Bolivie

7 juin 2010

L'ALTIPLANO

Le 27 mai, nous quittons San Pedro de Atacama pour entrer en Bolivie, 40 km plus loin, par un col à plus de 4000m. Le vent souffle et les policiers boliviens sortent bien emmitouflés. Ils sont aimables, nous indiquent les meilleures pistes à prendre. Dehors paissent quelques vigognes et juste devant le bureau jouent deux cholos, ces adorables petits renards des Andes.

Pour qu'ils se rapprochent, le policier lance une pierre et aussitôt les deux petits cholos se précipitent vers nous.
Nous entrons dans le Parc National et découvrons la Laguna Blanca à côté de la Laguna Verde, haut lieu touristique. La Laguna Verde est dominée par le volcan Licancabur, 5916 mètres ; de l'autre côté du volcan, San Pedro.
Nous passons la nuit sur les bords d'un salar, à 4400m. Quelques bassins laissent entrevoir un peu de vapeur. Ce sont des sources chaudes, à 37° environ, qui s'échappent des flancs du volcan. Quelques mètres plus loin, l'eau se couvre de glace, puis se mélange à l'eau salée de l'immense salar.
Le lendemain, des gardiens du Parc viennent ici faire leur lessive, profitant de l'eau chaude. Nous discutons allègrement avec eux, puis leur offrons le livre de photos de Méribel (merci Françoise). Ils sont toujours heureux de voir les montagnes et les animaux de chez nous. Mais quel étonnement lorsqu'on leur dit que la plus haute montagne d'Europe culmine à 4807mètres et qu'il y a de la neige toute l'année ! Près de nous se dresse le Licancabur qui n'est qu'occasionnellement et très partiellement enneigé ! Ici, quand il y a de la neige, ce ne sont que quelques dizaines de centimètres et la neige fond très vite.
Après une mauvaise nuit due à l'altitude, nous reprenons la route, accompagnés d'un vent assez fort. Nous voyons ces fameux geysers, à une altitude plus élevée que « les plus hauts geysers du monde » del Tatio au Chili. Mais ils sont différents car, ici, c'est de la boue qui bouillonne, pas de l'eau. Des fumées s'échappent du sol avec un sifflement bruyant. Les rafales de vent couchent les fumerolles à l'horizontale. Une ambiance d'enfer...
Nous sommes ici dans une région volcanique encore active, comme en témoignent les geysers, les sources d'eau chaude et les nombreux volcans en sommeil qui nous entourent. Nous sommes aussi dans une zone sismique, le terrible tremblement de terre au Chili en février a eu lieu bien près d'ici. Tout cela nous montre la puissance de la nature et nous sommes, nous pauvres humains, bien peu de chose face à ces phénomènes …
Nous devons effectuer les formalités de douane, à 80 km de la frontière. A côté du poste de douane, situé lui-même près d'une mine, un terrain de foot... Rien de particulier me direz-vous ? Et pourtant si ! Car nous sommes à 5020 m d'altitude ! J'ai demandé au douanier si on jouait sur ce terrain ; bien sûr, me dit-il, pour jouer contre le Pérou ! J'ai appris par la suite qu'il y a quelques années un match de foot a été organisé au sommet du plus haut volcan bolivien, plus de 6500 m. Ces gens n'ont peur de rien !
Nous entrons dans une vallée particulière. On l'appelle le Désert de Dali. Entre des petits sommets rocheux s'étend une zone de sable absolument lisse au milieu delaquelle sont plantés ici et là des rochers de taille et de formes diverses, le tout dans une variété de couleurs extraordinaires. On n'aurait même pas été étonné de trouver parmi ces rochers une montre géante fondue...
Nous arrivons le soir à la Laguna Colorada, à 4400m de nouveau. Le vent qui n'a pas cessé de la journée, redouble de violence. Le fourgon est balloté au gré des rafales. Le couvercle du lanterneau (fenêtre du toit) vibre de manière inquiétante. Craignant qu'il ne soit arraché, Klaus change la position du fourgon au milieu de la nuit. Sans doute du fait du vent du nord, donc chaud, la température ne descend que peu dans la nuit et avoisine les -5° au matin, rien à voir avec les -15° del Tatio. Mais la visibilité est mauvaise et le vent ne nous permet guère de descendre longtemps du fourgon. La visite de la Laguna Colorada, un des plus beaux sites d'Amérique du sud, dit-on, aura été pour nous bien écourtée !
Nous rejoignons Uyuni, première ville bolivienne après ces trois jours de désert. Nous découvrons d'un coup la Bolivie, en particulier les femmes vêtues de leurs robes gonflantes et superposées, leurs chaussettes de laine, leur chapeau à la Borsalino, et dans le dos, enveloppé dans un châle multicolore, un bébé dont on ne distingue que la forme. C'est l'Amérique Latine qui vient vers nous !
Un cimetière de locomotives et wagons de chemin de fer, tout à fait incongru, émerge du désert à côté de la ville d'Uyuni.
Le paysage entre Uyuni et Tupiza est magnifique. Nous remontons une petite gorge où nous avons une magnifique lumière d'automne ; on se croirait à Sisteron en septembre. Et pourtant...nous sommes à plus de 4200mètres et l'eau du ruisseau ne dégèle pas ! Tout à coup, devant nous sur la route, deux autruches détalent à notre approche. A 4200 mètres !!!
Les vaches paissent jusqu'à 3000 mètres. Plus haut, on n'en voit plus guère. Ce sont alors les troupeaux de lamas et alpagas qui prennent la relève.
Tupiza, plus basse puisque seulement à 2900mètres, est une petite ville tranquille. Son cadre est absolument fantastique ! Les rochers qui l'entourent font penser à une Cappadoce géante et en couleurs.
Les rochers sont rouges foncé, verts, jaunes et chaque virage laisse apparaître un autre décor toujours plus merveilleux. Ici, nous nous reposons des rigueurs de l'Altiplano, de l'altitude, de la solitude, de l'aridité extrême du paysage.
Nous découvrons mieux la Bolivie. Je pensais avoir fait de gros progrès en espagnol, mais, comme me l'a expliqué une bolivienne, les chiliens parlent très vite et les argentins font des « che che che ». En fait, je comprends mieux simplement parce que les boliviens parlent mieux ! Enfin, les échanges deviennent possibles !

Nous découvrons nos premiers marchés car en Argentine, nous n'en avons guère vus. Les fruits exotiques commencent à apparaître, avocats, ananas, papayes, d'autres fruits que nous n'identifions pas encore, et surtout de grandes quantités d'agrumes (mandarines, citrons verts, pamplemousse).

Après un crochet vers Tarija, nous nous dirigeons vers Potosi.

Un bus décoré, dont le pare-choc a été supprimé pour mieux s'adapter aux pistes.
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