avant chaque combat, les lutteurs font la danse
de l'aigle, superbes, gracieux ; puis ils rejoignent leur arbitre respectif
qui leur enlève leur chapeau de lutteur et leur donne une petite tape sur les
fesses. Ce geste se répète souvent et doit avoir une signification particulière
que nous ignorons.
Le
combat se déroule dans un calme total, les spectateurs regardent en silence.
Quelques applaudissements très discrets saluent parfois une victoire, un geste
inattendu peut soulever un petit cri de surprise, mais c'est tout. Nous sommes
loin de la folie de nos matchs de foot !
Le vainqueur du combat fait
de nouveau la danse de l'aigle, puis va vers la table où sont disposées des
petites boules (beignets) dans un plat. On lui en donne une grande poignée
que le lutteur va distribuer aux spectateurs et en briser quelques unes pour
les envoyer vers le ciel en offrande. Le chamanisme est très présent en Mongolie
et les éléments de la nature sont toujours remerciés avec ferveur en toute
occasion.
Attendant leur tour, quelques
lutteurs s'amusent...
...d'autres
regardent les combats de leurs futurs adversaires !
Pour
la remise des prix des courses de chevaux, les enfants viennent sur leur monture.
Ils boiront l'airag (lait de jument fermenté), puis on versera ce même
airag sur leur tête, la tête et la croupe des chevaux, car, pour
ces courses, les grands gagnants, ce sont tout d'abord...les chevaux.
Une
rumeur se fait dans le public. Peut-être suite à une annonce au micro ? Et tout
le monde se précipite. Nous suivons la ruée ! Les voitures se déplacent de 200
ou 300m dans de grands embouteillages, les cavaliers galopent et tout le monde
se range de part et d'autre de la ligne d'arrivée des chevaux. A Dadal, quantité
de cavaliers et de 4X4 partent à la rencontre de la course. Peu après les premiers
chevaux apparaissent. Des petits bouts mènent leur grand cheval à la cravache,
en chantant ou sifflant. Chevaux et cavaliers sont épuisés et franchissent la
ligne d'arrivée sous les encouragements du public. Tous les spectateurs ont
un enfant ou un enfant d'ami qui participe à la course.
A
Batnorov, les juges ont déjà quitté leur perchoir lorsque les derniers cavaliers
arrivent. Tous les spectateurs ont aussi disparu. Il ne reste plus que nous
pour leur donner un petit moment de gloire en les photographiant...
Entre
le stade d'arrivée de chevaux et le stade de lutte, les archers s'entrainent
avant la compétition. Il n'ont quasiment pas de spectateurs ! Étrange compétition
où les concurrents sont à la fois juges , arbitres et jury... Ils commencent
leur entraînement afin d'affiner leur tir en fonction du vent, de la distance.
Il
n'y a pas de cible comme chez nous . A Dadal, un rouleau de tissu de différentes
couleurs sert de cible. Les flèches rasent le sol avant de l'atteindre. A Batnorov,
c'est une série de plots empilés qu'il s'agit de faire chuter. Un peu comme
un jeu de quilles. Près du but à atteindre, quelques archers indiquent par signes
les performances réalisées. Il est amusant de voir qu'il n'y a
aucune consigne de sécurité comme ce serait le cas chez nous.
Parfois
c'est un juge qui devient cible et s'écarte d'un bond sous les éclats
de rires ! Les flèches n'ont pas de pointe mais une boule à l'extrémité. Les
arcs sont très jolis et parfois recouverts d'une peau de serpent. Les archers
s'entraident pour tendre ou détendre la corde. Il y a beaucoup d'amitié
entre eux comme dans les autres sports d'ailleurs. On dirait que le but n'est
pas de gagner mais de déterminer qui est le meilleur.
A
la fin de la journée, les vainqueurs reçoivent leur récompense.
En fin d'après-midi, la fête
est terminée, tout le monde rentre chez soi. Sur les pistes poussièreuses,
on rencontre des motos familiales de retour de Naadam où les parents
arborent leur joli del coloré, les petites filles leur robe blanche
et de gros noeuds blancs dans les cheveux. On croise des camionnettes aussi,
chargées de deux, trois ou quatre chevaux qui, après la course,
reprennent aussi le chemin de la yourte, perdue quelque part dans la steppe.
Demain la vie reprendra son cours...
Une
cérémonie d'ouverture présentait un spectacle retraçant l'épopée de leur héros
national, Genghis Khan bien sûr (c'est du moins ce que nous avons deviné
car nous avions un peu de mal à comprendre les commentaires...).