Colombie
4 janvier 2017
Le 24 décembre, nous entrons en Colombie.
Nous devons au plus tôt prendre une assurance pour le véhicule. A Mocoa où
nous arrivons vers 16h, la foule est dans la rue, certaines rues sont fermées
à la circulation, d'autres embouteillées. Nous ne sommes pas à la fête de
notre côté ! Aucun parking et les bureaux d'assurance fermés. Nous quittons
la ville pour trouver un endroit pour la nuit qui va vite arriver.
Une
place vide, à l'arrière d'une station-service, nous héberge. Pas un bar ni un
restaurant aux alentours. La pluie se met à tomber, il fait humide, pas très
chaud et nous sommes fatigués. Notre repas de réveillon sera la dégustation
de jambon et de camembert achetés à Banos pour l'occasion, et une petite bouteille
de vin rouge argentin. En fait, un repas de fête pour nous qui n'avons pas trouvé
un fromage digne de ce nom depuis le mois d'août, et qui ne buvons jamais de
vin.
Nous
pensons à Antoine qui fête le premier vrai Noël avec Armand et à Nicolas qui,
à Bangkok, est déjà couché depuis longtemps...
La
route qui rejoint Pasto depuis Mocoa serait, selon certains, une des routes
les plus dangereuses du monde, car très étroite et très fréquentée, notamment
par les camions. Nous ne sommes pas fous ! Nous ne la prendrons pas !
Nous
passons à San Augustin, puis rejoignons Popayan par cette piste que nous prenons
pour la troisième fois, venant chaque fois d'une autre direction. Nous trouvons
cette piste de plus en plus longue et là où il y avait enfin du goudron en août
dernier, tout est cassé et la piste n'est pas bonne non plus. Nous mettrons
trois heures pour faire les 45 km de pistes. Les camions étaient encore moins
rapides que nous et les 4X4 à peine plus.
A
Popayan, nous retrouvons la gentillesse des colombiens, soucieux de nous faire
plaisir. Nous cherchons le bureau d'assurance mais ce n'est pas aussi simple
que nous le pensions car seul le bureau principal est habilité à faire des assurances
de courte durée. Une femme et sa fille se détournent de leur chemin pour nous
conduire vers le bureau. Tout en sourire, en gentillesse, en attention. Ces
gens sont adorables ! (même si ce n'est pas l'avis de certains !)
Nous
allons au camping Rayos del Sol, recommandé par Patrick et Marie. Nous tournons
pas mal pour le trouver, les indications n'étant pas très précises. (Pour les
voyageurs qui le cherchent : prendre la route de Tierradentro, c'est à gauche
500 mètres après le carrefour). Le propriétaire est plein d'attentions. Il accueille
les clients avec verre de coca et petit sachet de biscuit, et se trouve à notre
disposition si nous avons besoin de quelque chose.
Deux
motards américains arrivent le soir sous une pluie battante. Tout de suite on
les installe sous un des lieux de repos couverts dans le jardin. Les motos et
la tente y seront au sec.
L'endroit
est très joli, le jardin bien fleuri et très propre, le wifi marche bien (sauf
qu'on se fait dévorer par les petites mouches). Nous y restons deux jours à
faire différents travaux d'entretien du véhicule.
Entre
Popayan et Cali des ananas débarqués par camion entiers et des montagnes de
mangues sont en vente en bord de route. Je m'arrête pour acheter des ananas,
5000 pesos les trois (1,60 €). Des filets de ce que je prends pour des citrons
sont suspendus mais la peau me paraît bizarre... ce ne sont pas des citrons.
Mon vendeur se précipite pour prendre dans un sac un fruit qu'il ouvre pour
me faire goûter. Goût nouveau, je laisse la deuxième moitié.
Nous
arrivons à Peira en fin d'après-midi et commençons à songer à chercher un endroit
pour la nuit. Mais la montée derrière les camions est très lente et un immense
embouteillage dû sans doute à un accident nous immobilise assez longtemps. Il
devient urgent de s'arrêter car la nuit approche mais pris dans le flot des
voitures nous quittons la ville et commençons à monter sur cette route assez
surprenante. Un viaduc nous fait réaliser un tour complet et la montée en altitude
est très rapide.
Nous
avisons la pub d'un parc Tambo et nous y rendons. Il fait presque nuit quand
nous arrivons. L'agent de sécurité accepte sans problème que nous nous restions
sur le parking pour la nuit. Il revient nous voir pour nous dire qu'il veille
sur nous, que, s'il y a un problème, nous klaxonnons et il arrive tout de suite.
Cela nous rassure à peine et nous espérons ne pas avoir besoin de son aide...
L'endroit serait-il dangereux ?
Posés,
nous pouvons nous reposer, ce que nous faisons en dégustant un verre de jus
de lulo (un de ces délicieux fruits exotiques) tout en regardant la ville illuminée
en contrebas et le ruban ininterrompu des phares des voitures se lançant à l'assaut
du col. Nous sommes dans un endroit touristique : nos deux jus et une petite
crème dessert partagée en deux nous coûtent 20 000 pesos (6,70 €). A midi nous
avions mangé un repas complet pour 7 000 pesos (2,60 €) par personne. Comme
beaucoup de pays d'Amérique du sud, la Colombie est très bon marché quand on
vit comme le peuple, mais dés que l'on aborde les lieux touristiques, les prix
sont semblables à ceux de l'Europe.
Une
magnifique et grande crèche illuminée est installée. Bien que nous soyons toujours
en tee-shirts et que la température oscille entre 22° et 26°, cette crèche nous
rappellent que nous sommes un 29 décembre, en pleine période de fêtes en France,
là où on se regroupe autour du feu. Cela nous paraît si loin, si irréel...
La
Colombie est un très beau pays. Montagneux, trois cordillères parallèles s'étirant
du nord au sud délimitent deux profondes vallées où coulent les deux principaux
fleuves du pays, le Rio Cauca, entre les Cordillères Occidentale et Centrale,
et le Rio Magdalena entre les Cordillères Centrale et Orientale. C'est là que
se trouve la capitale Bogota à plus de 2000 m d'altitude. Ces deux grands fleuves,
grossis de leurs affluents, se rejoignent peu avant la côte et se jette dans
la Mer Caraïbe (l'Océan Atlantique).
C'est
un pays très vert où lors de la descente d'un col on peut voir toute une variété
de végétation, des forêts de pins en haut à la canne à sucre et les cocotiers
en bas. Les montagnes sont hautes, plusieurs sommets dépassent les 5000 mètres.
Très
propre, on ne voit que rarement traîner des ordures, les bords de route sont
nettoyés, tondus souvent par des vaches attachées par une corde, et surtout
les maisons sont délicieusement fleuries. Ici les gens ont vraiment le sens
de la beauté et chaque maison est peinte et fleurie. Ces couleurs dans la verdure
nous remplissent le cœur de joie et nous font oublier le déprimant désert péruvien,
aux villes surpeuplées de gens et d'ordures.
Sachant
qu'il est difficile dans cette ville de trouver un endroit pour la nuit, nous
recherchons tout de suite un parking qui accepte que nous dormions dans le fourgon.
Réponse négative partout. Nous arrivons finalement au parking du jardin botanique.
Il ferme exceptionnellement à 1h du matin. Mais après il faut partir. Nous demandons
à un policier de nous aider. Son chef va venir nous voir et trouvera pour nous
un endroit pour passer la nuit, pas très loin de ce jardin botanique.
Il
nous accompagne pour expliquer au gardien ce qu'il faut pour nous. C'est la
fête à Medellin et de nombreuses rues sont coupées. Nous ferons un très long
détour pour arriver tout près du jardin que l'on vient de quitter. Le policier
connaît l'anglais et nous parle pendant ce long trajet de ce temps de la cocaïne
en Colombie et du travail très dangereux de la police d'alors.
Nous allons finalement nous garer tout
près du parc Explora, en toute sécurité et nous nous rendons le soir à la
Fête des Lumières !
Une véritable féerie qui transforme tout
le parc en un lieu magique.
Nous
suivons des chemins encadrées de bougies lumineuses géantes, de fleurs plus
hautes que nous, de véritables maisons, des bonshommes qui ressemblent à de
géantes poupées russes et qui représenteront même Marie, Joseph et le petit
Jésus devenu très très grand du coup !
Nous
suivons le ruban de la foule qui déambule lentement (trop !) sur le chemin à
sens unique, impossible à quitter donc oublions le demi-tour...
Pendant près de trois heures, nous nous émerveillerons, comme tout le monde,
comme des enfants que nous sommes redevenus, sur ce monde magique ! Soudain,
au milieu des feuillages, apparaît dans l'obscurité la tête monstrueuse d'un
animal préhistorique, oscillant la tête de droite, de gauche tout en ouvrant
et fermant une gueule énorme ! Saisissant !
Des
gens déguisés en Robokop ou autre Superman dont j'ignore le nom, se font photographier
avec enfants ou même adultes, moyennant une petite rétribution. Il faut dire
qu'ils sont très inventifs dans les déguisements ! Plus tard, ce sont les musiciens
qui s'installent dans un coin, regroupant autour d'eux quelques admirateurs.
Quand
vers 21h nous rejoignons épuisés notre fourgon, la foule a encore grossi et
la fête se poursuivra jusqu'à minuit. Cette Fête des Lumières est là depuis
début décembre et finira le 6 janvier.
Mais
le problème pour nous, c'est que le 31 décembre et le premier janvier, tout
est fermé ! Pas de musée, ni d'aquarium à visiter. C'est un peu dépités que
nous quittons Medellin pour y revenir le lundi. Notre projet d'envoyer le fourgon
à Panama le vendredi suivant tombe à l'eau et nous devrons attendre au moins
une semaine de plus.
Dans la petite ville de Guatape, il y a foule. Le camping où nous étions restés
en 2011 n'existant plus qu'à l'état de ruine, nous nous garons sur le très grand
parking aménagé au centre même de la ville. Finalement le choix se révélera
bon puisque nous serons à deux pas des festivités.
Et
des festivités, nous allons en avoir ! La place centrale est toute décorée de
petites lumières blanches et au fond sur l'église blanche se décline un éclairage
pastel du jaune au bleu en passant par le rose. Au milieu de la place, la fontaine
fait jaillir des flots d'eau d'un bleu profond. Tout est délicat, doux, agréable.
Au moment de partir je prends la deuxième
moitié pour faire goûter à Klaus mais le vendeur me retient et repart vers
son sac pour me rapporter une pleine poignée de fruits. Ces gens sont très
pauvres et pourtant ils donnent. Et ils sont heureux de donner.
(Ci-dessous à gauche, raisins
dans la voiture)
De
Popayan, nous sommes allés directement à Medellin, espérant arriver assez tôt
à Cartagena pour pouvoir envoyer le fourgon le vendredi la semaine suivante.
Nous arrivons à Medellin vers 16h le vendredi 30 décembre.
Une
nombre impressionnant de boutiques de nourriture déversent d'énormes quantités
de viande sur les grills, puis sur les assiettes plastique et les gens mangeront
assis qui sur un tabouret, qui sur un escalier, qui sur la bordure d'un trottoir.
On voit de nombreux grills qui grillent des épis de maïs. Il est surprenant
de voir qu'ils sont tous tenus par des noirs ; sans doute plus pauvres, ils
utilisent une matière première moins chère...
Nous sommes à Guatape pour le 31 décembre, endroit bien tranquille pensions-nous.
Nous nous rendrons vite compte de notre erreur sur la route car nous n'étions
pas seuls à nous y rendre ! Au bord de la route, on vend de nombreux mannequins,
poupées de chiffons. Sans doute une tradition pour le 31 décembre
car le lendemain nous n'en verrons plus aucun.
Une
foule chemine tranquillement ou est assise sur les bancs, vite insuffisants,
alors ce sont les murs des massifs, les escaliers qui vont être occupés. Il
règne une grande activité mais un certain calme pourtant, malgré la puissance
de l'orchestre. Puis vient le défilé du « Carnaval de l'ano viejo » (Carnaval
de l'an vieux).
Les
colombiens ont le sens de l'humour. L'hélicoptère du comando-terrorista sèmera
la gaîté chez les spectateurs ! Il n'y a pourtant pas très longtemps qu'ils
semaient encore les larmes...
Armés
de mitraillettes à eau en plastique, les terroristes prennent un otage dans
la foule, le poussent dans l'hélico, cherchent un ami pour payer la rançon (quelques
pièces, soit quelques centimes), puis le libèrent.
En fait tout est drôle, bon enfant. Ici, on ne se fait pas payer pour être photographié
mais on pose de bon cœur et avec le sourire (bien sûr pour certains on ne sait
pas ce qu'il y a sous le masque...).
Le
lendemain la ville a retrouvé sa tranquillité même s'il y a encore beaucoup
de touristes au bord du lac et dans les restaus. Nous retournons à Medellin
pour visiter le parc Explora et son aquarium.
La
sono de l'orchestre est puissante mais l'église lui fait concurrence ! Pendant
la messe, c'est la queue devant les confessionnaux. Une église déjà bien pleine
au milieu de la messe et qui va déborder sur le parvis vers la fin de l'office,
chacun venant chercher sa bénédiction avant d'attaquer la nouvelle année.
Les
douze coups de minuit ne déclenche pas le délire de la foule mais beaucoup de
tendresse entre les personnes. Je me suis sentie un peu frustrée seule dans
cette foule, Klaus me trompant depuis déjà deux heures dans les bras de Morphée...
Pendant ce temps les tirs intermittents des feux d'artifice provoque un concert
de klaxons avec les alarmes des voitures sur le parking ; concert renouvelé
à chaque nouvelle série de tirs.
Les cavaliers ont fière allure ! Tous ensemble ils feront exécuter
un petit pas de danse à leur cheval.
Cette minuscule petite grenouille est
sans doute la plus vénéneuse au monde ! Gare à celui
qui la touche...
Nous verrons à cartagena dans
un jardin botanique, en liberté, une famille de grenouilles semblables
(voir article suivant).
Deux jours plus tard,
nous arrivons à Cartagena. Notre dernière étape en Colombie,
mais aussi en Amérique du sud .
Ci-dessous : "Ara
est couleur, diversité et joie.
Ara est Colombie !"
(Ara
est la marque d'un supermarché en Colombie)