Pérou

Nord du Pérou. 20 août 2010.

Nous descendons en altitude et arrivons dans une région où les rizières sont accrochées au versant de la montagne et dans le fond des vallées. Il y a de plus en plus de cultures, céréales, bananiers, grenadiers, orangers et citronniers... plus nous descendons et approchons de l'océan.

Soudain, le Pacifique est là ! Le ciel est gris, il fait plus froid et le vent souffle assez fort. L'océan est gris aussi et dés que l'on commence à suivre la côte et quitter les villages, on se trouve dans le désert. Un vrai désert où il n'y a plus rien, que du sable et des pierres, et beaucoup de dunes. Après être descendus des montagnes et avoir vu de plus en plus de cultures et de verdure, l'arrivée brutale dans ce désert côtier est assez irréelle. Lorsqu'un cours d'eau descend de la montagne, il est aussitôt bordé de verdure et de cultures diverses. Puis c'est de nouveau le sable et les dunes.

Lorsque nous approchons de Trujillo se dressent soudain des clôtures de part et d'autre de la route et sur des km nous découvrons des cultures...d'asperges. Elles sont bien gardées, avec des barrières et des postes de contrôle surveillés par des hommes armés.

En fait, nous ne reposerons pas beaucoup à Huanchaco. Tout d'abord, il n'est pas question de lézarder sur la plage ; nous découvrons le légendaire ciel gris du Pacifique qui ne laisse que dans l'après-midi la place à un ciel un peu plus bleu et à peu de soleil. La température de l'eau n'est pas bien chaude et de plus, les plages sont fréquentées par les surfeurs, ce qui veut dire de très grandes vagues. Nous les contemplerons longtemps, fascinés par leur courage et leur équilibre.
Nous ferons la connaissance de Nicolas, un sympathique prof français en vacances qui nous apprendra beaucoup sur les techniques du surf. Nous n'aurons pas assez de temps à passer ensemble, dommage. (Un grand bonjour, Nicolas !)
Près de Huanchaco se trouvent certains des plus beaux sites archéologiques du Pérou. (Décidément, ceux qui pensent qu'au Pérou il n'y a que les incas et le Machu Pichu ne connaissent rien à ce pays !). Nous limiterons nos visites à un site par jour, ce qui est déjà un grand programme vu la richesse de ces sites.

Chan-Chan est le fief de la civilisation Chimu. La période chimu est située entre la période Moche (prononcer motché) et les Incas.

Sur 14 km de long et 1 km de large s'étendent les ruines de 9 citadelles. Chacune correspond au règne d'un roi qui y a sa sépulture. A sa mort, une autre citadelle est construite.

Seulement une d'entre elles est ouverte au public et fait encore l'objet de fouilles. Cela laisse encore beaucoup à découvrir aux futures générations d'archéologues !

Cette étrange petite bête est un chien ; eh oui ! C'est "LE" chien péruvien, une race très ancienne, et les péruviens n'en sont pas peu fiers !

Avec ses quelques poils blonds sur la tête, et quelquefois aussi sur la queue comme un éventail, sa peau totalement lisse, nous ne le trouvons pas vraiment beau...

Nous visitons ensuite les sites Moche, étonnante civilisation de 800 à 1500 après JC. Les Huaras del Sol et de la Luna, à Trujillo, nous expliquent à elles seules le principe de l'architecture Moche.

Seule la Huara de la Luna est ouverte au public, la Huara del Sol ayant été détruite à 75% par les espagnols qui, pour s'emparer des richesses qu'elle pouvait contenir, détournèrent le cours de la rivière Moche vers la Huara. L'action de l'eau sur le sable et l'adobe (briques de terre) a détruit progressivement l'édifice.

Entre les deux Huaras s'étend une grande plaine où se trouvaient autrefois les habitations de 20 000 personnes.

La Huara de la Luna est composée de 5 temples superposés. Selon un calendrier déterminé, un nouveau temple était construit sur le précèdent, l'enfouissant partiellement. Seule, la place Mayor permet la vue d'ensemble : chaque étage correspond à un temple.

La culture Moche est bien connue car les temples sont de véritables livres ! Les céramiques couvrant les murs racontent les rites et coutumes, assez violents d'ailleurs... Les dessins concernent essentiellement le rituel des sacrifices faits aux idoles pour calmer « El Nino », le vent chaud et destructeur venant du nord.

Chez les Moche, comme dans bien d'autres civilisations, lorsqu'un important personnage décède, il doit être accompagné. La Senora de Cao sera accompagnée dans l'au-delà par deux grands officiants. A ses pieds, on retrouve le squelette d'un enfant de 2 à 3 ans, couché en position foetale, et mort par strangulation.

 

Les murs des 4ème et 3ème temples sont dégagés. La fouille des autres temples obligerait la destruction des temples supérieurs.

Le 5ème temple est inachevé.

La construction du temple est sur le même principe qu'à la Huara de la Luna ; cinq temples superposés avec une grande place, la Plaza Mayor, où 10 000 personnes se réunissaient pour assister aux sacrifices. Assister est d'ailleurs un bien grand mot, car les sacrifices étaient pratiqués à l'abri du regard de la foule, comme dans tous les temples, qu'ils soient de culture Chavine, Inca, Chimu ou Moche ; seul, le « résultat » du sacrifice, ici le sang du sacrifié, était montré à la foule (qui en était aspergée...).

Un peu au nord de Huanchaco se trouve un village, El Brujo. Entre le village et la mer, dans le désert, 5 pyramides se dressent noyées dans le sable. La plus ancienne remonte à 5 000 ans. La plus récente, datant de 800 à 1 500 après JC, a révélé en 2002 un véritable trésor : la Senora de Cao...

En 2002, la découverte de 4 tombes allait donner à la pyramide d'El Brujo une importance étonnante. La 1ère révèle une momie d'un personnage mâle de 30 ans, environ d'une grande importance religieuse. La 2ème , celle d'une prêtresse de haut rang. Puis la 3ème... Au fond d'une fosse de plusieurs mètres de profondeur, sous une couche de pierre et de sable, on découvre de grands morceaux de bois protégeant...une momie, en position allongée, d'une femme de 1,48m âgée de 20 à 25 ans, décédée d'un choc cérébral, la Senora de Cao, la grande prêtresse.

Les personnes des autres tombes, tout comme les sacrifiés rituels, auront bu une décoction de cactus de San Pedro, une plante hallucinogène avant d'être égorgés ou étranglés.

La Senora de Cao n'aura pas été seule pendant le grand voyage...

Sa peau est pétrifiée par un procédé utilisant la poudre de cynabre (pierre rouge d'où est extrait le mercure), et l'on voit encore les tatouages sur les bras et les jambes.

La Senora de Cao est conservée, à côté du site, dans un musée qui ressemble à un bunker gardé la nuit par 6 hommes bien armés. Ce sont eux qui ont aussi assuré notre sécurité quand nous avons passé la nuit sur le parking,... à l'extérieur du bunker bien sûr !

Nous rejoignons Cajamarca, ville célèbre au Pérou, car c'est là que l'empire inca s'est effondré le jour de la capture de l' Inca Atahualpa par (l'infâme !) Pizzaro. C'est dans cette petite maison que le dernier Inca fut retenu en otage pendant 6mois, avant d'être étranglé par les espagnols.
Grâce à l'efficacité des soins à distance de mon ami Philppe D., mon dos va beaucoup mieux et est prêt à affronter de nouvelles pistes. Merci Philippe !
Nous avons la surprise de découvrir qu'à Huanchaco les pêcheurs utilisent les mêmes bateaux en roseau que les Uros sur les îles flottantes du Lac Titicaca, quelques milliers de km plus au sud ! Leur maîtrise à franchir les hautes vagues sur ces frêles esquifs suscite l'admiration !
Suite de l' article dans : Pérou / Nord(suite)

Au Pérou, comme dans la plupart des pays du monde, les enfants ont un uniforme pour aller en classe.

La "programmation" commence très très tôt !

Nous contournons Trujillo pour nous arrêter à Huanchaco, une petite station balnéaire où nous comptons bien nous reposer. Nous sommes tout de suite abordés par Roberto, un péruvien de 55 ans, producteur et exportateur d'asperges pour l'Allemagne essentiellement. Je lui demande tout de suite où peut-on acheter des asperges et je le vois plongé dans une grande perplexité... En fait les péruviens ne mangent pas d'asperges et il est impossible d'en trouver à la vente ! Roberto parle très bien allemand, ce qui est reposant pour nous après l'espagnol, et nous passons quelques heures à discuter à côté de notre véhicule, la balade au bord de mer devra attendre.

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