Russie

24 avril 2014

Ça y est ! Le 14 avril 2014, nous sommes repartis après près de 3 ans passés en France et notre faux départ vers le Caucase l'été dernier. Retourner en Mongolie est une idée qui nous trottait dans la tête depuis un certain temps afin de profiter encore de ces quelques années où la Mongolie reste, de moins en moins d'ailleurs, à l'abri de l'invasion touristique. Lorsque nous y étions en 2009, certaines pistes étaient l'objet de grands travaux de restauration, voir de revêtement d'asphalte. Combien de temps pourrons-nous circuler encore dans ce pays si proche de la nature sur des pistes bien primitives voir même sans pistes du tout. Le souvenir grisant de cette liberté totale, sans frontière de chemin, au milieu des edelweiss, nous pousse à retourner là-bas. Ce n'est plus pour nous qu'une question de semaines, de jours...

Nous quittons la France et, après la Suisse, l'Autriche et l'Allemagne, nous avons traversé la Pologne et deux des pays baltes, Lituanie et Lettonie avant d'entrer en Russie. La situation incertaine en Ukraine nous a guidés vers ce choix que nous ne regrettons pas.

Nous avons découvert ces pays que nous ne connaissions pas. Plus nous montions vers le nord, plus il y avait de lacs.

Mais...n'était-ce vraiment que des lacs ??? Car là-bas, c'est la fin de l'hiver, l'herbe est encore sèche, pas de feuilles aux arbres, et de tous ces lacs, beaucoup ne sont que des prés inondés par la récente fonte des neiges. Le paysage n'en est pas moins plein de charme. Une lumière violente et claire dans un air extrêmement pur et sec transforme les lacs en miroirs, les troncs très blancs des innombrables bouleaux jalonnent le bord des routes, le sol est détrempé.
Le passage de la frontière russe, moment toujours assez stressant, se fera finalement sans problème. Les démarches administratives auront tout de même demandé près de deux heures. De l'autre côté, pour les camions venant de Russie vers l'Europe, les choses ne semblent pas aller si bien. Sur plus de 10 km, des camions s'alignent à la queue-leu-leu et attendent pour le passage. Combien de jours auront-ils attendu ?

La route droite contourne des petits villages de quelques dizaines de maisons. Elles sont en bois, colorées ; le bord des portes et fenêtres en est parfois sculpté. Une impression paisible en même temps que celle d'une vie difficile et rude se dégage de ces petits villages. Et la route continue sur des centaines de km au milieu des forêts de bouleaux, de pins, ponctuée de stations service et parcourus par de très nombreux camions filant à toute allure.

Tout d'abord nous ne voulions pas aller à Moscou, une ville trop grande pour nous. Et finalement, Klaus ayant trouvé un parking pour camping-car, nous avons décidé, à quelques dizaines de km de là, d'entrer dans la ville.

Nous sommes arrivés au camping en fin d'après-midi, fatigués. « Né rabotaet ! » Phrase bien connue autrefois, oubliée depuis et qui tombe comme un couperet : « Ne travaille pas ! » (= n'est pas ouvert). Dépités, nous trouvons finalement un peu plus loin un parking devant un centre de dressage pour chiens où nous passerons en fait deux nuits en toute tranquillité.
Le lendemain, c'est le dimanche de Pâques. La Place rouge est pleine de monde. Il fait un temps magnifique. D'élégants moscovites côtoient les paysans endimanchés venus passer Pâques à la capitale. Une queue interminable attend pour entrer au mausolée de Lénine, une autre tout aussi longue pour entrer au Kremlin.

Le Kremlin est un ensemble de monuments entourés de remparts rouges. C'était en fait la fortification du centre de la ville. On y trouve entre autres le palais présidentiel et plusieurs cathédrales. La Place Rouge n'est pas dans le Kremlin. Elle le jouxte et un de ses côtés est limité par les remparts.

(devant les remparts du Kremlin, le mausolée de Lénine sur la Place Rouge)

En face de ceux-ci se trouve le Goum, un immense centre commercial luxueux, très agréable, où Chanel voisine avec Dior, Guerlain et d'autres marques tout aussi prestigieuses.
Posée tout au bout de la Place Rouge, tel un joyau, la Cathédrale Saint Basile semble sortie tout droit d'un conte de fées.

Au loin, les cathédrales et immenses palais du Kremlin apparaissent derrière les tours rouges des remparts...

... et les magnifiques coupoles dorées des églises brillent au soleil !
L'après-midi, devant le Kremlin, un attroupement attire notre attention. Poutine est là qui converse avec chacun, sans le moindre garde du corps. Entre les drapeaux russes, il est là, aimable, souriant, passionné aussi dans ses propos (même si je n'y comprends pas grand-chose!)
Notre surprise est grande de voir un peu plus loin, réunis, Lénine et Staline... On se frotte les yeux, à quelle époque est-on donc ?
Il s'agit bien sûr de sosies qui ont bien du succès. Notre Poutine déclenchera une véritable ovation lorsqu'il parlera de l'Ukraine...
Nous ne sommes pas entrés au Kremlin, ni dans le mausolée de Lénine. Nous n'avons vu ni Nathalie, ni le café de chez Poutchkine... mais nous avons tout de suite su que nous reviendrions à Moscou, et sûrement plus d'une fois !
Puis nous reprenons la route vers Kazan, notre prochaine étape. Les pancartes indiquent : Kazan, 950 km. Ici les km se comptent par centaines, voir par milliers... Et sur ces presque mille km, nous contournerons Novgorod, un million d'habitants, de rares petites villes, des villages parsemés ici et là au milieu de la forêt et c'est tout. Le 22 avril, voilà 8 jours que nous avons quitté la France et nous voilà déjà à Kazan, à mi-chemin entre Moscou et l'Oural. Nous avons avalé les km, déjà 4000 de parcourus, pour arriver au plus vite en Mongolie, point le plus éloigné de la France pour notre voyage et pouvoir ensuite rouler plus doucement et nous arrêter davantage.
Kazan est une ville particulière. C'est la capitale du Tatarstan, le pays des Tatars de la Volga. Un mot sur l'histoire de cette ville. Elle fut d'abord peuplée par des Bulgares musulmans au début du 2ème millénaire. 50 ans plus tard, la Horde d'Or de Gengis Khan la détruit et s'en empare. Les Tatars sont issus de ce mélange de bulgares musulmans et de mongols musulmans d'origine turque. Au 16ème siècle, Yvan le Terrible s'empare de la ville qui devient alors russe.
Cela explique pourquoi Kazan (un million d'habitants) est une ville à la fois musulmane et russe orthodoxe. Ces deux cultures s'y mêlent intimement. Le marché central est digne d'un souk arabe et les mosquées côtoient les églises orthodoxes.
Sous un ciel couvert certes, mais avec un thermomètre affichant 14° le matin, nous visitons avec plaisir cette si jolie ville. En fin d'après-midi, le vent se lève soudain et bien vite une véritable tempête avec quelques flocons s'abat sur la ville.
Le lendemain, le thermomètre est tombé à 0°. Sur la route, le vent est violent et les rafales de neige et de grêle alternent avec quelques rares rayons de soleil. Le mercure ne décolle plus et nous naviguons toute la journée entre -2 et +3°. Au bord de la route il y a un peu de neige. Les lacs sont de moins en moins dégelés. L'arrivée à Perm se fait sous un vent glacial et toujours des flocons éparses. Perm est une ville « célèbre ». C'est d'ici que vient Tchaïkovski ; c'est ici que Boris Pasternak a écrit Dr Jivago. C'est ici que le Transibérien s'arrêtait dans le temps et que de là les aventuriers à cheval partaient à la découverte d'une Sibérie inconnue.
Nous visitons le Kremlin de Kazan, le matin, presque seuls ; même s'il n'est pas aussi prestigieux que celui de Moscou, nous apprécions le calme et la liberté de mouvement (ici ne réside pas Poutine!).
C'est ici aussi que se trouvait un des plus terribles goulags, fermé en 1988 par Gorbatchev. Nous étions venus pour visiter le seul musée du goulag existant. Une vraie galère pour en trouver la trace ! Perdu au milieu des bois, à deux heures de la ville, nous avons dû renoncer faute d'informations précises. Néanmoins, le froid et le vent glacial ressentis à Perm en ce jour de printemps nous ont permis de comprendre ce que fut la vie de ces prisonniers, pour la plupart innocents, en particulier durant les terribles hivers, et d'avoir pour eux une pensée émue...
Demain, 24 avril, nous prenons la route pour Ekaterinbourg, porte de l'Asie, entrée en Sibérie !
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