Chili
De La Serena à Puerto Montt. 7 décembre
2010.
Nous rejoignons une fois de plus la côte
Pacifique et, une fois de plus, passé le dernier petit col, une épaisse couche
de nuages recouvre la bande côtière et la température chute de 10° au fur
et à mesure que nous approchons de la mer. Il fait frisquet, 14°, le vent
est froid et le ciel très gris avec parfois une petite bruine. C'est cela,
la côte pacifique.
Nous
nous arrêtons pour la nuit sur une jolie plage et Klaus entreprend tout de suite
de réparer une roue qui fuit. Autour de nous, pas d'autre bruit que les cris
des oiseaux et le roulement des vagues.
Une
petite promenade nous fait découvrir des oiseaux, beaucoup d'oiseaux. Quelques
cormorans, fort occupés à peindre un rocher au guano, sont aidés par deux mouettes
venues posées pour la photo, sous l'œil vigilant de cet autre oiseau au long
bec courbé. Les plumes des cormorans ne sont pas imperméables et après une courte
séance de pêche, les oiseaux doivent aller se sécher sur les rochers.
Au pays des pingouins, même les coquillages
mettent un manteau de fourrure !
Nous envisageons de nous rendre en bateau
à l'île Choros où se trouve une importante colonie de manchots de Humbolt
et des lions de mer. La mer n'est pas très calme, mais nous nous renseignons
tout de même avec les pêcheurs embarquant les touristes sur leur barque. On
nous propose 100 € pour un tour de deux heures...
Il
est vrai que les barques sont prévues pour 8 et que nous ne sommes que deux
; il est certain aussi que les pêcheurs préfèrent promener deux pingouins dans
leur bateau qu'aller une journée à la pêche. Les deux pingouins n'iront donc
pas voir la colonie de manchots et quittent le littoral pour remonter la délicieuse,
chaude et ensoleillée surtout, Vallée de l'Erqui jusqu'à Pisco Erqui.
Ici
se trouve le berceau du pisco, la boisson tant appréciée du capitaine Haddock
et de beaucoup d'autres. Des vignes, encore des vignes, qui partent à l'assaut
des versants désertiques, beaucoup d'arbres fruitiers, des légumes, cette vallée
ressemble à un petit paradis ! Nous en profiterons pour visiter la fabrique
de pisco ; nous sommes surpris d'apprendre que le pisco est distillé et vieilli
à 80° et est ensuite dilué avec de l'eau déminéralisé pour atteindre le taux
légal de 40°. Etrange procédé de fabrication, mais le résultat est agréable
à boire !
Et
nous revenons vers le Pacifique, à Coquimbo, qui cette fois, est sous le soleil.
Le marché aux poissons nous fait découvrir les poissons chiliens, congres rouges
et bien d'autres ; des fruits de mer en quantité (les noix de St Jacques sont
associées au fromage pour les sandwichs) et des petites préparations comme le
délicieux ceviche, une variante du carpacio. Les femmes s'activent à décortiquer
des montagnes de crevettes.
Dehors,
les pélicans se prélassent sur les rochers. Un petit museau qui émerge de l'eau
nous signale la présence de lions de mer dans le port. L'un d'eux vient nous
rendre visite et effectue, à deux mètres de nous, plusieurs plongées entre lesquelles
il vient nous regarder.
Un vieux lion sort de l'eau et se couche
sur les rochers à côté des pélicans. Il passe les 4/5 de son temps à se gratter
avec sa nageoire caudale, une toute petite main pour un grand corps.
Que de temps passons-nous à regarder
ce spectacle !
Valparaiso
est une grande ville, dit-on, avec beaucoup d'embouteillages. Nous laissons
le fourgon au camping et prenons le bus pour rejoindre la ville, une occasion
rare pour Klaus de voir de l'intérieur la conduite des bus ! Finalement, en
ce samedi, la ville est plutôt tranquille. Nous la parcourons à pied, cela monte
et cela descend sans cesse. Les marchés regorgent de fruits et de légumes à
prix dérisoires, des montagnes de cerises ou de fraises à 0,80 cents/kg, des
avocats par sacs, des agrumes, des bennes de tomates, de choux, de choux-fleurs,
des lucumas aussi, et tant d'autres encore !
A
Los Vinos, où nous nous arrêtons pour la nuit, il y a aussi des lions de mer.
Pour les atteindre, on marche en haut d'une falaise dans le sable ; par-ci par-là
les taches colorées de fleurs splendides, et tout au bout, face au cap, l'île
des lions de mer. Nous entendons de loin leurs rugissements et les voyons soudain,
étendus sur les rochers. Certains arrivent de la mer, amenés par les hautes
vagues qui les déposent sur les rochers, et quelquefois les renvoient à l'eau,
surtout les petits. Leur mère les attend, les guide, les appelle, puis toute
la famille va se sécher loin de l'eau.


Les versants des collines de Valparaiso
sont couvertes de petites maisons en bois de toutes les couleurs. Pour monter
vers les nombreuses collines, il y a des ascenceurs, qui sont en fait des
petits funiculaires, mais ils sont si courts que l'on a aussi vite fait à
pied... Valparaiso est vraiment
une ville bien sympathique !
Nous évitons santiago, 7 millions d'habitants,
beaucoup trop grande pour nous, et filons plein sud. L'autoroute nous permet
de manger des km et très vite nous nous trouvons dans la région des lacs.
Auparavant,
nous faisons un crochet par Concepcion, au bord de la mer. C'est une ville agréable
et bien entretenue ; pourtant Concepcion a été l'épicentre du tremblement de
terre de février dernier. Plus de traces de ce séisme ; quelques toitures effondrées
; quelques travaux de réparation par-ci par-là, ni plus ni moins que dans une
autre ville. Et soudain, arrêtés à un feu rouge, nous voyons cet immeuble, une
tour qui s'est couchée, seul témoignage de ce récent drame.
Au
sud du Chili, la région des lacs ressemble à la Suisse, la Savoie, les Vosges,
la Bavière, à une région de montagnes très verte donc bien arrosée !
Et beaucoup de lacs comme celui d'Annecy, d'Interlaken, l'Alpsee. En bien peu
de temps, nous avons quitté le désert et les très hautes altitudes pour
nous retrouver dans une végétation exubérante et à 200 m d'altitude.
Oui,
tout serait comme les Alpes s'il n'y avait ces magnifiques volcans couverts
de neige. Le Chili compte 68 volcans actifs. Le Villarrica fume continuellement.
Il culmine à 2400 m ; plus rien à voir avec le Ojos de Salado à plus de 6800m
!
Il
pleut en bas, il neige en haut, ce n'est plus le désert. De la pluie, nous en
aurons ici. Pourtant l'été se prépare activement ; hôtels et campings remplissent
les piscines, les maillots de bain, bouées et jeux de plage sont en vitrine
et... les pères Noëls, sapins en plastiques et guirlandes lumineuses sont en
vente dans les marchés ! Les sapins sont déjà décorés
dans les maisons, alors que les jardins fleurissent. Nous sommes le 1er décembre
; la France est sous la neige, paralysée ; nous sommes sous la pluie et les
hôtels attendent fébrilement l'été.
C'est le monde à l'envers, même
si dans l'hémisphère sud, on ne marche pas sur la tête
!
Les maisons sont en bois, parfois recouvertes
d'écailles de bois, et souvent colorées de couleurs vives, jaune,
rouge, vert ou bleu. La plupart du temps, elles n'ont pas d'étage,
sans doute pour cause de séismes fréquents !
Avec
tant de pluie, tout est vert, les fleurs ont un éclat magnifique, et
les volcans sont étincelants de blancheur... quand on arrive à
les voir !
Le
soir, nous trouvons toujours une place au bord d'un lac.
Ils sont très nombreux dans cette région, et c'est aussi cela
qui attire tant de touristes. Nous regrettons de ne pas avoir plus d'accès
aux lacs, plus de points de vue aussi. La route est en général
séparée des lacs par une épaisse forêt et les parkings
sont au Chili quasiment inconnus. Une large tranchée permettant l'écoulement
de l'eau de pluie (et il y en a !) ne permet pas de quitter la route.
Au Chili, tout appartient à quelqu'un
et ce quelqu'un tire partie de ses possessions. Alors, chaque cascade, chaque
parking, chaque plage, sera payant.
La nature est très belle, mais
tout cela gâche un peu le charme. Et quand en plus il pleut !!!...
Un
peu l'égal de nos corbeaux, ces oiseaux, plus gros que des canards, sont
très nombreux à picorer dans les prés.
Entre
deux lacs, nous traversons une zone de prairies où se trouvent des fermes
avec de grands pâturages et des champs cultivés. Ces endroits ne
semblent pas toucher par le tourisme et la vie y paraît paisible.
Sur
le parking d'une laguna verde, ce cavalier masqué, zorro (=renard), attend
sans crainte le départ des bus de touristes pour faire le tour des tables
de pique-nique.
Au
bord des routes, au bord des lacs, les fuchsias sauvages sont de véritables
arbres dont les fleurs dégringolent en une cascade multicolore.
Nous restons 8 jours à aller d'un
lac à l'autre, d'un volcan à l'autre, guettant à travers
les nuages le rayon de soleil qui nous laissera découvrir de fantastiques
images, 8 jours dont deux de soleil, 3 jours de grosses pluie et le reste
sous d'épais nuages.
Nous arrivons à Puerto Montt,
ne sachant si nous allons ou non à l'île de Chiloé. Nous
nous décidons tout de même et après une demi-journée
de grosse pluie arrivons sur l'île avec le soleil et sous un ciel bleu
!
Pour toi qui nous
a quittés un 7 décembre....