Brésil

6 septembre 2016

Nous quittons le Pantanal nord pour rejoindre l'Amazonie. Plus nous allons vers le nord, plus nous montons en altitude plus la température baisse. Il fait 13° alors qu'il y a quelques jours nous étions encore à 40° ! L'humidité est très importante, il nous semble entrer dans les nuages. Sans pluie, le pare-brise se mouille instantanément et pourtant la route reste sèche. Nous traversons quatre petites chaînes de montagnes et nous passons un col à 600 mètres. Nous sommes sur la ligne de séparation des eaux : au sud de ces montagnes, les rivières coulent dans le Rio Paraguay qui se jette dans le Rio de la Plata et rejoint la mer entre Buenos Aires et Montevideo (Uruguay). Au nord des montagnes, les rivières coulent vers l'Amazone.

Wir verlassen das nördliche Pantanal um zum Amazonas zu fahren. Je mehr wir nach Norden fahren, desto mehr gewinnen wir an Höhe und um so mehr sinkt die Temperatur. Es sind jetzt 13°C, vor einigen Tagen waren es noch 40°C!
Nous arrivons à Porto Velho où nous envisageons de prendre le bateau pour Manaus. Les routiers auprès desquels nous nous renseignons, nous le déconseillent. La route entre Porto Velho et Manaus n'est plus ce qu'elle était (complètement défoncée et pleine de trous) en 2011. Elle est maintenant bien praticable et plus commode que le bateau. Nous suivons leur conseil.
Wir wollten von Porto Velho nach Manaus mit dem Schiff fahren, aber Lkw-Fahrer rieten uns, auf der Piste zu bleiben, mehr als 6OO km durch den Wald, mit kaum einem Dorf. Zuerst fuhren wir auf einer asphaltierten Straße mit vielen Löchern, dann kamen wir auf die Piste.
Les premiers 200 km jusqu'à Humaita sont vite parcourus sous un beau ciel bleu. Cela se gâte juste avant d'arriver en ville. Un déluge inonde la ville. C'est la sortie des écoles et les élèves se précipitent sous des abris, les motos se fraient un passage entre les flaques d'eau et beaucoup de piétons marchent courbés en tentant de s'abriter sous un sac de classe, un sac plastique ou simplement la main. Après un rapide tour de ville et la contemplation de l'immense fleuve dans le brouillard, nous nous réfugions à une station-service tandis que la pluie s'arrête et qu'une magnifique lumière très pure éclaire la ville.
Le lendemain, il fait très beau et nous nous lançons vers Manaus, plus de 6OOkm à travers la forêt presque sans village. D'abord une route goudronnée avec beaucoup de trous, puis nous arrivons sur la piste. Nous croisons deux motards uniformément rouges de la boue de la piste (conducteurs et motos) ; ils ont sans doute été pris sur la piste pendant la pluie ; on imagine l'enfer ! Et ce n'est pas Alain qui me contredira !
Das große Problem auf dieser Strecke ist, dass es keine Parkplätze gibt. Neben der Piste ist es sehr sandig, sie wurde auf einer Art Damm gebaut, den wir nicht verlassen können. Wir müssen ja aber trotzdem einen Platz zum Halten finden! Für den Morgenkaffee, das Mittagessen und vor allem für die Nacht!
Pour nous la journée est radieuse. Nous traversons une forêt pas très haute mais assez dense. On se dit qu'il faudrait une bonne machette et beaucoup d'énergie pour arriver à se frayer un chemin. Le gros problème sur cette piste est la totale absence de parking et d'emplacement où s'arrêter car, à côté de la piste, c'est très sableux et comme la piste est construite sur une sorte de digue, on ne peut pas la quitter.
Et pourtant il le faut bien ! D'abord pour le café du matin, puis le repas à midi, la pause de l'après-midi et surtout pour la nuit ! Nous cherchons désespérément une place alors que la nuit approche. Comme il y a des travaux sur la route, nous avisons un endroit où sont garées les grosses machines de chantier puis une petite place pour décharger le bitume cassé. Nous nous y engageons et espérons ne pas avoir de pluie.
Espoir déçu très vite ! Dés 21 h un orage que nous avions vu au loin est arrivé sur nous. Pluie diluvienne, éclairs incessants, grondement du tonnerre. Le lendemain, nous nous réveillons au milieu d'un lac de boue ! Prévoyant, Klaus s'était garé sur une petite bosse. Inutile d'essayer de sortir, tout est plein de boue. La pluie tombera de façon ininterrompue pendant 12 heures. Nous attendons encore deux heures puis première tentative de sortie infructueuse.
Nous nous décidons à essayer de demander de l'aide à un véhicule (ce n'est pas gagné, on est dimanche et il y a très peu de véhicules sur la piste). Klaus prépare une sangle qu'il pose sur la roue de secours en attendant un véhicule. La deuxième tentative sera la bonne et, tout en patinant, le fourgon parvient à rejoindre la piste. Conclusion : une sangle, même posée sur la roue de secours, peut être la solution pour se tirer d'un embarras !
Nous aurons plus de chance la nuit suivante. Un emplacement semble être fait pour notre fourgon. Nous sommes dans la forêt, seuls, et les bruits de la forêt, celui des oiseaux, des insectes comme les cigales, des sifflements, des grondements sourds, se font entendre sans le moindre bruit humain parasite.
L'air est pur, il n'y a pas de moustiques ni d'insectes volants. On est bien. On s'endort pour une nuit sans souci car, même en cas de pluie, nous n'aurons aucun mal à repartir le lendemain. En fait, il pleut ici environ toutes les 36 heures.
Nous voyons un combi WV arrêté sur la piste. Il est en panne et le chauffeur nous demande si on peut pousser son véhicule avec le nôtre sur... 14 km ! Nous sommes bien obligés de refuser et il n'insiste pas. Bien après il va nous doubler, tiré par un autre véhicule. Nous le retrouvons au bac.

En attendant le départ, les enfants se servent du bac comme plongeoir.

Une cuvette de toilette est posée là, allez savoir pourquoi...

Man geht nicht ins Theater um die Aufführung zu sehen, sondern um zu sehen und gesehen zu werden. Deshalb sind die obersten Logen die beliebtesten und teuersten.
La dernière journée sur la piste se passe sous le soleil. Il y a à présent des habitations, d'abord des masures très pauvres de pêcheurs, puis un peu meilleures, celles des petits paysans qui défrichent un coin de forêt.
Ils coupent les plus grands arbres puis mettent le feu. Bien souvent, il reste les souches qui ponctuent le terrain et c'est entre elles que les paysans vont planter le manioc, base de leur alimentation.
La pêche en Amazonie est très pratiquée. Il faut dire aussi que les poissons pêchés n'ont rien à voir avec nos petites truites. Chaque pêcheur a dans son sac quelques poissons de plusieurs kg !
Environ à 180 km de Manaus, nous retrouvons plus ou moins le goudron. Certaines fazendas ont des demeures plus jolies. On voit aussi de plus en plus de petites maisons de campagne des habitants de Manaus, avec un bras de rivière sur le terrain, une petite barque pour aller à la pêche .

Finalement nous arrivons au ferry qui va nous faire franchir l'Amazone puis le Rio Negro pour rejoindre Manaus, pas moins de 18 km en deux heures. Nous sommes à l'avant du bateau, fenêtres ouvertes. Il fait nuit, un vent agréable nous rafraîchit. Et nous arrivons à Manaus.

Wir erreichen die Fähre, die uns über den Amazonas und den Rio Negro fährt, um nach 18 km Manaus zu erreichen. Wir sind an der Vorderseite des Schiffes mit geöffneten Fenstern. Es ist Nacht und ein angenehmer Wind erfrischt uns. Dann erreichen wir Manaus!

Der Markt ist direkt neben dem Fluss. Pirarucu, der längste Süßwasserfisch, kann zwei Meter Länge erreichen! Es wird frisch oder gesalzen gegessen; er wird dann in Rollenform angeboten.
Manaus, la capitale de l'Amazonie, une ville de un million et demi d'habitants, est totalement isolée du monde. Il y a bien peu d'accès routiers pour l'atteindre. Au nord, la route de Boa Vista vient du Vénézuela. C'est celle que nous aurions dû prendre l'an dernier si nous n'avions pas fait demi-tour à Maracaibo. C'est aussi l'accès pour rejoindre les Guyannes. L'autre accès est la piste que nous venons de prendre, 800 km pour atteindre la première grande ville au sud, Porto Velho. Autrement tout se fait par le fleuve.

Manaus, die Hauptstadt des Amazonas, eine Stadt mit 1,5 Millionen Einwohnern, ist völlig abgeschnitten von der Aussenwelt. Es gibt nur wenige Zufahrtsstraßen, alles bewegt sich über den Fluss. In der Stadt merkt man nichts von dieser Isolation. Manaus ist angenehm und lebendig.

Die Schwimmdocks passen sich der Höhe des Flusses an. Das Niveau des Wasserstandes kann bis zu 14 Metern betragen.

Dans la ville même, cet isolement ne se ressent pas. Manaus est une ville agréable, vivante, et même grouillante aux abords du fleuve. C'est là que se concentre toute la vie. Les quais sont flottants pour s'adapter à la hauteur du fleuve. Entre une saison de pluies abondantes et une période sèche (c'est à dire avec moins de pluie ) plus sèche que la normale, la différence du niveau de l'eau peut atteindre 14 mètres. L'année 2016 n'a pas connu de pluies très abondantes (période de décembre à avril).
Le marché de Manaus se trouve à côté du fleuve. Nous sommes particulièrement fascinés par les poissons de l'Amazonie. Le pirarucu, le plus long poisson d'eau douce, peut atteindre 2mètres de long ! Trop pêché et menacé d'extinction, la pêche a été régulée et une taille minimale est désormais requise. Il est consommé frais ou salé ; il est alors présenté sous forme de rouleau.
Le tambuqui est aussi souvent dans nos assiettes, tout comme le pacu et tant d'autres encore. C'est un régal pour les yeux mais aussi pour le palais !

Dés notre arrivée à Manaus, nous nous rendons au port afin de nous renseigner pour notre bateau pour Belem. Nous sommes lundi et choisissons le bateau du samedi. Ce ne sera pas de trop pour profiter de la ville.

Als wir in Manaus ankommen, gehen wir gleich zum Hafen, um uns über unser Schiff nach Belem zu erkundigen. Es ist Montag und wir buchen das Boot für Samstag.

Manaus ist eine Stadt, die in der Mitte des neunzehnten Jahrhunderts mit der Entdeckung der Reifen boomte. Das Basismaterial dafür ist Gummi, der Saft der Gummibäume des Amazonas-Regenwalds. Die Gummi-Barone machten ihren Reichtum mit dem, was "Soft Gold" genannt wird.
La question de notre départ étant réglée, nous commençons à visiter la ville historique. La place du théâtre en est le centre. Car le théâtre de Manaus est un monument tout à fait extraordinaire ! Un peu d'histoire... Manaus est une ville qui a connu son essor au milieu du XIXè siècle par la découverte des pneumatiques. Le matériau de base est le caoutchouc, sève de l'hévéa, arbre natif de la forêt amazonienne. Les barons du caoutchouc ont fait fortune avec ce qu'on a appelé « l'Or Mou ». Le précieux caoutchouc était emporté par voie fluviale jusqu'à Belem et chargé alors sur les bateaux pour traverser l'océan et rejoindre l'Europe. Les bateaux revenaient à vide. Alors, on leur a trouvé une charge...
Quand on a beaucoup d'argent et qu'on ne sait plus quoi en faire, on est prêt à toutes les extravagances. A Manaus, un théâtre fut construit. Tout ce qui pouvait se faire de mieux lui était destiné et le prestige de l'Europe, en particulier de la France a joué. Le plafond du théâtre a été peint à Paris et transporté d'une seule pièce (à remarquer les pieds de la Tour Eiffel. Impossible de mettre tout le plafond sur la photo). Tous les lustres sont de Murano ; le bois est amazonien mais travaillé au Portugal.
Le théâtre est surmonté d'une coupole recouverte de tuiles vernissées provenant d'Alsace. Cette coupole a été souvent contestée, il a même été question de la détruire. Avant la construction des grands immeubles, on pouvait la voir de presque partout en ville. Aujourd'hui, c'est un symbole de Manaus.
L'intérieur du théâtre, construit selon les modèles européens, montre un parterre entouré de trois étages de loges. Comme on ne venait pas au théâtre pour voir le spectacle, mais pour voir et se faire voir, les loges les plus hautes étaient les plus recherchées et les plus chères ;
Wir warten auf den Start der Fähre, welche die Kinder als Sprungbrett benutzen. Eine Toilettenschüssel ist dort installiert, warum ... ?
Wir besuchten eine Show (kostenlos) im Theater. Teil eins: Ein komischer Schauspieler sprach mit einem kleinen Modell. Alle lachten, aber wir haben gar nichts verstanden. Der zweite und dritte Teil, zwei brasilianische Orchester.
A l'époque, un orgue a été offert par les États-Unis pour le théâtre. Pourquoi ??? Il n'a aucun tube, donc l'orgue ne fonctionne pas et n'a jamais fonctionné à Manaus... (cela rappelle ceux qui donnent en guise d'aide humanitaire des appareils déficients qui ne pourront jamais être réparés à destination et ne feront qu'augmenter les poubelles de ces pays).

Afin que les calèches des retardataires ne dérangent pas le spectacle (que d'ailleurs personne ne regardait), les pavés autour du théâtre étaient recouverts de caoutchouc.

Le théâtre de Manaus figure parmi les cinq plus beaux théâtres du monde. Nous le trouvons un peu trop lourd et trop chargé, mais ce jugement n'engage que nous...

Tout autour de la salle, sur des figures de diable, sont inscrits les noms des musiciens en vogue : Wagner, Rossini, Verdi, Beethoven, Mozart,...
Nous avons pu assister à un spectacle dans ce théâtre. La première partie était un duo, comique si l'on en juge par l'hilarité de l'acteur et de la salle : l'acteur tenait sur ses genoux une haute poupée représentant un noir en chapeau melon avec qui il s'entretenait. Au début toute la salle riait (sauf nous car nous ne comprenions rien...). Peu à peu, moins de monde riait dans la salle et à la fin l'acteur seul riait de ses blagues. Il était temps qu'arrive la deuxième partie du spectacle..
Le rideau s'ouvre sur un orchestre d'une dizaine de musiciens, sans doute chanteurs connus vu les cris stridents poussés par les filles dans la salle, accompagnés d'un concert de sifflets. C'est eux qu'on était venus voir (enfin pas nous car nous avions seulement profité de la gratuité du spectacle sans aucune idée de ce que cela serait).
Ein Theater wurde gebaut. Die Decke wurde in Paris gemalt, die Lampen sind aus Murano. Die glasierten Fliesen, welche die Kuppel decken, kommen aus dem Elsass.
Les barons ont dû se retourner dans leur tombes !!! Sono très forte (comment pourrait-il en être autrement au Brésil?), beaucoup de percussions, de la vraie musique brésilienne reprise en chœur par une bonne partie de la salle qui connaissait toutes les paroles.
Et puis la troisième partie du spectacle fut un autre groupe brésilien, moins apprécié des jeunes apparemment car la salle commençait à se vider, mais malgré tout, les trois jeunes filles derrière nous connaissaient aussi toutes les paroles (même si elles n'étaient pas toujours dans le rythme et parfois chantaient faux... Mais l'essentiel, c'est participer !) Pour nous, le plaisir était avant tout d'assister à un spectacle dans cet endroit magique. Et nous avons été comblés !
les meilleures étant celles situées de part et d'autre de la scène. De là on voyait la salle entière (et on était vu par elle) ; par contre on ne pouvait absolument rien voir de ce qui se passait sur la scène, bien trop en retrait !
Damit die Kutschen der zu spät Kommenden nicht die Show stören (auch wenn eigentlich niemand die Aufführung anschaut), wurden die Straßen rund um das Theater mit Gummi bedeckt.
Un petit retour en arrière, au début du XX è siècle. Un jour, un anglais (encore eux !) s'est emparé de quelques milliers de graines d'hévéa qu'il a emportées clandestinement dans son pays. Planté en Malaisie, l'hévéa s'y est parfaitement adapté. C'en était fini du caoutchouc brésilien.
Seinerzeit raubte ein Engländer (die schon wieder!) mehrere tausend Gummibaum-Samen und transportierte sie illegal in sein Land. In Malaysia angepflanzt, hat sich der Gummibaum perfekt entwickelt. Die Kautschukpreise brachen zusammen, die Barone wurden ruiniert und die Blütezeit von Manaus, Belem und anderen großen Städten war vorüber.
Il y a deux raisons principales pour que le caoutchouc de Malaisie ait supplanté celui du Brésil dans l'économie mondiale. La première est que les hévéas, natifs de l'Amazonie, se trouvaient alors surtout en forêt disséminés au milieu d'autres arbres et peu en plantations, donc plus difficiles à exploiter. La seconde, et la plus importante, est l'accès à la mer plus aisé en Malaisie.
Le cours du caoutchouc s'est effondré, les barons ont été ruinés et la période faste de Manaus, Belem et d'autres grandes villes s'est achevée...
Nous continuons à travailler et la deuxième partie de l'Amazonie ne va pas tarder...
Wir halten an einer Baustelle neben der Straße und hoffen, dass es nicht zu regnen beginnt, aber um 21 Uhr kommt ein schweres Gewitter. 12 Stunden lang regnet es stark ohne anzuhalten und wir stehen mitten im Schlamm. Erst nach mehreren Versuchen kommt Klaus auf die Straße.
In der nächsten Nacht finden wir einen besseren Platz zum Anhalten. Wir sind allein im Wald und die Geräusche der Vögel, das Zirpen der Grillen, Zischen und Poltern werden nicht durch menschlich verursachte Geräusche gestört. Die Luft ist rein, es gibt keine Mücken oder fliegenden Insekten. Herrlich! Wir schlafen für eine Nacht ganz ohne Sorgen, denn auch bei Regen werden wir keine Probleme haben, wieder auf die Piste zu kommen.
Wir sind weiterhin am Arbeiten und der zweite Teil des Amazonas folgt in Kürze ...
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