Brésil

Le nord du Minas Gerais. 14 mars 2011.

Nous laissons Ouro Preto à ses préparatifs carnavalesques et partons assister aux festivités dans une ville de dimensions plus modestes au nom prometteur : Diamantina... Sur la route, nous faisons un petit crochet pour visiter la grotte de Maquiné. Nous n'avons aucune idée de ce qu'est cette grotte dont le nom est signalé par quelques panneaux sur « La Route des Grottes ». Le Minas Gerais a découpé sa région en un certain nombre de Routes qui regroupent certaines communes ayant des points communs.

Nous arrivons à la fermeture, 17 h, mais on nous laisse passer la nuit sur le parking en précisant qu'il y a un vigie. On nous propose de l'eau, de l'électricité, bref un grand confort présenté avec le sourire. Nous passons une nuit en pleine nature bercés au réveil par le chant des oiseaux. Un très grand parking mais pas de touristes, peut-être car le carnaval approche. Notre guide, passionné, nous fait une visite animée de la grotte, découvrant ici un puma, là un éléphant et là encore un mouton...
La grotte, d'une longueur de 600 m ouvert au public, descend à 18m de profondeur en 7 salles immenses plus jolies les unes que les autres, mises en valeur par un éclairage judicieux. J'ai cru lire qu'il s'agit d'une des plus belles grottes au monde... C'est peut-être bien le cas... La grotte continuerait ainsi sur 50 km non ouvert au public ! Notre guide déplore le climat sec qui ne permet de voir toutes les piscines remplies et l'eau dévalant en cascades. De notre côté, nous apprécions le sol non glissant et une pause de la pluie.
Nous reprenons notre route, ravis de ce détour qui en valait vraiment la peine ! Et nous arrivons en fin d'après-midi à Diamantina. Ce n'est pas un surprise de dire que Diamantina est la ville du diamant ! Située à plus de 400km au nord de Ouro Preto, un peu à l'écart de l'axe Belo Horizonte-Brasilia, Diamantina, isolée, est un peu oubliée des circuits touristiques. C'est une ville coloniale, riche en monuments historiques, maisons coloniales et églises, qui est, comme toutes les villes du Minas Gerais, en pente.
L'avantage sur Ouro Preto est qu'ici on descend dans la ville historique et qu'on remonte ensuite dans la ville moderne. Pas de descentes et de montées raides et successives comme à Ouro Preto. La ville est en ébullition, carnaval oblige. Nous sommes jeudi ; le carnaval commence le vendredi et se poursuit jusqu'au mardi. Partout des podiums se dressent ; d'innombrables boutiques se construisent dans les rues.
Certaines boutiques protègent les vitrines avec du contreplaqué, de nombreux escaliers accédant aux maisons sont condamnés et les snacks commencent à se faire livrer les boissons ou préparent leur cuisine ambulante. Nous resterons longtemps à observer l'activité parallèle au carnaval : on amène des caisses en polystyrène de grande taille qu'un vendeur remplit de cannettes de bière surtout, et accessoirement de coca, eau,... Des caisses plus petites servent aux ambulants qui déambulent dans la foule.

Nous avons un parking situé près de la ville, mais un peu à l'écart des zones d'animation. L'Office du Tourisme nous donne un dépliant avec les festivités prévues. Tous les monuments historiques sont fermés durant cette période. Le vendredi matin, nous nous promenons en ville où les préparatifs se poursuivent.

Partout, des jeunes, cannettes ou choppes de bière en plastique « Carnaval 2011 de Diamantina » à la main ou pendue autour du cou. Pas de déguisement ou seulement un petit accessoire, chapeau, perruque ou tee-shirt bariolé. Tout le monde est en short, voir torse nu et maillot de bain pour les garçons. Toute la journée, ils boivent et boivent encore ! Le vendredi soir, à 22 heures, le premier grand concert commence en même temps qu'une pluie diluvienne. Le concert s'arrêtera vers une heure du matin, la pluie vers 7h... Nous attendons le premier défilé prévu le samedi à 14h. Nous attendons, mais rien ne vient ; il est tout de même intéressant d'observer toute cette activité, assis sur un banc.
Le carnaval nous apparaît alors différent de ce que l'on imaginait... En fait carnaval rime avant tout avec jeunesse, bière et décibels ! Partout, des hauts-parleurs hurlent leur musique, dans les maisons, devant les maisons, avec une sono dans un coffre de voiture à l'arrêt, et dans d'autres voitures qui déambulent lentement à travers la ville, coffre ouvert rempli de haut-parleurs hurlant leur musique.
Nous décidons d'abandonner la sympathique ville de Diamantina et de continuer sur « La Route du Diamant ». Le paysage est toujours montagneux, souvent sous la pluie ou au mieux dans la brume. Les montagnes sont couvertes de plantations d'eucalyptus, plantés très serrés, troncs droits presque sans branches ni feuilles s'élançant très haut vers le ciel. Des rivières rouges roulent un flot tumultueux.
Il y a les jeunes, essentiellement des étudiants, qui s'amusent et boivent ; il y a les vendeurs de boissons, de beignets, sandwichs, brochettes, …. et il y a les fonctionnaires du fisc qui circulent, cahier à la main, pour vérifier si tout le monde est en règle. La police, très présente , est en particulier à toutes les issues de la ville historique où des barrières peuvent fermer complètement le territoire du carnaval ; pendant ce temps, un hélicoptère de la police survole la ville à basse altitude, avec de nuit un fort projecteur...

Nous suivons ensuite « La Route des Pierres Précieuses » pour arriver à Turmalina, où là aussi un podium attend le concert du soir.

Les villes du Minas Gerais portent des noms qui signent l'intense richesse et activité passées et encore actuelles ; Ouro Preto (Or Noir), sa voisine Ouro Branco (Or Blanc), Turmalina, Diamantina, Berila, Esmeralda, Cristalina (Tourmaline, Diamant, Béryl, Emeraude, Cristal) et tant d'autres villes que nous ne connaissons pas.

Deux grands podiums et deux autres plus petits offrent des concerts dés la fin d'après-midi jusque tard dans la nuit. En fait, le carnaval est pour les jeunes la possibilité d'assister pendant 5 jours à de super concerts gratuits, de danser, de s'amuser et de boire. Nous aurons vu juste un petit défilé de militaires, je crois, déguisés en femmes et défilant, musique à l'appui. Et la pluie qui n'arrête pas !

Le samedi soir, une grande rumeur est suivie d'un grand silence... Tous les concerts se sont tus d'un coup alors que l'obscurité recouvre la ville. Panne d'électricité générale ! Après plus d'une demi-heure, un ahhhhhh!!!!!!!!!!!!!!!! général signale le retour du courant, celui de la lumière et des sonos des concerts. Nous nous réveillons le dimanche matin au milieu d'une piscine car la pluie n'a pas cessé de la nuit et continue encore le matin.
Puis viennent les plantations de café. En passant dans les villages, nous humons une délicieuse odeur de café torréfié. Pourtant sur les plants les grains sont encore bien verts !
Durant les 50 km de piste que nous parcourons en plus de deux heures, nous sommes surpris de ne rencontrer aucun indigène en 4X4, tous ont des voitures ordinaires, voir même...une décapotable ! Le paysage est très joli, petites maisons nichées au creux de la verdure des bananiers, entourées d'arbres immenses recouverts de fleurs rouges ; la forêt très vertes au milieu desquelles se dressent des arbres à fleurs violettes ou blanches.
Et ces bambous géants qui penchent délicatement le bout de leurs pousses très feuillues qui s'agitent au vent comme des fantômes démesurément grands.
Nous traversons de gigantesques flaques d'eau, espérant ne pas caler en plein milieu... quelques espaces boueux et glissants dans des montées raides, guettant le moment où le véhicule ne répondra plus comme on le souhaite. Nous n'aurons finalement aucune mauvaise surprise et arrivons le soir à l'entrée de Teofilo Otoni, la ville aux 3000 boutiques de pierres précieuses !

Nous sommes le mardi 8 mars, mardi-gras, dernier jour du Carnaval. Nous espérons voir à Teofilo Otoni le défilé tant attendu et comptons attendre jusqu'au mercredi matin pour découvrir les pierres précieuses puisque mardi-gras est jour férié. Nous arrivons dans une ville morte, toutes les boutiques, bars et restaurants sont fermés. Pratiquement personne dans les rues jusqu'à la place centrale où se trouvent quelques hommes d'âge bien mûr, qui errent dans un total désœuvrement. Aucun jeune contrairement à Diamantina où il n'y avait que des jeunes !

(Photo:Claudie a une petite soeur brésilienne) Nous nous promenons, sans conviction, dans les rues tristes ; sur la place, un petit snack nous livrera le petit déjeuner tant attendu accompagné d'un délicieux jus de cajou.
A côté de nous se déroule une partie de dames ; deux joueurs et quelques spectateurs plein d'ennui, qui parfois donnent leurs conseils (" Darf ich was sagen? " ," Du hast gewonnen ! ") (ça, c'est pour Nico...). Un homme, qui n'a rien d'un riche joailler, vient s'asseoir à notre table et déballe quelques pierres de son baluchon ; série de quartz avec inclusions variées à un prix ridiculement bas (50 pierres pour 50 €), trop bas pour ne pas risquer la falsification. Il sort aussi quelques boites où dorment de superbes petites émeraudes...
Au musée de Ouro Preto se trouve une vitrine sur la falsification des pierres, art dans lequel le Brésil excelle, ce qui lui permet (avec le Maroc) d'inonder de fausses pierres le marché mondial ! Dans la vitrine, nous avons vu de magnifiques émeraudes taillées dans du verre de bouteille, des rubis et des topazes taillés dans le plastique des feux rouges arrière ou des clignotants de véhicule . L'acheteur n'y voit que du feu (c'est le cas de dire !), le vendeur parle en personne compétente et il n'y a aucune possibilité de vérifier puisque les certificats d'authenticité délivrés peuvent eux aussi être faux ! Donc, en règle générale, nous nous contentons d'admirer les pierres, sans les acheter, et qu'importe si nous sommes en émerveillement devant... du faux. Cela au moins ne coûte rien.
A Teofilo Otoni, il fait humide et chaud et il n'est que midi. Nous n'imaginons pas attendre toute la journée comme cela, sentant notre moral baisser en flèche devant tant d'ennui, et décidons de reprendre la route, sans voir les boutiques de pierres qui déjà ne nous intéressent plus...
Nous remontons vers le nord, suivant plus ou moins la côte et arrivons à Porto Seguro. Porto Seguro est une ville historique. C'est l'équivalent brésilien de San Julian en Patagonie, là où les portugais ont touché la côte brésilienne la première fois et y ont célébré la première messe. On y visite un joli centre historique, fait de petites maisons colorées, malheureusement squattées par des boutiques de tout poil, trois églises et un collège jésuite en ruine.
Nous arrivons en fin d'après-midi à la côte atlantique. Sur la route du bord de mer, c'est encore le carnaval, c'est à dire qu'il y a beaucoup de monde qui se promène et des voitures, dont le coffre ouvert est rempli d'enceintes, qui circulent en boucle très lentement afin que tout le monde puisse profiter, de son plein gré ou non, de leur musique. Ils ne s'arrêteront que tard dans la nuit... Des jeunes filles viennent jeter un coup d'oeil curieux à notre « motorhome » et en profiteront pour se photographier à l'intérieur sous tous les angles !
On y a de plus une jolie vue sur la mer et l'on comprend pourquoi on a appelé la ville Porto Seguro (Port Sûr) : une longue barrière de corail met les navires à l'abri des vagues dans le port. La ville est très touristique. On y voit une multitude de boutiques de vêtements, de souvenirs, de snacks... Nous attendions le bord de mer pour manger du poisson et des fruits de mer. Nous sommes vite désenchantés ! Le plat de poisson est à plus de 20 € et les crevettes dépassent les 30 €. Où est le plat de crevettes d'Equateur à 4 € !? Nous nous rabattons sur le traditionnel self-service, plus populaire et beaucoup moins cher (5 €).
Nous trouvons un camping, à deux pas de la mer, et nous y restons trois nuits. Nous avons toujours des pluies fréquentes et un air humide et chaud. Une vraie galère pour sécher la lessive ! Un coup je rentre le linge, un coup je le sors.....Le calme n'est pas non plus vraiment au rendez-vous ! Sur la plage, la boite de nuit voisine attaque son programme à 23h et le termine à 7h30. Et puis, il y a aussi un programme jour : des vols en hélico, de deux minutes environ, qui font une ronde incessante. De temps en temps, un avion décolle et passe au-dessus de nos têtes. Nous sommes résignés !
Le Brésil n'est pas l'endroit où on trouve le silence, surtout pas en période de vacances. Mais nous avons de la chance ! La classe a repris le jour où nous quittons Porto Seguro et nous continuons notre route, toujours vers le nord !
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A Agua Boa (Bonne Eau), nous quittons le goudron pour une piste vers Teofilo Otoni. Il ne pleut plus mais la piste est encore bien mouillée et boueuse à certains endroits. C'est notre première piste en période de pluie et nous avons plus d'expérience avec le sable qu'avec la boue (encore qu'en Mongolie...). La piste monte raide et descend de même. Le fourgon se comporte bien aux mains de son habile conducteur.

Au bord de la route se trouvent des boutiques où on vend des fruits exotiques (tropique oblige !) ainsi que douceurs sucrées, miel et pleins de conserves de piments de toutes tailles et toutes couleurs.