Pérou
Avant
de commencer cet article, nous voudrions rappeler que ce site, comme tous ceux
des voyageurs, est totalement subjectif. Nous y relatons nos expériences et
nos observations en fonction de notre propre ressenti. Un autre voyageur, dans
des conditions ou dans un état d'esprit différents, fera de la même situation
un récit qui peut être à l'opposé du nôtre.
In
Arica müssen wir uns entscheiden, wohin wir weiterfahren, überall in Peru
sind hohe Berge. Wir können nur die Panamericana bis Trujillo, nördlich von
Lima fahren, diese Straße verläuft in der Wüste.
Wir halten für die Nacht in Ilo, einer
kleinen Stadt am Meer.
30 novembre 2016.
A Arica, il nous faut prendre une décision
sur la suite de notre voyage. Presque partout au Pérou, il y a des montagnes
élevées et des cols à plus de 4000m à franchir. Il ne nous reste que la Panaméricana,
cette route qui longe la mer, dans le désert, sur des centaines de km. Nous
prenons donc cette option jusqu'à Trujillo, bien au nord de Lima.
La
nuit approche lorsque nous nous arrêtons à Ilo. Tout comme Arica, c'est le désert
avant et le désert après la ville. Le bord de mer est très animé ce dimanche
soir, en fin après-midi plutôt car nous venons de reculer nos montres de deux
heures d'un coup. Des petits bateaux de pêcheurs attendent les touristes pour
les emmener voir les lobos marinos, les lions de mer. Nous préférons regarder
les deux ou trois lobos qui arrivent vers nous, le nez en l'air.
Le
coucher de soleil est interrompu par une épaisse bande de nuages noirs sur l'horizon,
les boutiques de souvenirs vendent toutes les petites horreurs que l'on a coutume
d'y trouver et les petits restaus servent poissons et ceviches (poissons crus
en petits morceaux qui sont « cuits » dans du citron). L'ambiance est familiale,
paisible.
Le
lendemain, le ciel gris du Pacifique cache le soleil. Il ne fait pas chaud,
moins de 20°. Les cormorans sèchent leurs ailes sur des rochers dégoulinant
de guano tandis que les pélicans font du rase-motte au-dessus des vagues. Cette
petite ville d'Ilo n'est finalement pas si petite que l'on pensait ! Et en plus
elle est très active. Une usine de farine de poisson à l'entrée de la ville,
une raffinerie et une fonderie à la sortie, un petit port dans la ville sont
de bonnes sources d'emploi.
Dés
la sortie de la ville, nous nous retrouvons dans ce désert totalement stérile ;
pas un brin d'herbe, plus rien. Bien plus loin, la route est soudain bordée
par de petites cabanes inhabitées, tous les 200m environ. Et progressivement
on voit apparaître quelques arbustes, puis … des vaches ! et qui mangent des
herbes bien sèches apportées là pour elle.
Puis ça devient de plus en plus vert, de plus en plus, une canalisation longe
la route et l'eau coule, et voici d'admirables jardins, des champs de maïs et
tout est vert !
Mais
seulement du côté gauche de la route, vers la mer. A droite c'est toujours le
sable, là où des cabanes abritent les fermiers. Et Punta des Bonbon se montre.
Une petite ville active où stationnent quelques tracteurs, où les habitants
en vélo transportent des plants, où un camion surchargé de fruits et de légumes
vient vendre sa cargaison, klaxonnant à tue-tête.
En
quittant la ville on arrive dans une vallée verdoyante entièrement cultivée.
Des rizières s'étalent dans la vallée, suivant le cours de la rivière jusqu'à
la mer.
Il
y a deux Pérous. Le Pérou des villes touristiques avec hôtels, restaurants,
guides, agences de voyage est vu en général par le touriste de courte durée
allant d'un endroit à l'autre en avion ou bus de nuit. Les gens y parlent plus
facilement l'anglais, sont souriants et relativement aimables. Normal puisque
le touriste est leur gagne pain.
Et la ville s'agrandit vers les hauteurs,
là où plus rien ne pousse, pour ne rien perdre des terres fertiles. Le contraste
entre la riante vallée et les collines toutes sèches où sont posées les maisons
est impressionnant.
Das Wasser in der Ebene ist reserviert
für die Felder. Wo die Bevölkerung wohnt gibt es nur Sand.
Et il y a l'autre Pérou, celui que l'on
traverse en voiture, celui qui ne connaît pas le touriste et que le touriste
de courte durée ne connaît pas. C'est le Pérou de la côte pacifique.
Il est tout de suite plus difficile d'obtenir un sourire, un service. Les
poubelles traînent partout, le désert est une véritable décharge.
In der Wüste liegen sehr viele Abfälle
verstreut.
Beaucoup
de lotissements sont construits dans ce désert, d'une manière curieuse. Dans
le sable, des pistes sommaires sont tracées, des lots sont délimités, puis des
cabanes sont dressées, souvent de simples palissades de paille et parfois un
panneau affiche : propriété privée ! On voit aussi des « maisons » en brique,
toutes pareilles ; un carré avec une porte et une fenêtre ; un toit plat avec
des tiges de métal aux quatre coins pour ajouter un éventuel étage.
Souvent des villages entiers restent
avec cette construction qui donne une impression de chantier inachevé. Et
au milieu de tout cela, des pans de mur en ruine largement utilisé pour la
propagande électorale.
Dans le sud du Pérou, entre Aréquipa
et Nazca, on voit au milieu des dunes une clôture par-ci par-là et une petite
plantation de peupliers ou quelques m² de terres cultivées.
Un
dimanche, une activité inhabituelle agite la population en bordure de ces lotissements.
Armés de pelles, les gens plantent de nombreux arbres. Une question s'impose
à nous depuis que l'on voit évoluer ces constructions dans le désert : où va-t-on
trouver l'eau pour tout ce monde et toutes ces plantations , et une autre question
aussi : où tous ces gens vont-ils trouver du travail ?
Et
enfin, cette autre question primordiale : peut-on vraiment dominer le désert
et le faire reculer de façon durable ? Que restera-t-il de tout cela dans dix
ans...
Nous sommes à Arequipa pour la Sainte
Cécile qui est, comme chacun le sait, la sainte patronne des musiciens ; mais
aussi... celle de police péruvienne ! Alors nous aurons droit à un concert
sur la place centrale devant la cathédrale, par les orchestres de la police,
de l'armée de l'air et de la marine.
Wir sind in Arequipa, es ist Namenstag
der Cécile. Die Heilige Cécile ist die Schutzpatronin der Musiker aber auch
der Polizei in Peru. Sie veranstalten hier ein Konzert vor der Kathedrale.
Deux
enfants dansent comme des grands, la fille avec des mimiques de femme capricieuse
et le garçon faisant sa cour. Délicieux !
Zwei Kinder tanzen
wie die Großen, es ist sehr schön!
Wir fahren auf der Piste zwischen Ica und Paracas. In die Dünen ist eine Stadt
gebaut. Die Häuser sehen aus wie Kabinen und es sind so, so viele! Es sieht
sehr beängstigend aus... Ein Schild am Ende: Das gelobte Land! (Terra Prometida)
A
Ica, nous voulons rejoindre Paracas par une piste transversale afin de quitter
la Panamérica et sa circulation infernale. La piste traverse la ville puis arrive
entre les dunes. Celles-ci sont couvertes de cabanes, d'abord en dur puis en
bois, puis en nattes de paille. Il n'y a pas de verdure, seulement du sable.
Et c'est immense ! Les scooters-taxis roulent à toute allure sur la piste cabossée,
des vieux bus circulent aussi.
On dirait une ville qui va naître du sable mais cette nombreuse population donne
un malaise étrange, presque angoissant... Je revois le film «Les raisins de
la colère» et tous ces gens qui arrivent et s'entassent dans ce qui sera leur
domicile. Une pancarte nous annonce : «La Tierra Prometica», nous avions une
autre idée de la terre Promise...
La
visite du musée archéologique nous plonge dans le monde de Tintin. La momie
ressemble à celle de Rascar Capac (sauf le « visage »), les poteries sont les
visages des incas, dans Le Temple du Soleil. Quant à l'idole, c'est tout à fait
le fétiche de L'Oreille Cassée.
Et puis il y a les infirmes, les culs-de-jatte
qui traînent leurs moignons sur de vieilles chambres à air. Chez nous, on
n'en voit plus, au Pérou non plus dans les centres très touristiques
comme Arequipa. Ici, à Trujillo, ils sont là et tendent leurs mains
vers nous.
In Peru gibt es viele Bettler, aber
in den Zentren der touristischen Städte sehen wir keine. Sie sind überall
da in den anderen Städten, meistens sind es alte Leute oder Behinderte.
Nous
sommes allés pour quelques jours à Paracas, près de Pisco. C'est un endroit
que nous aimons bien, où nous venons pour la troisième fois, où l'on peut se
reposer et regarder la mer et les pélicans tout en buvant un pisco sour (en
pensant bien sûr à Patrick et Marie) et où nous avons aussi un bon wifi. Bref
un endroit pour touristes ayant besoin de souffler un peu.
Et en plus on y trouve au marché
poissons et coquilles Saint Jacques !
Wir fahren nach Paracas, neben Pisco,
einem Platz am Meer, den wir bereits das dritte Mal besuchen. Wir können dort
gut relaxen, dem Meer und den Pelikanen zuschauen, während wir ein Pisco Sour
trinken. Hier gibt es auch gutes wifi.
Nous
arrivons à Trujillo. La ville a des dimensions humaines, du moins pour nous.
Une jolie place entourée de maisons coloniales, des rues piétonnes bordées de
boutiques accueillantes. Mais aussi beaucoup de mendiants ! Au Brésil, ils étaient
très peu nombreux, bien moins qu'en France !
Au
Pérou, comme en Bolivie, ce sont souvent des vieux, hommes et surtout femmes,
et des infirmes tels qu'on ne les voit plus chez nous. Cela nous rappelle que
nous vivons dans un pays où les infirmités de naissance sont prises en charge
par la sécu, que ce soit les becs de lièvre, les déformations du visage ou des
membres, ou autres malformations.
Mais nous avons toujours devant les yeux
cette banderole tendue en travers de la rue en Colombie : « Donner, c'est
encourager la mendicité ». Alors, comme beaucoup, nous faisons semblant de
ne pas les voir...
Un homme assez âgé joue au trombone une
très jolie musique ; malgré une impressionnante corpulence, il a un bon équilibre
et joue en tenant d'une main son instrument et de l'autre sa casquette ; et
entre deux respirations il arrive même à lancer son gracias !
Les
civilisations Chimu et Moche, dont les sites sont nombreux dans la région, sont
au centre de ce musée avec de bonnes explications géographiques et de nombreuses
poteries en parfait état.
Nous allons visiter Chan-Chan, cette
petite merveille chimu. Petite est d'ailleurs un bien grand mot pour cette
ville qui s'étend sur 14 km²et dont la population a atteint 38 000 habitants !
Le site est bien aménagé et, venus à l'ouverture, nous y étions quasiment
seuls.
Chan-Chan ist die Hauptstadt des Königreichs
Chimu, eine sehr alte Stadt auf über 14 km² und bis zu 38 000 Einwohnern.
Die Inkas haben die Stadt nach zehn Jahren Belagerung erobert. Aber 70 Jahre
später sind die Spanier gekommen.
Petite précision
linguistique : si les lobos marinos sont en français les lions de mer,
la traduction exacte serait les loups de mer (lobo=loup).
Petite
note de l'auteur : je parle souvent du ciel gris du pacifique mais les photos
présente presque toujours un ciel bleu. Bien sûr les photos sont
ainsi choisies pour éviter de déprimer le lecteur car quoi de
plus triste qu'un ciel gris et brumeux... et puis il faudrait déjà
avoir l'idée de photographier le brouillard !
Et puis partout dans le désert, et beaucoup
beaucoup plus qu'en 2010(voir ci-dessous), on
voit des bâtiments allongés où sont élevés les poulets, bien serrés les uns
contre les autres et que l'on retrouve sur des camions dans des caisses, encore
plus serrés, pour leur dernier voyage. Ici, il nous est impossible de manger
du poulet...
Geflügelzuchtbetriebe befinden sich in
langen Gebäuden in der Wüste, es sind viel mehr als in 2010.
Wir fahren durch die Wüste, während dort langsam alles grün wird. Felder mit
Reis oder Mais, Gemüse und Früchten. Dieses Grün befindet sich aber nur an der
linke Seite der Straße in Richtung Meer. An der rechten Seite ist alles trocken.
Dort befinden sich die Häuser der Arbeiter. Dann kommen wir in die kleine Stadt
Punta des Bonbon.
Les incas ont réussi à s'emparer de la ville après dix ans de lutte. Le roi
est alors emmené à Cuzco où on le fera épouser la fille de l'inca. De cette
union naîtra un fils qui prendra le commandement de Chan-Chan . Mais les incas
ne profiteront guère de cette victoire car 70 ans plus tard ils seront vaincus
par les espagnols et Chan-Chan sombrera dans l'abandon.
Neuf
rois chimus se sont succédés sur huit siècles. Chaque roi construit un nouveau
palais où se trouvera aussi sa sépulture. Là d'ailleurs, il ne sera pas seul
car on l'enterre avec ses femmes, ses prêtres et des domestiques, histoire de
lui assurer un certain confort sur le long chemin à venir.
Nach Trujillo, verlassen wir die Panamericana und fahren in das Landesinnere.
Diese Straße sind wir schon in 2010 gefahren. Wir fahren bis in 3700 m Höhe
und können aber unter 3000 m übernachten. Wir mögen diese Straße sehr.
Peu après
Trujillo, nous quittons la Panamericana pour pénétrer dans l'intérieur du
pays. Au nord du Pérou, on peut suivre une route qui ne passe pas au-dessus
de 4000m et qui nous permet de passer la nuit entre 2000m et 3000m. Nous pourrons
ainsi voir si nous pouvons supporter l'altitude sans pour autant monter trop
haut. De plus, nous avions beaucoup aimé cette route que nous avions déjà
parcourue en 2010.
L'extension de la ville ne peut se faire
que dans les dunes. Pourtant ces constructions, qui paraissent à priori anarchique,
semblent avoir une certaine organisation et nous ne serions pas étonnés de
voir dans quelques années une petite ville coquette avec une place centrale
arborée et des rues bordées de boutiques. Mais tous ces gens, où vivaient-ils
donc avant de venir ici ?
La traversée de Lima par le périphérique
nous laisse le même malaise ; une population grandissante, des constructions
qui grimpent sur chaque colline et toujours ce désert omniprésent.