Brésil
La Côte des Cocotiers. 8 avril 2011. Ilhéus est une charmante petite ville accrochée, comme toujours, à une colline et est de plus la capitale du chocolat, située au milieu de la Costa do Cacau. Nous promenant dans le centre historique, nous avisons une boutique de chocolat, la ville comptant plusieurs fabriques de « chocolat artisanal ». 14 réals les 100g, 140 réals le kg,...nous comptons, incrédules, cela fait du 70€/kg ! Notre envie de goûter le chocolat brésilien, qui, selon Suzanne, n'est pas bon, s'évanouit rapidement ; d'autant plus qu'à 32°, on a plus envie d'une boisson fraîche que de chocolat.
Nous laissons s'écouler le week-end avec deux jours de faniente sur la plage déjà garnie de cocotiers. L'eau est chaude, les vagues moyennement grandes, les brulures du premier soleil à Porto Seguro cicatrisées. Mais on ne reste pas longtemps au soleil car nous nous rapprochons de l'équateur, et le soleil tombe à la verticale, extrêmement chaud. D'ailleurs les brésiliens sont tous sur des chaises, à l'abri des parasols et quittent la plage à midi.
Arrivés à Salvador le dimanche soir, pas question de se baigner ! La plage est aux surfeurs et les vagues gigantesques ! Nous ne nous lassons pas de les admirer.

Dans la nuit, une pluie torrentielle s'abat sur la ville et continue toute la journée. Nous abandonnons notre projet de visite de la ville de Salvador et reprenons la route vers le nord. Nous ne savons pas encore jusqu'où nous irons car il nous faut de toutes façons revenir à Salvador pour rejoindre ensuite Brasilia.

à gauche, une lanchonete, petit snack où on trouve plein de bonnes choses à manger !

Nous faisons ainsi de longs trajets sur la route dans l'arrière-pays avec des incursions sur la plage quand le temps le permet car il pleut presque chaque jour, surtout la nuit. Sur le chemin, nous rencontrons des pompes à pétrole qui, comme les shadocks, pompaient, pompaient....
A Aracaju, jolie petite ville en bord de mer, nous nous arrêtons sur le grand parking d'un petit restaurant isolé. Tout sur place ! La mer, le bar et le restau. Il n'y a plus de touristes, les vacances sont terminées. Plus de musique hurlante, personne ou presque sur la plage, tout paraît tourner au ralenti.
Près de notre parking se trouve un centre de protection des tortues de mer. Nous y trouvons quelques bassins où les différents spécimens de tortues tournent en rond dans l'espoir de trouver une improbable sortie... Ce sont les « sacrifiées » aux touristes, car les autres bénéficient d'une toute autre protection ! Le Sergipe est l'endroit de la côte où viennent pondre le plus grand nombre de tortues. Les chiffres des naissances sont impressionnants : 140 000 en 6 mois sur cette plage !
Sur notre route vers le nord, nous traversons de plus en plus de champs de canne à sucre. Salvador est la ville où accostaient la plupart des navires négriers. Les esclaves arrivaient d'Angola, une autre colonie portugaise située en face du Brésil, de l'autre côté de l'Atlantique ou du Congo. On les amenait pour travailler dans les champs de canne à sucre, dans des conditions de travail extrêmement pénibles, et mourraient après moins de 5 ans de travail.

Les indiens, plus fragiles, ne supportaient pas ce travail pénible et mouraient trop vite.

Au nord de Salvador, la ville de Recife est la capitale du Pernambuco où l'activité de la canne à sucre est essentielle.

Lorsque l'Europe découvrit la délicieuse saveur du sucre, ce fut l'âge d'or de l'activité sucrière. Quand la betterave à sucre a remplacé la canne, cette activité connut une grave crise. La dictature militaire au pouvoir en 1974 a lancé l'idée de biocarburant. Actuellement, un très grand parc automobile au Brésil fonctionne à l'éthanol.
Les plantations de canne à sucre s'étendent sur les collines à perte de vue, épousant le relief du terrain, plantée jusqu'en bord de route et arrivant à la limite des habitations. Tout est vert, et la canne se trouve à toutes les étapes de culture car ici l'été est éternel.
Avant la récolte, les champs sont incendiés, dégageant d'épais nuages de fumée noire qui montent vers le ciel, dans une odeur un peu sucrée. La coupe se fait manuellement. Il existe des machines mais elles ne sont rentables que sur des terrains absolument plats, ce qui n'est pas le cas du Pernambuco. Après la coupe, le plant repousse. Le plant de canne est renouvelé tous les trois ans.

Des camions tirant jusqu'à trois grandes remorques débordant de canne acheminent leur chargement vers les usines de traitement.
Nous le retrouvons à la pompe, converti en Ethanol appelé aussi Alcool. Ceux qui auront abusé à la pompe et qui seront « borrachos » (saouls), pourront toujours aller se reposer à la « Borracharia » présente dans chaque pompe ; la Borracharia est appelée dans d'autres pays  Gomeria ou Vulcanisation ...(ceci est une blague bien sûr, l'éthanol de la pompe est évidemment impropre à la consommation...)
La manière meilleure de consommer la canne à sucre est assurément de prendre un bon verre de « caldo de cana » (jus de canne à sucre) fraîchement pressé et tout simplement délicieux !
Des panneaux routiers nous l'annonçaient et nous l'avons rencontré, couché sur la route. Une bonne âme l'a adroitement porté (gare aux griffes, même s'il est très lent !). Et oui ! C'est un paresseux...
Le paysage de l'arrière-pays entre Salvador et Recife ressemble au Cameroun ou encore à l'Inde du sud, pays proches de l'équateur. D'abondantes pluies entretiennent une végétation luxuriante, dégradés de verts des arbres, de l'herbe, des bananiers. Par-ci par-là, des cacaoyers, beaucoup de palmiers, un peu de café et quelques cocotiers, ceux-ci étant présents essentiellement à la côte. L'air est pur, clair, la terre est rouge. Les couleurs des paysages sont un enchantement dont on ne se lasse pas.
Nous atteignons Recife et décidons de ne pas aller plus haut. Je sais, vous allez rire ! mais le temps nous manque. Pour que nos projets futurs puissent aboutir, nous devons quitter Salvador et la côte atlantique vers le 10 avril, ce qui nous laisse peu de temps pour profiter des magnifiques plages de cocotiers. Des dizaines de km de plages quasi désertes, au sable blanc, la mer « azul » (bleue ou turquoise), le soleil brûlant...
Nous visitons de nombreuses villes qui, toutes, gardent un souvenir de la colonisation portugaise, églises ou maisons coloniales ; celles-ci sont souvent délabrées et un grand effort est fait pour leur restauration. Mais il y en a tellement !
Les églises plus récentes sont plus légères sans les dorures excessives de celles du du Minas gerais.
Olinda est voisine de Recife, et la première capitale de la région. Vieilles églises, maisons coloniales au long des rues pavées qui montent et qui descendent, comme toujours. Le matin, la ville est encore endormie, car nulle part au monde les touristes ne sont des lèves-tôt !
Nous continuons la journée vers la nouvelle capitale Recife. La ville est sillonnée de rivières et le centre historique est même sur des îles. A midi, on dit la messe dans les églises anciennes, chaque jour, et les églises sont pleines. Et comme nous sommes au Brésil, il y a une sono d'enfer !!!
Nous jetons un coup d'œil du fond de l'église, nous promettant de revenir la visiter après la messe. L'une d'elle est un vrai bijou ! De dimensions modestes, de chaque côté de l'église s'alignent des balcons délicieusement sculptés ; comme à Ouro Preto, le chœur est en plusieurs parties, ce qui lui donne une belle profondeur. Mais en revenant plus tard, nous trouvons porte close, les églises n'étant ouvertes que pour la messe. Nous repartons, fort frustrés...
Tous les styles sont mélangés. Des églises anciennes bien délabrées cependant cotoient des immeubles défraichis récents ou ... accusant déjà pas mal de décennies. Plus loin, Boa Viagem (Bon Voyage), est le quartier riche. D'immenses immeubles modernes bordent le bord de mer sur 7km. Grands hôtels et restaurants chics y sont assez nombreux.
Les cocotiers sont partout, les noix de coco aussi. Qu'elles tombent seules de l'arbre, qu'elles soient cueillies vertes pour être consommées en boisson, ou qu'elles soient prêtes à être manger comme on les connait chez nous, elles font partie de la vie des habitants. On les râpe pour faire le lait qui servira à la cuisine, pour les galettes de tapioca, pour les gâteaux.
Alors, partout on voit des noix vertes qui traînent sur les plages, ou dans les forêts, d'énormes tas en attente d'être brûlées.

Les plantations de noix de coco donnent de nombreux emplois par l'entretien des forêts d'une part et la multitude de vendeurs que l'on trouve partout.

Pour nettoyer les arbres des feuilles sèches, les hommes grimpent à une vitesse phénoménale en haut du cocotier, crie quelque chose qui doit vouloir dire "timber!"avant de faire tomber feuilles et éventuellement noix.

La traversée de lagunes ou de rivières imposent parfois soit de prendre un bac, soit de faire de longs détours par la route. Les routes utilisant les bacs sont en général plus nature, moins fréquentées et traversant des villages plus authentiques.
Maceio nous donnera l'occasion de nous reposer deux jours dans un camping donnant sur la plage. Pas de baignades car ici encore la plage est aux surfeurs et nous passons des heures à admirer leurs prouesses. Maceio est une grande ville de 800 000 habitants qui s'étend le long d'une plage immense au bord de laquelle se succèdent bars et restaurants qui, le week-end, ne désemplissent pas.
Les nids s'alignent, nombreux, les uns à côté des autres ; quand arrive le moment de l'éclosion, toujours nocturne, les petites tortues sont retirées et déposées en haut de la plage ; elles trouvent toutes seules le chemin de la mer vers laquelle elles s'empressent de courir. (ci-dessous à gauche, tortue de moins de 20 heures)

Plat typique du Nordeste : Moqueca do peixe : poisson cuit avec des légumes dans une sauce au lait de coco, accompagné de riz et de firao, une purée de manioc délicieuse.

Et bien sûr, la petite bouteille de piment !

Sur la plage, des piquets blancs délimitent un petit périmètre ; sous 50 cm de sable chaud couvent une soixantaine d'oeufs. Les piquets le signalent aux usagers de la plage, à pied, à vélo ou à cheval. Dans le centre de protection, un enclos regroupent les nids à risques, sans doute trop exposés : les œufs sont prélevés sur la plage et disposés dans cet enclos à l'intérieur d'un petit grillage.
La ville ancienne fait face à Recife, la "nouvelle" capitale, avec ses rangées d'immeubles longeant , entre autres, le bord de mer.
Dans le Centro Historico et le quartier Santo Antonio, qui sont deux des nombreux quartiers de cette grande ville, il y a beaucoup d'animation. Des vendeurs de toutes sortes de fruits, de gâteaux et de nouriture diverse, d'œuvres artisanales essentiellement en bois, et tout le bric à brac habituel qui fait la vie des quartiers populaires. Rien n'est mis en valeur. On y vit, c'est tout.

Plus on monte vers le nord, plus la mer est chaude. Il fait entre 30° et 32° dans l'air et la mer doit être à la même température, voir plus.

De Recife, nous repartons vers Salvador par le bord de mer cette fois, profitant un maximum de la mer calme abritée derrière la barrière de corail.

Sur la plage, aucun enfant si petit soit-il, ne court tout nu. Les toutes petites filles ont toujours un soutien-gorge car il n'y a pas de seins nus non plus. Les hommes portent en général des bermudas assez longs. L'église a bien fait son trvail ! et pourtant... les femmes portent des maillots de bains réduits au minimum ! strings et soutien-gorges si petits que l'on s'attend de voir jaillir à tout moment les opulentes poitrines !
Nous sommes dans le pays de l'éternel été. Tout le monde est en short, tee-shirt et tonks ; et cela toute l'année ! Dans les magasins, la nouvelle collection automne-hiver vient de sortir. Pour donner une impression de changement, les vitrines montrent des paysages brumeux, avec des feuilles mortes et un petit renard curieux qui pointe le bout de son nez... mais dans les magasins, pas de manteaux ni de pulls, seulement, comme toujours, des vêtements les plus légers possibles.
A salvador, nous faisons nos dernières baignades, batifolant dans les vagues de l'Atlantique. Nous mangeons sur la plage car on y trouve tout, des noix de coco à boire aux petites brochettes de fromage directement grillées sur un barbecue portatif.
Nous sommes attablés à la terrasse d'un restaurant. Des vendeurs circulent entre les tables pour proposer des plats qu'on leur commande. Ils nous sont livrés à notre table et cela ne pose aucun problème si on ne prend qu'une boisson au restau et consommons les plats venus d'ailleurs. Quelle tolérance ! Peut-on imaginer cela chez nous ????
Pour relier la ville haute à la ville basse, il existe des ascenceurs très bon marché : 0,15 Rls soit 17 cents le voyage! (c'est le grand pilier à gauche)
Notre journée de visite à Salvador de Bahia, 2,5 millions d'habitants, commence par un gigantesque embouteillage ; plus de deux heures pour parcourir les 30 km qui nous séparent du centre historique. Vraiment, nous ne pouvons nous habituer aux grandes villes... A peine arrêtés, nous sommes assaillis par des gardiens de parking, des guides et des vendeurs de tout poil. Mais ayant manifesté notre désintérêt, on nous laisse vite la paix.
Les demeures coloniale rénovées (en jaune) cotoient des immeubles délavés et des constructions récentes absolument pas en harmonie ! De la place De Souza, on a une splendide vue sur le port. Et aussi sur les habitations de la ville basse. Là aussi, des demeures coloniales tombent en ruine, certaines sont encore habitées et totalement noyées entre les immeubles.
Nous trouvons au couvent San francisco une petite église incroyablement chargée de dorures, de sculptures qui montent du sol jusqu'au plafond !
Nous laissons derrière nous Salvador, l'Atlantique, les plages et les cocotiers pour nous diriger vers le centre du Brésil et sa capitale, Brasilia...
Salvador est une ville attachante. Toute la ville basse qui s'étend le long du bord de mer n'est pas sans rappeler Marseille... La plupart de ses habitants sont noirs et on sent une culture africaine très vivante. Comme toujours nous restons longtemps à regarder vivre la rue, passant d'un marchand de jus de fruits à l'autre et recherchant un petit coin d'ombre car il fait très chaud. Et puis, en fin d'après-midi, vite ! une dernière baignade...
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