Brésil
27 mars 2016
Le 22 avril 1500, le portugais Pedro
Alvares Cabral découvrait une nouvelle terre qui allait s'appeler Brésil.
Nous sommes à Porto Seguro, là où a eu lieu la première messe au Brésil. Cette
partie de la côte brésilienne porte le nom de Costa do Descobriento, la Côte
du Découvreur. Un peu plus au nord, une ville s'appelle Belmonte, nom de la
ville portugaise d'où Cabral est originaire.
Plus
au nord, nous arrivons à la Costa do Cacau, la Côte du Cacao. Belmonte et Canavieras
sont deux petites villes au bord de deux grands rios. Les deux villes ne sont
séparées que de 30 km lorsque l'on parcourt cette distance en barque à moteur
sur un réseau de petits rios formant un véritable labyrinthe dans la mangrove.
Quand
on veut aller de Belmonte à Canavieras par la route, il faut parcourir plus
de 300 km. Ces deux villes ont connu une période faste vers le milieu du XXème
siècle grâce au cacao. Ce dernier était descendu des fazendas par bateau vers
Belmonte et Canavieras et de là, partait vers Ilhéus, ville beaucoup plus importante
qui tenait aussi sa richesse du cacao.
Ilhéus
est la ville natale de Jorge Amado qui a beaucoup écrit sur cette période faste
du cacao et la vie dans le Bahia en général. Très vite nous avons sympathisé...
Toujours
plus au nord , nous parcourons la Costa do Dendé. Le dendé est le fruit d'un
certain palmier qui donnera l'huile de palme ou dendé. Le dendé est un des constituants
essentiels de bien des plats du Bahia, en particulier la moqueca que nous dégustons
sans modération ! Le dendé donne au plat sa couleur jaune et aussi tout son
parfum.
Cette
huile de palme est décriée par bien des nutritionnistes. Elle fait cependant
partie intégrante de la culture brésilienne, tout comme le fromage dans notre
pays .
Nous
continuons notre route vers le nord et arrivons à la Costa dos Corais, la Côte
des Coraux. Une barre riche en coraux permet la création de « piscines naturelles »
où l'on peut nager à l'abri des vagues, du moins à marée basse. Puis on s'installe,
comme tout le monde, à une table de l'un des nombreux restaurants de
la plage.
Nous
voici au nord de Salvador, à Aracaju, petite ville dont nous avions gardé un
bon souvenir. Toujours agréable, nous y découvrirons un grand marché où tous
les fruits tropicaux sont en montagne sur les étalages. Les vendeurs nous donnent
le nom des fruits, que nous oublions aussi vite...
En France, nous ne connaissons que la noix de cajou ; en voici le fruit. La
noix se forme à la base d'un fruit minuscule qui grossit ensuite sans que la
noix ne change puisqu'elle a dés le départ, avant même la formation du
fruit, sa taille « adulte ». Le fruit a la taille d'un petit poivron rouge ;
sa pulpe jaune clair-blanc est utilisée pour la confection de savoureux jus
de fruits. Au bord des routes, des vendeurs proposent des noix de cajou à des
prix très modiques. Nous en ferons au Brésil une intense consommation...
Les
noix de coco vertes sont LA boisson du Brésil, comme d'ailleurs de tous
les pays de cocotiers. Des camions entiers sont débarqués dans les bars, cabanes
de plage, chez les marchands ambulants ; partout on peut acheter pour 30 à 60
centimes cette délicieuse boisson.
Une
petite précision sur ce précieux fruit : en Inde, durant les périodes
de crise (guerre ou épidémie), on utilisait l'eau de coco en perfusion.
Elle est à la fois réhydratante et stérile.
Dans les forêts on voit souvent un arbre, le jaquier, qui donnent des
fruits , les jackfruits. Ces fruits énormes pendent des branches ou du tronc
où ils sont directement accrochés.
Les
vendeurs n'ont qu'à les récolter pour les vendre en bord de route ou en ville,
comme ici à Aracaju, soit entiers soit découpés en quartiers, soit déjà
préparés. L'intérieur du fruit est rempli de fibres formant des réseaux à l'intérieur
desquels se trouvent des petits fruits de 5 cm environ ayant chacun un noyau.
Le fruit est de saveur agréable et très sucrée. Gare à ne pas toucher
les cloisons qui sont très collantes, un peu comme les salsifis !
Nous
retrouvons notre place de parking de 2011, tout près de la plage. Le bruit des
vagues berce nos nuits. Cet endroit est connu pour être le lieu où viennent
pondre les tortues. La circulation de voitures ou de motos est interdite sur
la plage pour ne pas risquer de toucher l'un des nombreux nids marqués d'un
bâton vertical.
Sur
la terrasse du restaurant, sur la plage, un nid a élu domicile entre les tables
et les chaises. Il faut dire que la ponte a toujours lieu de nuit et qu'à ce
moment tables et chaises sont rangées. Quelques jours avant notre arrivée, les
œufs d'un nid ont éclos et toutes les petites tortues (120) se sont élancées
vers la mer pour attaquer le dangereux périple que sera leur vie.
Nous
arrivons ensuite à Macéio, une ville de près de un million d'habitants. Nous
aimons beaucoup cette ville qui s'étend en bord de mer. L'immense plage est
très fréquentée par les habitants qui viennent s'y baigner ou surfer après le
travail. Bars et restaurants permettent aux promeneurs de profiter de la fraîcheur
de la mer ; car il faut bien dire que plus on va vers le nord, plus la température
augmente et plus la mer est tiède. Nous sommes très près de l'équateur, le soleil
est à la verticale, très chaud. La brise venant du large rafraîchit l'air et
la température oscille entre 30 et 35°. Dés que nous allons vers l'intérieur,
le thermomètre indique jusqu'à 38°.
Le
camping de Sao Miguel de Milagres donne directement sur la plage. Nous sommes
les seuls clients.
La forteresse garde
l'entrée de la ville et celle du rio. Toute blanche, elle se différencie
à peine des dunes de sable qui l'entourent.
La
ville de Natal est très particulière car environnée de dunes. Le Parc des Dunes,
au milieu de la ville et descendant vers la mer, longe celle-ci sur près de
10 km. Des immeubles sont construits sur ces dunes en dehors de la zone protégée.
Le sable est souvent recouvert de végétation, voir même de la Mata Atlantica,
la forêt atlantique.
Un
gros inconvénient que nous avions trouvé au Brésil en 2011, c'était le
bruit. Des voitures circulaient avec un coffre ouvert rempli de haut-parleurs.
A la plage, des voitures faisaient la musique pour tout le monde, sans bien
sûr demander aux autres s'ils étaient d'accord. Pour la publicité, ce sont les
vélos avec haut-parleurs devant et derrière, des voitures avec haut-parleurs
sur le toit et parfois des fourgonnettes avec haut-parleurs sur toute la hauteur
du véhicule. Des pick-ups aussi dont la benne est remplie de haut-parleurs.
On ne peut s'imaginer le bruit que cela peut faire et lorsqu'on est un peu plus
loin, ce ne sont que des boum-boum qui sont près de rendre fou !!!
Nous
continuons vers Fortaleza. Nous choisissons, un peu au hasard, la petite ville
de Morro Branco. Comme vous l'avez compris, cette partie du voyage, c'est un
peu les vacances et nous profitons largement de la mer et des plages. Morro
Branco est une toute petite ville dont la principale attraction sont les « Falaises »,
Monument National. Nous arrivons le dimanche en fin d'après-midi. L'affluence
du weekend est en train de diminuer, la mer est haute et la plage impraticable
en buggy.
Nous redoutions ce bruit qui nous aurait chassé très vite du pays si... si un
changement n'était intervenu. Beaucoup de bars ont maintenant l'affiche : « Som
de carro prohibido » (sono de voiture interdite). Car bien sûr, on garait
la voiture devant le bar et on faisait sa propre musique pendant qu'on consommait
(même s'il y avait déjà une musique au bar!).
Sur
les plages et dans certaines villes nous avons vu cette banderole : "Une
voiture avec une sono élevée commet trois crimes : Illicite pénal, contravention
pénale et crime de l'environnement. Dites non à la pollution sonore ! "
(excusez la traduction approximative)
Nous
découvrons une boutique servant de l'açai ; nous en deviendrons les plus fidèles
clients. L'açai est une baie originaire d'Amazonie qui ressemble à la myrtille.
On la consomme en général en sorbet accompagnée de rondelles de bananes et de
granola. C'est un pur délice !
On
lui attribue de nombreuses qualités nutritionnelles (démenties par certains
spécialistes... ) Qu'importe, l'important c'est que c'est très bon et qu'on
se sent plein d'énergie en la consommant !
Un
homme vient nous proposer une excursion en buggy pour voir les falaises et le
rendez-vous est fixé pour le lendemain 8 heures. Un jeune gars nous emmène dans
son véhicule. Assis à l'arrière, cramponnés à la barre du toit, nous voici emmenés
sur la plage à une vitesse folle, occupés à ne pas perdre notre
chapeau et nos lunettes.
Les
falaises défilent à notre droite. Si elles ne sont guère impressionnantes de
hauteur, elles le sont par leur couleur, je devrais même écrire leurS couleurS,
car ces falaises de sable compte douze couleurs de sable différents !
Avec
de nombreux sourires (nous sommes au Brésil), on nous cède le passage pour poursuivre
notre exploration. Notre chauffeur-guide plonge la main dans un trou, gratte
et en ressort un peu de sable noir ; plus loin dans un autre trou ce sera du
rouge et ainsi de suite. Le sable est blanc, jaune clair, jaune foncé, rouge
clair, rouge foncé, orange clair et vif, noir, violet et ... il m'en manque
trois, mais, croyez-moi, ces trois couleurs existent aussi !
Notre
balade en buggy se poursuit sur la plage, notre deuxième arrêt sera pour prendre
une douche d'eau très douce s'écoulant à travers la falaise. Beaucoup d'autres
sources s'écoulent ainsi tout le long du trajet. Ce phénomène est dû à la pluie ;
l'eau s'écoule à travers le sable des dunes qui la filtre, puis sort en petites
cascades sur la plage.
Nous
croisons d'autres buggies durant notre trajet, très peu en fait car, comme nous
l'explique notre guide, il est encore tôt. Nous comprendrons notre immense chance
le lendemain en refaisant à pied une partie du trajet !
A gauche - en bas : mangues,
avocats - en haut : cajou, acerola, pommes, prunes ---A
droite - en bas : maracuja, grenades, petites mangues - en haut : raisin noir
et blanc, papaye, mangues
ci-dessous à gauche,
des montagnes d'acerola - à droite : oranges, citrons verts, avocats,
papayes, mangues, ananas, genipapu (pas bon du tout!) et bien d'autres dont
nous ne savons plus le nom ... mais qui sont tous (ou presque tous) délicieux
!!!
Nous passons Recife,
sans nous arrêter car nous l'avons déjà visité en 2011 et la ville ne nous
avait que moyennement plu.
Natal
est une autre très grande ville du Brésil. C'est le point le plus à l'est
du Brésil. Il paraît que c'est le point d'arrivée des voiliers
qui font la transatlantique (vers le Brésil). Nous n'en avons pas vu.
D'une manière générale , il y a peu de bateaux sur la mer,
juste quelques barques de pêcheurs.
A
Natal, comme à Macéio, la ville s'étend le long des plages. Une particularité
que nous voyons à Natal et reverrons souvent par la suite est due au phénomène
des marées. A marée descendante, tables et chaises des nombreux restaurants
recouvrent la plage. Les clients sont nombreux à toute heure du jour. L'activité
se termine par contre assez tôt, vers 18 h, car la nuit tombe très vite. Au
fur et à mesure que la marée monte, et cela va vite, tables, chaises et parasols
sont enlevés et les clients sont obligés de déménager, bien souvent les pieds
déjà dans l'eau. La plage se réduit alors à une toute petite bande de sable
où tout le monde est entassé.
Ce
paysage de dunes blanches reste présent sur toute la côte « horizontale » du
nord du Brésil. Des promenades en buggy y sont proposées ainsi que beaucoup
d'autres activités touristiques.
Nous
montons dans le « Labyrinthe » (c'est fou comme il est important dans ces sites
touristiques de nommer les choses par des termes qui frappent l'imagination
!), un couloir entre les murs colorés. Là se tourne un film à ce moment ; un
clip en réalité.
Le petit chariot se déplaçant sur un rail permet aux cameramens de filmer un
individu qui, le visage déchiré de douleur, chante une chanson qui doit être
d'une infinie tristesse, sauf que ... aucun son ne sort de cette bouche qui
pourtant articule chaque mot de manière si expressive. Cela donne envie de se
tordre de rire !
Notre
buggy nous amène ensuite à la Lagoa Uruau, d'eau douce aussi. Ce lac est rempli
par les nappes phréatiques car s'il fallait compter sur la pluie il serait complètement
à sec comme d'autres que nous verrons plus tard. Nous ferons encore une virée
dans les dunes de sable blanc. Un peu pour le fun d'ailleurs ! Le buggy dévale
les pentes raides (mais courtes) dérape dans le sable, bref un peu de cinéma...
Si notre jeune chauffeur
savait par où nous sommes déjà passés avec notre fourgon, et pas seulement
pour le fun... !
Un
couple d'argentins vient nous voir . Ils voyagent avec un combi Volkswagen.
Cristian et Anabel voyagent depuis un an et reviendront à Buenos Aires en juin
prochain. Vu qu'ils n'ont pas, comme nous, de problèmes linguistiques avec les
autres pays d'Amérique du sud, ils ont beaucoup plus de contacts avec la population.
Toute la côte atlantique est bordée de ces immenses plages, quasiment désertes,
magnifiques. Les baigneurs se regroupent près des cabanes de plage où l'on peut
manger poissons et fruits de mer, boire une petite bière ou, plus exotique,
une noix de coco glacée ou de délicieux jus de fruits de maracuja, acerola,
cajou, mangues, ananas et bien d'autres dont les noms sont inconnus en France.
Au
cours d'une soirée commencée autour d'un plat de pâtes et finie vers une heure
du matin, nous apprendrons beaucoup sur la politique, l'économie, la culture
et l'histoire de tous les pays d'Amérique latine et en particulier de
l'Argentine. Parfois, il est difficile de ne pas perdre le fil car bien sûr
tout cela est raconté en espagnol. Quelle leçon de langue !
Ils
nous quittent le lendemain après nous avoir donné bien des conseils sur l'Amazonie
d'où ils arrivent. Quant à nous, nous décidons de ne pas aller plus loin et
de rester dans cette petit ville de Morro Branco où nous nous sentons bien.
Nous irons passer une journée à la Lagoa Uruau, seuls, sans guide. L'accès est
bien sableux mais Klaus retrouvera ses réflexes de désert et arrivera sans problème
sur la plage.
Tout
est très tranquille et nous nous baignons avec bonheur dans cette eau très douce.
Mais le bonheur ne dure pas et arrivent les buggies ! Par chance, ils ne font
que passer, mais quel vacarme ! (pour info, le buggy a un moteur de coccinelle
mais avec un échappement bien plus bruyant. Multipliez ce bruit par x buggies...).
Heureusement, entre midi et deux heures tout le monde mange, ce qui nous fera
une pause bien calme. Et puis après, la mer commence à monter et, ouf ! les
buggies ne passent plus la plage.
Dans
le village, on commence à nous connaître et nous avons souvent droit à de grands
bonjours. Comme la plupart des touristes ne font que passer, les habitants apprécient
quand on reste un peu.
Après
près d'une semaine passée dans cette petite ville, juste avant l'arrivée massive
des touristes du week-end, encore une dernière baignade, encore un dernier açai,
nous faisons nos adieux aux « voisins » et partons plein sud, vers l'intérieur
du pays , pour rejoindre, 4000 km plus loin, Iguazu d'où nous prendrons l'avion,
15 jours plus tard, pour la France .
Bus camping-car à
l'avant, caravanne à l'arrière. Certains aiment voyager plus
ou moins léger...
Nous
comptions sur le soleil pour bien sécher notre fourgon avant de le préparer
pour son hivernage. Mais le ciel ne sera pas avec nous ! Il semble même parfois
qu'il a détourné le cours des chutes vers nous ... Du coup nous n'abuserons
pas de la piscine si ce n'est pour boire un petit apéritif en compagnie de nos
amis suisses, Lilo et Ralph, qui voyagent en camping-car.
Le jour du départ, ils se lèveront de bonne heure pour un dernier adieu. Comme
nous voyageons toujours seuls, cela fait plaisir de rencontrer de temps en temps
d'autres voyageurs.
Et le jour de Pâques,
alors qu'en Europe les enfants courent dans les jardins pour y chercher les
œufs, nous prenons l'avion pour rejoindre la France, les enfants, la famille,
les amis et ... découvrir notre petit Armand !