Equateur

Retour en Equateur. 1er juin 2011.

Nous arrivons en Equateur par la côte pacifique et retournons à Puerto Bolivar que nous avions apprécié en septembre. Nous ne savons pas encore que nous avons rapporté de nos derniers jours au Pérou un souvenir clandestin. Toute la nuit, nous serons malades l'un et l'autre. Le lendemain ne nous trouve guère vaillants mais nous prenons la route, pressés d'arriver à Puerto Lopez pour nous reposer.

La ville n'a pas changé si ce n'est que les baleines n'étant pas encore arrivées, l'activité touristique tourne au ralenti. Nous retrouvons avec plaisir Paola qui m'avait donné des cours d'espagnol l'an dernier. Nous « habitons » devant sa maison et elle découvre le nouveau restaurant, en venant souvent dans notre fourgon pour manger ou tailler la bavette. Nos échanges seront plus faciles que la dernière fois, notre espagnol s'étant bien amélioré. Nous apprendrons beaucoup sur l'Equateur car Paola est une femme très ouverte et très intéressante. Elle, elle découvrira un peu l'Europe.
Nous retrouvons le port sur la plage et l'exceptionnel marché aux poissons et fruits de mer. Espadon, requins , raies, sont débarqués des barques sur la plage, et aussitôt découpés. Les ailerons de requins dans une caisse, les ailes de raies dans une autre, le corps sans tête est ensuite chargé dans une benne de pickup et recouvert de glace. Le sang ruisselle sur le sable, puis se mêle à l'eau des vagues.
L'activité régnant dans ce marché est impressionnante ! Muni d'un couteau sans cesse aiguisé, les découpeurs coupent les têtes des crevettes ou les épluchent, découpent les poissons en filets, nettoient les calmars et les poulpes. Nous achetons pour trois fois rien nos poissons et les apportons aux découpeurs, en leur indiquant comment nous les voulons. Trois coups de couteau et les filets sont prêts.
Dans la cohue se mêlent des vendeurs de toute sorte. D'abord la nourriture et boissons ; noix de coco vertes à boire, rôti de porc découpé en fines lamelles et mis en sachets ; cantine pour ceux qui ont plus de temps. Tout est fait pour être pratique, qu'il n'y ait pas de perte de temps. On trouve des vendeurs d'autres choses aussi, des portables, des slips, des chaussettes, des sandales... (photo de droite : requins marteau)
On a vu aussi des crabes de toutes couleurs, le bleu étant le plus spécial ! Chaque jour, nous venons sur la plage voir les arrivages de poissons, les barques entourés d'une nuée d'oiseaux, pélicans et frégates entre autres, qui essaient de voler au passage quelques poissons. Spectacle inlassable et toujours en mouvement. (Un espadon que l'on n'aimerait pas voir foncer vers soi dans l'eau...)
Nous photographions et filmons sans problème car les gens sont habitués aux touristes et ceux qui travaillent dur à décharger les bateaux sont heureux qu'on les photographie. Quand on nous voit filmer, les gens se reculent pour ne pas gêner, ou soulève le poisson pour qu'on le voie mieux, comme pour cette sole géante. En revenant chaque jour, on nous connait un peu aussi et en achetant le poisson, on se rapproche davantage de la population.
Puerto lopez, c'est aussi une magnifique plage et toute une série de bars où on peut déguster de délicieux jus de fruits tout en contemplant la mer, bercé par le léger balancement de son hamac.
Nous ferons la connaissance de deux allemands, Tania et Michael, en route depuis un an aussi et qui arrivent du nord, de l'Alaska. Nos routes ne feront que se croiser, mais nous prolongerons notre séjour pour rester avec eux. Eux ont décidé de se poser un peu à Puerto Lopez, conquis par la douceur de la ville. Ils avaient été victimes d'une agression le matin même et étaient encore sous le choc. Le calme et la sécurité de Puerto Lopez avaient tout pour les séduire, même si ce même jour... Paola se faisait voler son vélo !
Paola fête les 4 ans de Clara de la Luna (Clair de Lune), son école d'espagnol. Une allemande donne maintenant aussi des cours d'anglais aux habitants de Puerto lopez. Nous y retrouvons Carlos, notre blanchisseur, âgé de ...74 ans ! Quand j'étais petite, j'avais été fascinée par cette phrase : « C'est vieillir que de cesser d'apprendre quelque chose ». Carlos est un élève assidu ! Pour l'anniversaire, Paola réunit les élèves de l'école d'anglais avec ses élèves en espagnol. On se retrouve ainsi une bonne trentaine autour d'une table studieuse d'abord, gastronomique ensuite avec ce gâteau que Paola découpe avec un bonheur évident !

Sur la plage, les véhicules souffrent du sel de l'eau de mer. Cela ne les empêche pas de rouler et de rendre encore de grands services !

Et nous quittons Puerto Lopez, sa plage et ses pêcheurs, ses moto-taxis et Paola...

Le bosque seco, la forêt sèche, est étrange, un peu fantomatique avec ses bosquets dépourvus de feuilles, et ces grands arbres tendant vers le ciel des bras dénudés...

Passant sur l'autre versant, nous nous retrouvons dans une forêt dense, très verte et humide, avec des arbres hauts et qui ont des feuilles !! Il y a des fleurs partout... Nous retrouvons toujours ces contrastes qui font la particularité de ce continent !

Nous arrivons à Manta, une grande ville plus au nord. Son marché aux poissons nous avait séduit la première fois. Nous sommes près de Monte Christi, la ville des plus beaux panamas du monde, et un vendeur essaie de convaincre Klaus...
Manta, c'est aussi le chantier naval et les coups de marteaux font écho aux scies et ponceuses de tout poil. Parfois, un hamac pendu à l'ombre de la coque rappelle que l'on est en Equateur et qu'il faut bien aussi se reposer de temps en temps.
Nous arrivons à Canoa le jeudi de l'Ascension. La petite ville balnéaire est calme, mais le soir on note une certaine activité sur la plage où les propriétaires des bars montent quantité de petites tentes. Le lendemain, la plage est noire de monde ! Trop pour nous. Alors, nous allons un peu plus loin, sur la petite plage de pêcheurs où nous avions déjà séjourné l'an passé. Et tranquillement, nous laisserons passer le week-end...
Les barques des pêcheurs débarquent le matin quantité de poissons. Les porteurs de caisses font la navette entre barques et camions où le poisson est déchargé en vrac. Les oiseaux essaient d'attrapper un ou deux poissons dans les caisses. D'énormes quantités de poissons sont ainsi emportées vers les usines qui les transformeront en farine, pour nourrir d'autres animaux, les poulets entre autres !
Le week-end passé, nous revenons à Canoa et retrouvons Pablo, le propriétaire de l'hostal Estrella qui est venu discuter avec nous et quand je lui ai proposé de visiter notre maison, il s'est tout de suite installé à la table. Nous pensons qu'il rêvait sans doute de voyager comme nous...
Sur la côte, il est difficile de trouver de l'eau non salée. Nous aurons recours aux services d'un vendeur d'eau potable qui fera sa livraison à domicile !
Canoa, c'est aussi et surtout une très grande plage où l'on trouve des coquillages de toutes sortes et de toutes couleurs. Certains ne sont pas sans me rappeler les roudoudoux de notre enfance...
Et il y a ce coquillage, typique de l'Equateur, que nous avions trouvé lors de notre premier passage et qui avait mal supporté les pistes ; tous les piquants s'étaient brisés, et nous le regrettions bien. A Canoa, nous l'avons retrouvé et ses pointes nous ont étonnés plus encore ! Certaines sont plus grandes que le coquillage !
Et encore celui-ci qui semble mal formé ou cassé ; il n'en est rien ! C'est sa forme normale, et l'on peut facilement l'imaginer posé ainsi sur le fond de la mer...
... et une fois de plus, nous traversons la chaîne occidentale des Andes pour nous diriger vers la Laguna Quilotoa. Les plantations de maracuja, de bananiers, de cacao et parfois de café se succèdent. Des rizières aussi. Nous sommes à basse altitude encore car dés que la route se met à monter, le paysage change.

Nous suivons une vallée qui monte rapidement et dont les versants sont assez raides. Les cultures s'étalent sur les pentes et nous admirons le travail du chauffeur d'un tracteur qui laboure en descendant, s'arrête au bord du ravin, puis remonte la pente en marche arrière.

La canne à sucre et les bananiers dominent ici.

Dés que nous arrivons en altitude, la température baisse, et les gens sont emballés dans ponchos ou couvertures. Le ciel est comme toujours très gris et le soleil a bien du mal à percer. Le talus dessine un zig-zag particulier. La couche foncée supérieure correspond à une couche de cendres datant de la dernière éruption du volcan. La terre est noire et on comprend la réputation de fertilité des terres sur les versants des volcans.
A 4000m, lorsque les versants sont un peu moins raides, tout est couvert de cultures, dessinant de magnifiques damiers colorés. Maïs, pommes de terre, oignons, d'autres légumes, d'autres céréales. Nous sommes loin des cultures exotiques de la côte et retrouvons plus nos champs de France, mais ceux-ci sont à 4000m , là où chez nous, il ne pousse plus rien !
Paola donne ses cours particuliers dans cette petite cabane en bois surmontée d'un toit en feuilles de palme. C'est un peu comme un mirador sur sa maison. Ouvert sur la mer, l'endroit est empreint de sérénité et on se sent bien à étudier dans un endroit aussi paisible !
Mon interlocutrice désignée est cette charmante fillette de 11 ans qui en aura profité pour apprendre un peu de français et d'allemand (ce n'était pas prévu au programme...)

La plupart des maisons sont en bois avec le toit en feuilles de palme, et sur pilotis. Charmant!

A droite, transport de chancho...

Les indiens sont toujours très petits et klaus fait là figure de géant !
Nous retrouvons la magnifique laguna Quilotoa, ce très grand lac de cratère qui s'est formé à la suite de la dernière éruption du volcan, en 1799, et que nous avions déjà vu en août dernier. A cette époque, un terrible mal de tête m'avait empêchée d'en profiter et c'est avec plaisir que je la retrouve, en pleine forme cette fois (moi, pas la laguna...). Mais le ciel demeure couvert et nous ne reverrons pas les volcans aux sommets enneigés qui nous entourent.
Avant de descendre vers Latacunga, à l'ouest, nous traversons une zone où se trouvent d'étranges maisons. Elles ont armature de bois et un immense toit recouvert d'une herbe mélangée à de la terre semble-t-il. Nous n'avons vu ce type de maisons qu'à cet endroit et sur quelques km.
Nous retrouvons sans plaisir la Panamericana, cette route qui traverse nord-sud l'Amérique du sud. Au milieu d'une intense circulation, nous voyons venir en sens inverse deux cyclistes emmitouflés dans leur kway avec capuchon car il fait froid et il pleut un peu. Nous ne comprendrons décidément jamais les cyclistes...
Nous contournons Quito sans la visiter et peu après, encore dans le stress dû à la proximité des grandes villes, nous franchirons l'équateur sans même nous en rendre compte... nous l'avions oublié ! Nous voici donc du même côté que vous, et à vrai dire, cela ne change pas grand-chose !
Le ciel reste gris et je pense souvent à Jacques Brel : « avec un ciel si bas... avec un ciel si gris... » simplement ici, ce n'est pas le plat pays qui est le sien ; ici, ce sont les Andes avec des sommets dépassant les 6000 mètres... mais le ciel est aussi gris et aussi bas quand même, et on voit pas les hauts sommets !!!
Les montagnes sont vertes (normal avec cette humidité) et recouvertes de cultures malgré les versants si raides. C'est très joli et c'est dans ce paysage que nous atteignons la frontière de la Colombie !
On quitte le Pacifique, définitivement cette fois, au moins pour ce voyage...
Ce ciel gris, avec parfois un brouillard humide, voir un crachin , va nous poursuivre et nous ne verrons décidément rien du Cotopaxi et autres volcans. Heureusement que nous les avions largement admirés l'an dernier.
Nous sommes heureux d'être revenus en Equateur. Nous aimons beaucoup ce pays si varié avec son côté mer et son côté montagne (il existe aussi un 3ème côté, amazonien celui-ci, que nous ne connaissons pas) ; les habitants sont aimables et accueillants, les paysages splendides ; la nourriture est délicieuse, les routes sont bonnes. Si seulement le ciel était plus bleu !!!
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