Argentine

26 novembre 2015

Nous arrivons à El Calafate, de retour dans la civilisation. Cette ville s'est considérablement agrandie en 5ans. Une grande avenue borde le lac, ou plutôt ce qui a été le bord du lac car celui-ci s'est bien retiré. Cette avenue démesurée porte le nom de Nestor Kirchner.

Cette ville est l'accès au glacier du Perito Moreno où nous passerons la journée du lendemain. La forme du glacier est différente de ce que nous avons vu en 2010. Les chutes de séracs sont peu importantes et peu nombreuses. Nous y sommes sous le soleil mais le vent est glacial. Trop gâtés en 2010 par de nombreuses et spectaculaires chutes de glace, nous sommes un peu déçus dans notre attente cette fois.
Un peu dégoûtés aussi par les prix sans cesse en hausse en particulier ceux des ballades en bateau qui ont beaucoup augmentés. Mais le glacier reste un spectacle époustouflant ! Le soleil fait apparaître des dégradés de bleus dans la glace, la couleur du lac est elle aussi très spéciale. Et cette année de nombreux arbres aux fleurs d'un rouge éclatant mettent une délicieuse couche de couleur sur ce magnifique tableau de la nature.
Les incendies sont un véritable problème en Patagonie. Le vent très violent propage le feu à une grande vitesse. Partout où il y a des forêts, nous voyons de grandes zones de troncs calcinés. Parfois ces arbres, très grands et très vieux, reprennent vie ensuite, mais la plupart du temps, il ne reste rien. Au Parc Torres del Paine, deux immenses incendies ont ravagé une grande partie du parc, en 2005 et l'autre en 2010, juste après notre dernier passage.

Sur cette photo, on remarque les zones d'un gris violet qui ont brûlé. Les zones claires correspondent à un sol plus sableux mis à nu.

Les incendies sont dans la nature et font partie d'un cycle de nettoyage de la forêt. Les arbres les plus grands ne meurent pas tous. Ils reprenent vie et régénérent le sol sur les cendres. Lorsque la cause est humaine (feu imprudent, mégot non éteint jeté dans les brousailles,... ) ce cycle est interrompu et la nature est perturbée.

"Protéger l'environnement est la responsabilité de chacun"

On trouve un peu partout ce type de pancarte en Amérique du sud, et surtout dans les parcs nationaux. Le rappel du respect de l'environnement est sans arrêt sur les routes. Mais nous n'avons jamais compris pourquoi, en particulier dans les parcs comme le torres del Paine ou le Perito Moreno, les chauffeurs de bus et minibus laissent TOUJOURS tourner leur moteur pendant que les touristes visitent le site !

Au Perito Moreno, une pancarte demande aux chauffeurs d'arrêter leur moteur si l'arrêt dure ... plus de 10 minutes.

Préparer le maté pour le conducteur fait partie des tâches du copilote (qui le prépare pour lui aussi bien entendu !)

Nous partons vite vers El Chalten. Le Fitz Roy, lui, n'a pas changé. Toujours aussi beau, aussi impressionnant et la petite ville de El Chalten reste ce qu'elle était, une ville de passionnés de la montagne, dans toute sa simplicité, même si les boutiques, agences et hostals sont beaucoup plus nombreuses pour faire face à la demande. Nous aurons la chance d'avoir deux journées de soleil et sans vent, tout à fait exceptionnel !
Des savoyards de Bourg Saint Maurice viennent nous voir. Ils ont fait deux randonnées ici, sans vent et toujours par le beau temps. Quelle chance pour eux ! Le lendemain ils partaient pour le Perito Moreno quand à El Chalten, le vent s'est mis à souffler très fort.
Comme partout, dans le Parc National les oiseaux sont présents
Continuant notre route vers le nord, nous faisons le détour par la Cueva de las Manos, la grotte des mains. Une nouvelle piste, plus courte (28 km au lieu de 50), plus belle aussi, y conduit. Elle traverse de profonds canyons très colorés où les montées et les descentes sont très raides.

Quelques guanacos nous regardent passer sur le chemin.

Puis nous arrivons au Rio Pintura, si verdoyant en ce printemps. La grotte des mains se trouve dans les falaises qui encadrent la vallée. Nous sommes seuls avec notre guide et prenons notre temps pour la visite.

Il est impressionnant de voir ces peintures qui ont traversé près de 10 000 ans, alors qu'aujourd'hui on est incapable de fabriquer une peinture qui ne va pas s'écailler après 10 ans. Il est vrai qu'à cette époque la notion commerciale n'existait peut-être pas encore...

La technique employée consiste à remplir un os de peinture et de souffler avec la bouche la peinture sur la roche ou autour de la main.

La Cueva de las Manos regroupent trois périodes d'habitation différentes. Durant la plus ancienne, de -10 000 à -7000, la main est posé sur la roche et la peinture est déposée autour de la main (mains claires).
Puis de -7000 à -3000, la roche est d'abord peinte, la main est posée sur cette roche peinte, puis la peinture est redéposée autour de la main (mains plus sombres).
Au cours de la dernière période, de -3000 à -1000, des dessins géométriques tels que lignes brisées, points, cercles, ou des personnages seront ajoutés.

Sur le parking de la grotte, nous rencontrons des camping-caristes argentins. Les argentins utilisent souvent de vieux bus qu'ils rallongent parfois avec des tôles soudées, pour en faire une véritable maison.

Ici habite une famille durant leurs vacances : le père (qui fait l'aménagement), la mère (qui fait la cuisine), la fille et le fils (qui me racontent la vie de la famille), le petit dernier, l'oncle (qui mange et lit le journal) et un petit cousin (venu profiter des vacances).
Ces gens sont très sympathiques et ça discute hardi petit avec force "che che" bien sûr. Ils viennent visiter notre fourgon et le père y cherche quelques idées pour le sien. Quelle bonne humeur dans cette famille !!!
La dernière fois que nous étions venus en Patagonie, il y a cinq ans, nous étions très surpris de ne pas y voir de moutons. Peu auparavant, une longue période de sécheresse avait touché la Patagonie et décimé une grande partie du bétail. Cette année, ils sont très nombreux et leur laine, en ce printemps, est bien épaisse. Les agneaux, presque tous nus, contrastent avec leurs parents.
Nous quittons l'Argentine et la partie occidentale des Andes pour nous rendre au Chili, du côté du Pacifique, pour aborder la Carretera Austral.
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