Brésil

Sud du Brésil : Rio Grande do Sul et sud du Minas Gerais.1er mars 2011.

A la frontière Uruguay-Brésil, nous avisons un petit bureau d'informations touristiques qui nous fournit une grande quantité de dépliants concernant l'état du Rio Grande do Sul où nous faisons notre entrée au Brésil. Nous y découvrons un petit prospectus concernant la Route des Pierres Précieuses et semi-précieuses. Toujours amateurs de minéralogie, nous jetons notre dévolu sur une petite ville, Estrela, dans la Serra Gaucha (« montagne des gauchos »).

"Bienvenue à la Vallée Européenne "

Un peu au nord, une autre vallée sera totalement similaire mais... pour les italiens ! Ces colons ont eu la vie dure ! On les « accuse » d'être les premiers responsables de la déforestation du Brésil. Nous, nous les admirons plutôt pour le prodigieux travail accompli dans ces régions envahies de forêts assez denses où il a fallu défricher pour planter de quoi se nourrir.

Estrela est une assez petite ville et on nous adresse à la Casa do a Cultura pour obtenir des renseignements. Nous y sommes fort bien reçus par Juliana, une jeune femme parlant très bien l'allemand. Nous apprenons que Estrela est une ville née de la colonisation allemande, qui a commencée dés 1824. Les aïeux de Juliana sont arrivés, eux, en 1872. Ces allemands sont restés en communauté assez fermée pendant plusieurs générations ; les deux dernières générations sont maintenant intégrées au Brésil.
Juliana nous dit que les autorités brésiliennes avaient interdit l'usage de la langue allemande pendant la dernière guerre mondiale, car le Brésil était du côté des alliés. La grand-mère de Juliana ne parlait pas le portugais et a dû rester dans sa maison sans aller en ville pendant toute cette période. Les colons allemands avaient leur église, leur école où l'enseignement était en allemand. Il est amusant de voir que ces colons ne venaient pas tous de la même région d'Allemagne et ne parlent pas le même dialecte, donc ne se comprennent pas toujours entre eux.
En ville, nous aurons l'occasion de voir que beaucoup parlent l'allemand, ou pour les plus jeunes le comprennent car ont entendu leurs parents et grand-parents s'entretenir dans cette langue. Il était parfois difficile pour Klaus de les comprendre... Juliana nous propose de nous servir de guide le lendemain et nous emmène dans un magasin et atelier de minéraux où nous découvrons de très jolies améthystes et bien d'autres minéraux venant des mines de la région.
Puis nous nous rendons à la fabrique de schnaps. Là aussi, on parle allemand, dialecte difficile pour Klaus. En fait, le problème est que les gens ne connaissent que cet allemand et n'imagine pas que Klaus puisse en parler un autre... La maison du propriétaire a gardé tout son charme germanique ! Maison à colombages comme elles devaient l'être toutes auparavant (les quelques maisons restantes sont souvent transformées en musée), délicieux jardin fleuri autour d'une fontaine rafraîchissante. Lorsque les aïeux sont arrivés ici avec leurs familles nombreuses, ils cultivaient surtout du manioc pour nourrir tout ce monde.
Puis progressivement, la culture du manioc a été remplacée par celle de la canne à sucre, et depuis deux générations l'activité de la ferme est devenue la distillation de cette canne pour donner la cachaça, boisson quasi nationale au brésil. A Estrella, 80% de la population est d'origine germanique. Dans les environs, quelques villages restent presque entièrement allemands. Les noms sont révélateurs : Teutonia (en portugais, allemand se dit teuton), Westfalia, Alemania, …
C'est le Portugal qui a "invité" les colons allemands à venir s'installer au Brésil dés 1820. A Caxia do Sul, un monument leur rend hommage : "La nation brésilienne aux immigrants". En France, bien des émigrés sont venus, répondant à l'appel de la France dans les années 1930 ; ce sont eux qui ont permis l'exploitation des mines de fer et de charbon, le développement de la sidérurgie, entre autres ; nulle part nous n'avons vu de monument pour les remercier d'avoir quitté leur pays...
Nous quittons les montagnes de la Serra gaucha et après avoir traversé un long plateau à 1000 m d'altitude, descendons rapidement vers la mer et Florianopolis sur l'île Santa Catalina.
Le long de la rivière bordée de palmiers géants, de bananiers et d'autres arbres immenses, s'alignent les demeures coloniales. Il n'y a guère de touriste lorsque nous y sommes, la ville est très calme et agréable.

Le guide du Routard nous annonce de magnifiques paysages sur un île très sauvage. Nous y découvrons une intense activité touristique, plages pour la baignade et le surf, innombrables restaurants, bars et hôtels. C'est vrai que nous sommes le week-end ; le dimanche soir un long serpent de voitures rejoint au pas les grandes villes. La musique des bars résonnera tout de même encore jusqu'à 5 heures du matin ! Sauvage.... façon de parler !

Avant de quitter l'île nous découvrons une plage sur la côte ouest à l'abri des vagues. La plage est surtout fréquentée par des familles ; l'eau est chaude et calme comme la Méditerranée. Nous en profitons pour effectuer quelques baignades successives et passer là une nuit tranquille, sans bruit, sans musique …
Remontant la côte atlantique, nous arrivons à Morretes, charmante cité historique du XVIII è siècle. Aux fenêtres des cafés et restaurants, des figurines sont toujours prêtes à accueillir le client!
Près de Morretes se trouve la Serra de Graciosa, une forêt luxuriante avec de grands arbres, des fougères géantes et beaucoup de fleurs ; fleurs et essences végétales sont des variétés de la Mata Atlantica, la Forêt Atlantique.
Une petite dame vient faire la causette avec nous. Pas très facile ! Le portugais a bien des similtudes avec l'espagnol, mais la prononciation est totalemente différente ! En général, on me comprend quand je parle espagnol, mais les brésiliens ne parlent QUE le portugais et la réponse reste souvent incompréhensible pour nous.
Mais le brésilien diffère des habitants des autres pays d'Amérique du sud ; si on se comprend pas, le dialogue n'est pas pour autant fini et le contact continu quand même. Les brésiliens sont des gens extrêmement chaleureux et recherchent le contact. Ils sont vraiment adorables !
Les fleurs des bananiers sauvages sont mauves et délicieuses. Les tiges supportant le régime de petites bananes se dressent vers le haut et ne retombent pas, comme c'est le cas en général.
Des arbres débordant de fleurs jaunes ou violettes se succèdent dans la forêt ; sur le bord de la route de jolies fleurs blanches exhalent un parfum de jasmin.
Les routes de campagne sont limitées à 80 km/h avec de nombreux passages à 60 voir 40km/h. Donc, nous n'avançons pas très vite ! Le Brésil est un pays immense, avec des distances immenses aussi. Nous faisons donc des jours « conduite » où nous avançons vite pour pouvoir ensuite séjourner et visiter les régions qui nous intéressent.
Nous voilà donc au Minas Gerais, une région plus grande que la France, montagneuse, couverte de forêts, très vertes car il pleut presque chaque jour en cette saison. Les bandeirantes (pionniers portugais) ont découvert, au début du XVIII è siècle, de l'or, beaucoup d'or et des pierres précieuses(rubis, émeraudes, diamants)et semi-précieuses en très grande quantité. Ils ont construit des villes qui rivalisent de richesses. (A droite, fontaine avec de grandes géodes d'améthyste.)
Tiradentes tient son nom du héros de la révolution de 1789, connue sous le nom d'Incondinentia, premier pas vers l'indépendance du pays. La ville est de taille modeste, mais compte de magnifiques églises et demeures coloniale.
La Igreja Sao Antonio domine la ville ; on y accède par de jolies petites rues pavées, en pente, bordées de demeures coloniales colorées.
Une autre église, plus modeste, est très intéressante. Il s'agit d'une église construite par les esclaves, pour les esclaves. Ils n'étaient pas autorisés à pénétrer dans les églises des blancs. Ils ont donc construit cette église, de nuit, après le « travail ». Ils ont donné à leurs statues de saints un visage noir.
L'église est très dénudée ce qui lui donne un certain charme au milieu de cette débauche de dorures des autres églises baroques.
L'artiste fut surnommé l'Aleijadninho, "le petit estropié", suite à une lèpre qui le mutilait de plus en plus. C'est en se faisant fixer marteau et burin sur ses moignons qu'il a terminé son œuvre à Congonhas. Dans le visage des personnages, on ressent toute sa douleur...
Ouro Preto... Or Noir en portugais. Une ville née de l'or, de l'or en quantité ! Une ville qui fut fermée pendant un siècle et où il fallait un permis de séjour délivré par le roi du Portugal pour habiter, seuls de riches colons portugais pouvant l'obtenir. De l'or, il y en avait partout ! Sur les flancs des montagnes, dans les rivières. 1200 tonnes d'or auraient été extraites et acheminées vers le Portugal.
La mine d'or de Passagem se visite actuellement, les propriétaires ayant préféré exploiter l'or touristique plutôt que continuer l'exploitation du métal. Visite au demeurant très chère et assez peu intéressante... On descend dans la mine dans un wagonnet à 125 mètres de profondeur. Pas de filon mais une roche riche en or : 4 à 5 g d'or/ tonne de pierre extraite. Le minerai est ensuite concassé et on extrait la poudre d'or, aujourd'hui à l'aide de tables vibrantes, autrefois avec le « chapeau chinois ». Ci-dessous, sur la photo de droite, un peu de poudre d'or (jaune) au centre...
Une géologue vénézuélienne partageant la visite avec nous nous a dit qu'au Vénézuela l'exploitation des mines d'or est considérée rentable à partir d'1g d'or/tonne de minerai. Nous ne la contredirons pas, notre expérience concernant l'exploitation des mines d'or étant plutôt limitée... Dans cette mine de Passagem, ce sont 32 tonnes d'or qui ont été officiellement extraites, mais si on tient compte des prélèvements officieux, ce pourrait être le double !
Ouro Preto, or noir en portugais, tient son nom des premières pépites extraites qui étaient couvertes d'une couche noire d'oxyde de fer. C'est une ville située au coeur des montagnes et qui est en pente. Où que l'on aille il faut monter, descendre, remonter, et les pentes sont très raides !
Des églises sont perchées sur chaque petit sommet. De nombreuses et somptueuses maisons coloniales signent la grande richesse de cette ville. De nombreux artistes et bâtisseurs sont venus du Portugal s'y installer et l'on retrouve aussi l'Aleijaninho qui a signé de nombreuses œuvres, à Ouro Preto comme dans de nombreuses grandes villes du Minas Gerais, voir du Brésil.
Sur les routes, les bandes ne signifient pas forcément une interdiction de doubler et nous avons vite compris qu'une bande n'était pas « un mur infranchissable » selon la définition du code de la route. Et ceci est valable pour toute l'Amérique du sud. Sur les autoroutes, il y a une concentration énorme de camions qui filent à toute vitesse, se doublent et se redoublent au gré du relief.
Nous décidons de ne pas aller à Sao Paulo, ni à Rio de Janeiro, villes trop immenses où notre petit fourgon ne saurait être à l'aise. Son conducteur non plus d'ailleurs . Nous rejoignons directement le Minas Gerais, région mondialement connue par les amateurs de minéralogie. Quelques 1200 km, que nous franchirons en 3 jours, nous séparent des villes historiques .
Parlons un peu des routes au Brésil. Le réseau routier est de bonne qualité et comprend des routes et de nombreuses autoroutes surtout autour des grandes villes. La vitesse est limitée à 80 km/h, souvent à 60 km/h pour les camions. Sur les autoroutes, quelques tronçons sont à 110 km/h et 90 km/h pour les camions. Nous respectons toujours les limitations ...ce qui fait qu'on a toujours derrière nous une longue file de véhicules, voitures, camions ou bus , car personne d'autres que nous ne respecte les limitations.
Parfois, tout le monde est arrêté sur des km de bouchons. Devant, on est presque sûr de trouver un camion accidenté. Nous en voyons chaque jour, couché sur le côté dans un virage. Nous espèrons seulement ne pas se trouver à côté quand il verse car notre fourgon ne ferait pas le poids et nous serions vite transformés en fine galette !
A Congonhas un sanctuaire financé par un riche diamantaire malade est l'oeuvre d'Antonio Francisco Lisboa, le Michel-Ange brésilien, fils naturel d'un architecte portugais et de son esclave. (Jésus, comme souvent au Brésil, est blond.)

La seconde, celle signée par l'Aleijaninho, est plus simple, plus jolie car non surchargée par toutes ces dorures. On ne s'y sent pas écrasé et elle est de plus orné de très jolies peintures, en particulier toute la voûte de l'église.

Le magnifique portail a été sculpté en pierre à savon, très utilisée par l'Aleijaninho.

La troisième église, la Igreja Nossa Senhora do Pilar, a été construite sur un ancien dépôt d'or et est l'oeuvre de l'oncle cette fois.

Les trois principales églises de la ville sont signées par l'Aleijaninho, la seconde par son père, la troisième....par son oncle ! Ouro Preto, une histoire famille ! Il est intéressant de noter la différence entre ces trois églises : la première, la Matriz de Nossa Senhora da Conceiçao de Antônio Dias est signé de Manuel Francisco Lisboa, le père. Beaucoup, beaucoup de dorures comme toutes les églises baroques, surtout dans les villes où se trouve déjà l'or...
Dans cette église, de l'or, il y en a ! encore et encore ! On dit qu'il a fallu 430 kg d'or pour réaliser la décoration ! Selon nous, ce n'est même plus joli... Nous avons photographié « par erreur » l'intérieur (toute photo est normalement interdite à l'intérieur des églises, mais c'était seulement indiqué sur le ticket...). Oui, ceci est bien une église...

Le musée de Minéralogie est une pure merveille. Nous y voyons de magnifiques pierres précieuses et semi-précieuses, découvertes pour la plupart dans le Minas Gerais, ce qui nous confirme la richesse de cette région (malheureusement pillée par les portugais).

Et puis, à Ouro Preto, il y a une autre fièvre aujourd'hui... on prépare le Carnaval !

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