Colombie

Le sud de la Colombie. 10 juin 2011.

Nous entrons en Colombie à Ipiales. Un peu curieux de découvrir ce pays, nous sommes surpris par l'accueil à la frontière. Nous recevons beaucoup d'aide de tous pour nous aider à trouver les différents bureaux, les policiers et douaniers sont tout à fait charmants. A Ipiales, la première ville colombienne où nous nous arrêtons pour la nuit, il en est de même.

Nous nous rendons le lendemain à Popayan, point de départ pour les sites archéologiques de Tierradentro et San Agustin. Nous nous arrêtons le soir, fatigués par une grande journée de route, à une station service. Là encore, l'accueil est chaleureux. Le pompiste, puis Jhon et enfin Raquel, font tout pour nous rendre service et avec un grand sourire. Ils nous parlent de leur pays, cette Colombie malmenée par les médias en quête de sensationnel, leur pays qu'ils aiment et qu'ils souffrent de voir mal aimée de part le monde. Raquel, enthousiaste, s'exclame : « La Colombia es el pais el mejor del mundo ! » (La Colombie est le pays le meilleur du monde ! )
Et Jhon nous dit : « Dice a la gente de su pais que la Colombia no es coca, no es guerilla, no es violencia ! La Colombia es un pais bonito, con una gente muy buena ! » (Dites aux gens de votre pays que la Colombie, ce n'est pas la coca, la guerilla, la violence ! La Colombie, c'est un beau pays avec des habitants très bien !)
Nous retrouverons Jhon et Raquel une semaine plus tard, à notre retour des sites archéologiques. Raquel nous offre un tinto, un café de Colombie. Merci à vous pour nous avoir aidés à comprendre votre pays et nous l'avoir fait aimé car il est vrai que la Colombie est un très joli pays avec des gens très bien, comme nous le verrons au fil des jours. Gracias Jhon, gracias Raquel, para su amistad !
Popayan, la Ville Blanche, est une ville reconstruite, rénovée, car elle fut détruite par un tremblement de terre en 1993. Nous resterons deux jours et quatre nuits à Popayan. C'est une délicieuse ville, sans hauts immeubles et avec un centre historique où il fait bon se promener. Toutes les maisons sont blanches, les rues animées et nous aimons beaucoup regarder, assis sur un des bancs de la place centrale, les vendeurs de toutes sortes.
Marchands de glaces, de brochettes rôties sur place, de jus de mandarine, de cacahuètes sucrées et toutes sortes de sucreries et de gâteaux, vendeurs des billets de loterie, tous clament leur marchandise à vendre.
Nous sommes intrigués par ce marchand... Sur sa carriole, il a deux bouteilles de liquide, un rouge foncé et un orange ; puis une sorte de presse dont on ne comprend pas bien l'utilité. Il s'agit en fait d'un vendeur de sorbet : un morceau de glace est fixé sur sa machine qui, en tournant, râpe la glace dont il remplit des gobelets en plastique ; il y ajoute les différents jus de fruits dans un ordre bien précis, d'autres ingrédients, sucre et encore du jus ; une petite cuillère et le client part savourer son sorbet !

A l'Office du Tourisme, nous sommes reçus par un policier qui va nous expliquer en détail tout ce qu'il y a à voir dans les églises et musées de la ville, description si précise qu'en sortant Klaus me dit : « On n'a plus besoin de visiter, on sait déjà tout ! » Là aussi, nous sommes frappés par l'accueil et l'amabilité de tous.

A Popayan, comme partout au monde, il y a des pigeons qui font le bonheur des enfants.

Le matin, un bruit de tambours indique un défilé. C'est l'école militaire qui annonce l'ouverture des inscriptions. Les plus jeunes ne doivent pas avoir plus de 6 ans et déjà portent un uniforme complet ! Curieusement, les musiciens jouaient la mélodie de "Sound of Silence"... (Simon et Gart Funkel).
Nous prenons la route pour les sites archéologiques. Nous savons que nous aurons surtout de la piste, et pas des meilleures puisqu'on nous annonce 5 à 6 heures pour 140 km. Nous ne serons pas déçus... La piste est en travaux ; il y a eu de nombreux éboulements et coulées de boue et il pleut beaucoup. Nous avançons de plus dans le brouillard et la visibilité est parfois très réduite. Dans les zones de travaux , nous roulons dans une mer de boue, qui gicle de chaque côté, éclaboussant le véhicule sur une bonne hauteur.

(On voit souvent des rochers tombés il y a peu de temps et on est heureux de ne pas avoir été là alors !) Les roues des nombreux camions de chantiers creusent dans la boue des tranchées de chaque côté avec un terre-plein au milieu bien trop haut pour nous ! Klaus effectue alors des trajets en équilibre avec une roue sur le milieu de la route et l'autre sur le côté, en espérant que le véhicule ne va pas glisser dans les tranchées. (La photo est un peu floue car prise en roulant, et vu l'état de la route... !)

Ce trajet difficile nous amène enfin à Inza, petite ville où règne une grande animation indigène. Nous remarquons tout de suite que les véhicules arrivent ici par une autre route que nous, la route de Bogota, car ils sont propres, eux !
La jeep ou le bus est le seul moyen de transport et nous nous amusons à voir les chargements interminables, chaque passager apportant son lot de bagages. Nous voyons une jeep dont le toit est déjà chargé de sacs de céréales, de plateaux d'œufs, de paquets de toutes sortes, quand arrive encore un homme avec une immense plaque de contreplaqué ; et bien, avec un peu de temps, l'immense plaque aura aussi trouvé sa place sur le toit !
Nous achetons du café, frais torréfié et moulu, puis rejoignons Tierradentro qui n'est plus très loin. Nous suivons en chemin une de ces jeeps-taxi... les passagers ont intérêt à bien se tenir car la piste ne les ménage pas !
Le paysage est très vert, les bambous (au premier plan à gauche) agitent comme toujours leurs longues tiges, bananiers et mandariniers entourent les maisons.
A Tierradentro, nous sommes accueillis par les gardes du site archéologique. Nous visitons le soir encore le musée avec les commentaires de son « conservateur », un indien originaire de la région qui va nous donner des explications bien claires sur le site, mêlant passé et présent tout en parlant de son peuple. Une plaque au mur rend un hommage émouvant aux indiens, écrit par un archéologue qui, il y a longtemps, a découvert toute la richesse de ces peuples.
Dans le parc attenant sont cultivées les plantes pouvant intéresser tout touriste curieux, la coca d'abord, puis la borachera. Cette dernière, una planta muy mala (une plante très mauvaise) présente une très jolie fleur orange, un peu comme un lys. Nous la connaissons car chaque guide sud américain la mentionne dans la rubrique « danger ». Mêlée à une boisson, de la nourriture, au tabac d'un cigarette, elle plonge son consommateur (involontaire et ignorant) dans un profond sommeil dont il sortira avec une totale amnésie des derniers moments de clarté, et totalement détroussé.
Nous visitons ainsi une vingtaine de tombes, toutes différentes, toutes très jolies, accompagnés d'un garde comme toujours fort aimable ! Nous verrons aussi quelques statues mais on sait déjà que le prochain site, San Agustin, nous en réserve de plus jolies.
Le site archéologique de Tierradentro date de plus de 3000 ans. Il est formé d'un ensemble de tombes bien particulières. La personne décédée est d'abord enterrée dans une tombe primaire, avec tous les objets dont elle aura besoin pour sa vie future, poterie, nourriture et autres objets. Dix ans après, les ossements seront récupérés et broyés, puis déposés dans une urne. Tous les membres de la famille se retrouvent ainsi dans une même urne, qui sera déposée dans la tombe secondaire.
On accède à celle-ci par un escalier en colimaçon taillé dans la pierre. Au gré d'une dizaine de marches, hautes de 70 cm (les indiens sont pourtant petits !), nous nous approchons d'une salle souterraine, souvent peinte de couleurs rouge et noire, représentant la vie et la mort. Des piliers centraux sont taillés à même la roche, et des petites niches, de trois à sept pour la plus grande salle, sont creusées, chacune recevant l'urne d'une famille. Des visages sont parfois sculptés en haut des piliers. Une grande dalle de pierre ferme l'accès à la tombe et l'espace laissé par l'escalier est ensuite rempli de terre.
Nous rencontrerons à Tierradentro Loïc, un charmant jeune homme aux yeux très bleus, en voyage depuis 8 mois en Amérique du sud et Benjamin, installé depuis « seulement » 7 mois à Bogota où il travaille dans le tourisme et il a déjà passé 5 ans au Pérou. C'est dire s'il connait bien ces pays. Ses coordonnées figureront dans les infos pratiques (publiées fin juillet) pour ceux qui sont intéressés par un voyage dans ce magnifique pays qu'est la Colombie (ou le Pérou bien sûr).
Le site de San Agustin, plus récent que Tierradentro car les staues sont plus finies, mieux polies, date cependant aussi de 3000 ans pour les lieux les plus anciens. Les statues se comptent par centaines ! Elles représentent des humains ou des animaux ou encore un mélange des deux. L'expression des visages est fantastique ! Les proportions sont identiques pour toutes les statues : pieds petits ou inexistants, tête démesurément grande où la bouche occupe souvent une place très importante, montrant les dents et surtout de grandes canines !
Nous suivons un trajet dans la forêt où, entre les différents lieux, nous profitons des plantes, fleurs, papillons et colibris.Tout est calme et le seul bruit est le chant des oiseaux.
Cette visite de San Agustin est une immersion dans un autre temps, un temps où on préparait le voyage vers l'autre vie. Chaque statue, chaque tombe a demandé beaucoup de travail, beaucoup de temps, et il y en a tellement ! Chaque statue a un autre visage, une autre morphologie, signifiant un autre message...
On ne connaît absolument rien aux cultures de Tierradentro et de San Agustin, mais contrairement à celle des Incas (dont on ne connait pas grand-chose non plus) il n'y a ici personne pour inventer ou émettre des suppositions aussi imaginaires que farfelues !
Aucun archéologue ne parle d'extra-terrestres et c'est sans doute le comportement le plus respectueux que l'on puisse avoir face à ces civilisations que de leur laisser leur mystère...
Nous revenons à Popayan par une autre piste qu'à l'aller. Il ne pleut plus, il y a moins de travaux sur la route, il n'y a plus de boue. La piste traverse une forêt épaisse et magnifique. Les militaires patrouillent la piste, mitraillette à l'épaule, leurs campements bien camouflés à côté dans la forêt. Souvent ils ont un chien, toujours la même race.
Soudain, dans un virage, arrive en face de nous, à bonne vitesse, une voiture blindée chargée de militaires en armes, le canon tourné vers la forêt. Elle est suivie d'une autre, puis encore une autre ; en tout ce sont 5 à 6 voitures qui se suivent ainsi. Sur chacune, un chien. Les soldats nous font des signes amicaux ! Les ponts sont aussi gardés et nous nous arrêtons pour admirer le profond canyon que l'un d'eux enjambe. A l'entrée du pont, une pancarte : "Un véhicule à la fois". En fait deux camions vont stationner sur le pont, ce qui n'empêchera pas un bus et un autre camion de passer le pont ensemble !
Je demande à un jeune militaire si l'endroit est dangereux, il me répond : "Non ! enfin...un peu !" Nous apprendrons plus tard que cette piste est la route de la cocaïne et Popayan un peu la plaque tournante de la drogue... ( au Tadjikistan, nous avions suivi la frontière afghane sur 800 km ; c'était alors la route de l'opium...)

Nous rassurons ceux qui ne connaissent de la Colombie que la tragique histoire d'Ingrid Bettancourt. Les médias ont eu la fâcheuse tendance à la généraliser pour faire croire qu'en Colombie il n'y a que les FARC. Contrairement à Ingrid, NI KLAUS, NI MOI NE NOUS PRESENTONS A LA PRESIDENCE DE LA COLOMBIE !!! Nous ne faisons pas de politique et les touristes ordinaires ne sont pas les cibles préférées des guerilleros. Ingrid était en campagne électorale et faisait habituellement ses déplacements en avion. Pour se rendre dans une région un peu reculée en Amazonie, elle a dû utiliser la voie terrestre et c'est là que les FARC l'ont kidnappée.

Mais la Colombie, c'est SURTOUT autre chose que cette histoire !

Les statues sont de taille variant de 25 cm à plusieurs mètres de hauteur (7 mètres pour la plus grande !) Elles sont toutes destinées à la décoration de tombes. Les premières statues jouent le rôle de gardes à l'entrée ; vient ensuite un couloir fait de dalles plates posées verticalement et surmontées de dalles horizontales ; ce couloir débouche sur la tombe proprement dite où une dalle plate, admirablement sculptée sert de couvercle au sarcophage en pierre.
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