Argentine

28 octobre 2015

Nous arrivons à Foz de Iguazu à midi et cela tombe bien car nous avons gardé un bon souvenir d'une certaine churrascaria... Une churrascaria, c'est tout un programme ! Surtout quand elle annonce en plus « com rodizio », là c'est du délire. Une seule restriction cependant, ne pas être végétarien !

Le serveur annonce le nom du morceau qui nous est proposé. On mange à volonté et on repart en général avec un estomac si bien rempli que le repas du soir est oublié ! Une autre particularité du Brésil, c'est le restaurant ao kilo. Il s'agit d'un buffet libre (à volonté) ou au kilo, c'est à dire que l'assiette est pesée à la caisse et qu'on paie au poids. A partir d'environ 600 g le prix devient le même que pour le buffet libre. Sur cette assiette, on va charger tout ce qu'on veut : de la salade au dessert en passant par la viande au grill ou en plat cuisiné, tout est au même prix.
Celui-ci sera découpé par le serveur avec un couteau si bien aiguisé (ce qui n'est pas le cas des couteaux sur la table!) que l'on croirait qu'il coupe du beurre. La viande peut venir de différents morceaux de bœuf, du porc, du poulet, des brochettes de cœurs de poulet, ou encore de l'ananas mijoté à la broche, et même du fromage.
On peut faire plusieurs passages qui seront ensuite additionnés. Cette formule est toujours très économique que l'on soit gros mangeur (buffet libre) ou petit mangeur(ao kilo) puisque le buffet libre peut ne coûter que 3 ou 4 €.
Les coatis font partie du décor des chutes côté argentin. Une ribambelle de petits se glissent dans la forêt à la queue-leu-leu et sont toujours en train de jouer. Ils fouinent dans la terre avec leur museau, se lancent de branches en branches comme des singes et jouent les équilibristes sur les garde-fous des passerelles.
Les chutes d'Iguazu sont situées sur la frontière entre le Brésil et l'Argentine. On peut donc les visiter du côté brésilien ou du côté argentin. En fait, il faut faire les deux visites car le point de vue est totalement différent.
Ci-dessus, les chutes vues d'avion (la photo n'est pas de nous). Sur le côté gauche se trouve la garganta del diablo, la gorge du diable, ainsi appelée car la vapeur d'eau qui se dégage en permanence, et le vacarme qui l'accompagne donne l'impression d'être en enfer ! pour y accéder on prend un petit train qui circule dans la forêt derrière les chutes ; puis on chemine sur un ensemble de passerelles qui traversent la rivière (on pourrait dire le lac...) pour arriver juste au-dessus de la chute. C'est saisissant!
Du côté brésilien, on peut voir les chutes dans leur ensemble, donc de plus loin...
... que du côté argentin où des passerelles permettent d'appréhender les chutes de beaucoup plus près. On a beau les avoir déjà vues en 2010, le spectacle est toujours aussi fascinant !
A Foz de Iguazu, au Brésil, nous découvrons une auberge de jeunesse faisant aussi camping à proximité du site des chutes. Un endroit très sympa, avec un personnel aimable et serviable, et plein de français! Nous sympathisons avec une petite famille, Olivier et Delphine, et leurs deux enfants. Courageux, ils voyagent en sac à dos, bien chargés ! Nous pensions les revoir à Ibera, mais, pour des raisons différentes, ni eux ni nous n'y sommes allés. L'Amérique du sud est petite (!) nous les reverrons sûrement.
Nous nous dirigeons vers une autre qui nous annonce un taux de 10 pour un euro. Nous éclatons de rire et sortons. Puis allons vers l'assurance dont le bureau est glacial grâce à l'air conditionné. Non, ils ne font pas d'assurance pour les véhicules européens ; c'est interdit par la loi ; mais il y a une autre assurance un peu plus loin. Même réponse, mais essayez l'autre assurance. C'est déjà fait. Alors il y en a une troisième encore.
Nous quittons le camping après deux nuits pour passer en Argentine. A la frontière brésilienne, un policier me prend en amitié et me fait de grands sourires. Peut-être les cheveux blancs, peu courants par ici, y sont-ils pour quelque chose ? Au contrôle argentin, on nous dit que l'assurance est obligatoire en Argentine et que nous devons la faire tout de suite à Puerto de Iguazu. Cela va de soi pour nous , et pourtant...
La situation économique en Argentine n'est pas très bonne et l'inflation y est galopante. On ne change pas à la banque, on ne fait pas de retrait avec la carte bancaire ; on change dans les casas de cambio (maisons de change). Le taux officiel serait de 9 pesos pour un dollar, mais il existe un « dollar blue » avec un taux de change à 15 pesos. Le taux de ce dollar blue se trouve sur internet.
Nous arrivons à Puerto de Iguazu (côté argentin des sources) vers 14h. Il fait très chaud, 37°, sans le moindre souffle d'air. Nous repérons la casa de cambio qui ouvre à 15 h et à l'autre bout de la ville une assurance qui ouvre à 15h30. Pas un sou argentin en poche, impossible de se mettre au frais avec un bon jus de fruits glacé pour attendre ! A 15 h30 la casa de cambio n'est toujours pas ouverte alors je vais dans une agence de tourisme (il y en a plein!) demander à quelle heure cela ouvre pour entendre que la maison de change est fermée....définitivement !
Toujours la même réponse, toujours la même clim mortelle pour nous qui passons du chaud au froid et du froid au chaud. On nous signale la quatrième. Nous la cherchons sans la trouver. Peut-être est-ce pour cela que nous insistons ? Là, on trouve (enfin!) de la compassion et quelqu'un qui comprend notre problème et veut nous aider. Il va téléphoner et nous donne la réponse le lendemain. Mais il nous faut des pesos, alors on décide de faire un retrait à la banque (le taux est de 11). Quelle chance !!! On ne veut pas de ma carte bancaire au distributeur !
Alors on retourne la mort dans l'âme à la boutique de mauvais change. Fermée. On aurait pu désespérer mais son voisin change aussi, à 14 pour un euro ! Enfin, la chance tourne et avec des pesos dans la poche, on se sent tout de suite mieux ! Nous partons pour un repos bien mérité vers l'hôtel qui faisait aussi un super camping il y a cinq ans. Fini ! il ne fait plus camping. La nuit approche, le moral est très bas et on est complètement fatigué. Une petite pancarte nous met alors sur le chemin d'un petit camping où je pourrai faire quelques brasses dans une petite piscine fraîche au milieu des arbres.
QUI A DIT QUE LES VOYAGES ETAIENT DES VACANCES... ?
Le lendemain, nous retournons au bureau d'assurance pour notre réponse. A Posadas, c'est la journée des assurances, la fête des assurances (je ne savais pas que cela existait!) ; le bureau est fermé et il n'y a pas de réponse. Demain.
Nous cherchons un autre camping et allons à l'office du tourisme ou plutôt trois offices de tourisme ! Chaque fois la même réponse, il ne connaissent qu'un camping, jamais le même, et ils vont nous conduire en moto. Quand on demande de nous montrer sur la carte, ils ne peuvent pas, ils vont nous conduire. Le troisième va même essayer de téléphoner, mais n'arrivera pas à les joindre. Cela sent l'arnaque ! On trouvera finalement tout seul un petit camping en ville à moitié désaffecté où nous passerons une nuit dans le calme.
Le lendemain, la réponse de l'assurance est positive mais cela coûtera 8O€ par mois. Un peu trop à notre goût ! Nous décidons de retourner au Brésil et de voir si on peut s'assurer là-bas pour l'Argentine.
Nous repassons la frontière. Le policier brésilien est tout content de me reconnaître ! C'est un ami maintenant. Au camping nous demandons de l'aide pour l'assurance, on nous indique un bureau juste à côté de la frontière qu'on vient de passer où on nous fait l'assurance tout de suite pour 18 € par mois ; déjà plus sympathique !
En fait, le Brésil peut assurer pour l'Argentine mais pas pour le Brésil, tout comme en Argentine on ne pouvait pas nous assurer pour l'Argentine. Peut-être pourront-ils là-bas nous assurer pour le Brésil ? On ne cherche plus à comprendre ... Les ennuis sont terminés. Nous revenons au camping profiter de la piscine et discuter avec les nouveaux arrivés. Enfin le calme, le repos.
Nous passons l'après-midi du jeudi et tout le vendredi , à paresser au camping ou faire ça et là quelques petits travaux qui attendaient. En pleine forme, le moral remonté, pesos et assurance en poche, nous partons le samedi matin pour passer pour la troisième fois la frontière. Nous irons faire nos adieux à notre cher policier brésilien qui nous demande si nous passons définitivement la frontière cette fois. Nous lui répondons que oui, mais savons au fond que nous reviendrons ici l'an prochain.
Le samedi soir, nous arrivons à San Ignacio. Cette mission est la plus belle quand on vient au lever du soleil et que les murs prennent une belle teinte rose-orangé. Nous arrivons juste pour la fermeture et je demande au garde à quelle heure elle ouvre le lendemain. Demain ? C'est fermé, c'est le jour de l'élection présidentielle. Oui, toutes les autres missions seront fermées aussi. Bingo ! On ne pouvait mieux tomber !
Sur le chemin des Missions, nous nous arrêtons à Wanda, la mine d'améthyste. En 2010, nous l'avions vue sous la pluie, cette fois c'est le grand soleil.
Notre guide nous fait découvrir les géodes incrustées dans les murs, le plafond, jouant avec sa lampe électrique pour nous faire apprécier les couleurs. Un bonheur pour nous qui sommes passionnés de minéraux !
Nous allons vers la mission de Santa Ana, histoire de passer une nuit tranquille, loin de la ville. Bien sûr, on peut dormir ici ; on nous indique même une place bien horizontale. On nous invite aussi à venir visiter la mission, si toutefois on peut se passer d'un guide. Il est plus de 18h, c'est gratuit. Nous allons de surprise en surprise, et cerise sur le gâteau, les ruines de la missions seront éclairées jusqu'à 21 h !
Une churrascaria est un restaurant avec buffet et un service de viande cuite à la broche. Le rodizio, c'est quand les viandes sont apportées de table en table par différents serveurs au fur et à mesure que le maître du grill considère la cuisson terminée. Les viandes sont proposées au client qui choisit le côté dont il souhaite un morceau.
Ils sont tout à fait adorables ! Mais il ne faut pas se fier à l'eau qui dort, dit le proverbe ! Partout dans le site des panneaux mettent en garde : ne pas leur donner à manger, ne pas les caresser car il y a de grands risques de morsures ; la photo qui accompagne les mises en garde est tout à fait dissuasive !
Cette fois il n'y a plus de français au camping mais nous faisons la connaissance de Nicolas, jeune colombien qui découvre l'Amérique du sud en moto au cours d'un voyage de 6mois. Nicolas parle parfaitement le français et nous passerons de bons moments en sa compagnie. Il y a aussi Orlando, argentin, qui nous parlera beaucoup de son pays, en espagnol cette fois (bon exercice pour moi).
Nous arpentons les ruines au crépuscule, puis la nuit tombe. Je marche là où étaient les anciennes habitations ; le lieu est peuplé de ces fantômes qui ne voulaient que la paix et à qui on ne voulait faire que la guerre. La nuit se fait plus noire et je me hâte de retrouver la lumière des projecteurs, dans une période plus actuelle, auprès d'un Klaus bien réel...
Le gardien nous fait une visite guidée très détaillée du musée (bien peu garni, il est vrai) et nous parle beaucoup. Il faut dire qu'il se prépare une nuit de veille sans doute assez ennuyeuse... Il nous invite à revenir le lendemain visiter les zones non éclairées de la mission que nous n'avons pu voir.
Durant la nuit, une lumière s'allume derrière notre fourgon, puis une sonnerie tremblotante se met en marche. On dirait que l'alarme vient de détecter notre présence... La lumière s'éteint, la sonnerie reprend son souffle... Le phénomène a dû se répéter plusieurs fois dans la nuit, mais ni la lumière faiblarde, ni la sonnerie poussive n'arriveront à nous sortir d'un sommeil bienheureux. Même la pluie violente qui débutera en fin de soirée ne pourra nous sortir de nos rêves.
Le lendemain la pluie torrentielle n'arrête pas et il est hors de question pour nous de sortir du fourgon pour visiter la mission qui est devenue sans doute bien boueuse.
En arrivant au Brésil, nous avions freiné de nos quatre pieds sur la pédale de frein pour déguster en douceur le Pantanal puis Iguazu.
Mais ici, dans ces missions que l'on ne peut visiter (revisiter) pour cause élection présidentielle et la pluie battante, les freins ont lâché et nous voilà repartis à toute allure pour notre seul rendez-vous de ce voyage, les baleines à la péninsule de Valdès , en Patagonie.

QUI DIT ENCORE QUE LES VOYAGES SONT DES VACANCES ?

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