Brésil

20 octobre 2015.

Notre entrée au Brésil se fait à Corumba, une agréable petite ville aux maisons coloniales colorées, au bord d'un grand fleuve charriant des petites îles arrachées par le courant à la terre ferme. Des images qui fleurent bon le Brésil et l'Amazonie...

Nous passerons sur nos habituels déboires, distributeurs n'acceptant pas ma carte bancaire, banques en grève, nuit avec disco à proximité immédiate, tous ces détails qui nous mettent les nerfs à vif et nous donneraient (presque!) envie d'arrêter le voyage.
Mais le lendemain tout est oublié, et nous pénétrons par « a estrada do Pantanal », la route du Pantanal, dans le sanctuaire tant attendu ; 120 km de bonne piste que nous ferons à vitesse très, très réduite.
Sur les premiers 40 km nous ne verrons que quelques oiseaux colorés et deux autres oiseaux venant d'Autriche ayant pour noms voyageurs, comme nous .
Puis nous passons le Rio Paraguay sur un bac et là tout change. Dés le premier pont, ils sont là, lézardant au soleil sur la plage. Les caïmans !
Beaucoup d'oiseaux de toutes sortes, volant, marchant, perchés sur les branches, dans ou devant leur nid, ne cessent de nous surprendre.

A notre approche, un adulte et les petits passent sous les arbustes à gauche, pendant qu'un autre adulte traverse vers la droite et attire l'attention sur lui. Ruse de sioux !

Un chœur de caïmans chante pour Klaus : "Heureux anniversaire !"

Toute une famille de capivaris, le plus gros rongeur du monde, circule sur la piste.
sous l’œil vigilant de leur professeur de chant...
Dans le voyage, il y a parfois des événements magiques, extrêmement rares. Des événements imprévisibles que jamais on ne retrouvera. Nous allons vivre sur cette route un tel événement...
Tandis que Klaus conduit à allure très modérée, je lui signale que nous venons de passer devant quelques caïmans qui se trouvent dans un très joli environnement, idéal pour une photo et que ce serait bien qu'il s'arrête et recule. Je ne savais pas encore à quel point cela en vaudrait la peine !
Nos caïmans se reposent tranquillement sur leur plage. A peine le moteur arrêté, nous voyons sortir de l'eau ce qui nous semblait être le museau d'une loutre. Une très grosse loutre qui sort à la verticale de plus en plus de l'eau.
Les caïmans affolés se précipitent dans la rivière et disparaissent alors que de l'eau surgit un énorme tapir qui traverse tranquillement la petite plage avant de disparaître dans la forêt. Tout s'est passé très vite. Nous n'avons pas eu le temps faire de photos de nos caïmans sur leur plage idyllique mais nous avons pu filmer le tapir !

Nous ne profiterons pas de l'habituelle attraction de la fazenda : la baignade avec les caïmans. Pour nous, il fait décidément trop froid. D'ailleurs, personne ne se baignera ce jour-là ni le lendemain.

Croix au bord de la route ; victimes d'un accident de voiture ? de la construction du pont ? ou...d'un caïman ?

Le jour suivant, nous refaisons un tour en arrière sur la estrada do Pantanal pour profiter encore de cette nature éblouissante.
Nous rejoignons Bonito, qui veut dire joli en portugais et qui mérite bien son nom. Une petite ville orientée vers le tourisme ; restaurants, hôtels, agences de tourisme et boutiques de souvenirs occupent l'ensemble de la ville. Mais les touristes sont essentiellement brésiliens et nous serons très surpris de voir que bien peu de personnes travaillant pour le tourisme parlent anglais ou même espagnol.
Heureusement, le mois que j'ai passé en 2013 seule au Brésil m'a laissé suffisamment de souvenirs en portugais pour que j'arrive à comprendre et me faire comprendre.
Le tourisme à Bonito est essentiellement axé sur l'eau. Cascades, balnéarios (lieu où on se baigne), nage avec masque et tuba, plongée, rafting, canoë, tous les sports aquatiques sont proposés.

Le hic, c'est que nous arrivons après trois jours de pluies exceptionnelles, que le niveau l'eau des rios est très haut, que l'eau cristalline n'est plus bien transparente et que donc beaucoup d'activités sont en statu quo en attendant que les choses reviennent dans l'ordre normal. (Toucan cabine téléphonique)

On continue de descendre, le groupe précédent nous cède la place et là, on comprend l'absence de lumière artificielle... Le lac est éclairé par l'ouverture de la grotte et le ciel se reflète dans l'eau qui prend une magnifique couleur bleue. On ne regrette plus rien, ni les nombreuses marches de l'escalier, ni l'éclairage absent, ni tous les groupes croisés.
On admire seulement et pour cela, on a beaucoup de temps ! Ce qui explique la longueur de la visite et les temps d'attente. C'est vraiment magique !
Le lendemain, le balneario voisin du camping a rouvert ses portes, le niveau de l'eau étant redevenu normal. Dans l'eau agréablement fraîche, c'est alors un plaisir de nager au milieu des poissons, principalement des dorades de plus de 50 cm, dans un environnement de forêt tropicale.
C'est alors que notre ara vermillon est de retour. Il est très occupé à déguster les fruits de cet arbre, semblables à des mûres (de ces fruits qui font plein de taches quand nous les amenons dans le fourgon sur nos chaussures). Notre ara en est friand et fait toutes sortes d'acrobaties pour les atteindre, utilisant sa longue queue en guise de contre-poids ou de gouvernail.
Je le cherche et ne le trouve pas mais .... découvre un toucan dans les branches. Il a la bougeotte, se cache derrière les feuilles, et j'ai du mal à le suivre. C'est alors qu'un deuxième toucan vient le rejoindre. Ils grimpent en haut de l'arbre, redescendent et s'amusent bien tous les deux. Peut-être se rient-ils seulement de moi qui essaie de les suivre (avec ma caméra bien sûr, pas sur l'arbre!) ? Puis ils s'envolent et nous restons là, encore émus du spectacle.
Quelques singes se balladent d'arbre en arbre et viennent à l'occasion faire un petit tour du côté des restaurants.
Nous quittons Bonito pour notre prochaine étape, Iguazu, près de 1000 km plus loin. La route traverse d'immenses champs de canne à sucre au milieu desquels se dressent de temps en temps de grandes usines de distillation. La canne à sucre est à la base du biocarburant au Brésil. Du champ labouré à la canne prête à cueillir, la canne à sucre se trouve en même temps à toutes les étapes de la culture car ici, il n'y a pas de saisons.
Un spectacle que l'on ne peut voir que dans la nature car en captivité le ara mange toujours dans le bol, facile d'accès, qu'il a sous son bec. Le bonheur des toucans s'est poursuivi avec le ara.
Traversant la route brûlante de toute la vitesse qu'il lui est possible, un grand serpent s'éloigne vers le bas du talus et se réfugie au frais dans une petite mare d'eau. Un brésilien s'est aussi arrêté et contemple ce joli animal. « Cobra ! Muito venimo ». Cobra semble être le nom de tous les méchants serpents. Quelque soit son nom, nous préférerions ne pas mettre le pied dessus !
Appareil photo pour Klaus, caméra pour moi, nous vivons un rêve !
Nous nous arrêtons pour la nuit à la Fazenda Santa Marta. La température a terriblement chuté, la pluie tombe en averse froide, le vent est glacial. Au camping, quelques jeunes européens, emballés dans leur anorak, se calfeutrent près du feu. Au Brésil, il fait très chaud (normalement!) et tous les bâtiments sont à claire voie.
L'employé du camping regarde la télé, allongé sur un canapé et recouvert de couvertures. Au bord du rio, les caïmans, habitués du camping, se prélassent, encore indifférents au froid.
Nous irons cependant visiter la grotte du lago azul (lac bleu). Cette visite très organisée, d'une heure et demie, voit se succéder les groupes les uns après les autres. Si on supprime l'attente à des points définis, la visite pourrait se faire en moitié de temps ! On descend d'abord par une longue série de marches. Des petites stalactites aux formes variables criblent la voûte. Un peu décevant par l'absence d'éclairage....
En fin de journée, de retour au camping, nous entendons quelques aras. Le cri du ara est très typique et ressemble à celui d'une crécelle rouillée. Comme ils se chamaillent toujours, c'est un concert de crécelles rouillées qui nous fait sortir du fourgon juste à temps pour voir passer au ras du sol quelques aras azul (bleu) qui disparaissent plus loin dans les arbres. Parmi eux, un ara vermillon revient dans l'arbre situé juste derrière notre fourgon.
Quelle est donc la victime qui a ainsi éclaboussé notre fourgon ? Pour ce 4X4, c'est même un troupeau ! Les pistes de latérite, lorsqu'elles sont mouillées après la pluie, semblent avoir éclaboussé de sang les voitures. Seuls, en fait, les véhicules des travailleurs des fazendas ont cette couleur ; les voitures pour touristes sont toujours étincelantes, quelque soit le temps ! Notre fourgon étant bien moins souvent astiqué, il lui arrive aussi parfois d'avoir quelques traces .
Dans les plaines, sans la forêt pour les protéger, les palmiers sont bien malmenés ! Au moins, n'a-t-on pas besoin de girouette pour savoir d'où vient le vent !
On approche de la frontière argentine. Les plus grandes villes du sud de l'Amérique du sud sont sur ce panneau. Comme l'indiquent les distances, on voit très loin... (Ascencion est la capitale du Paraguay, Montevideo celle de l'Urugay, Buenos Aires celle de l'Argentine, et Santiago est la capitale du Chili).
L'Indécis...
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