Equateur
20 septembre 2015. Nous commençons
notre première journée en Equateur par la visite du cimetière
de Tulcan dont Valentina nous avait parlé. Son école y avait fait une sortie
scolaire. Nous n'avions pas compris ce qu'il avait de spécial mais ne serons
pas déçus ! Un immense cimetière avec des tombes sur le sol et d'autres dans
des murs verticaux, est agrémenté de haies taillées sous forme de personnages
ou d'animaux de taille immense.
Se
promener dans ce jardin, au petit matin quand peu de visiteurs sont présents,
est vraiment un enchantement. Les quelques centaines ou peut-être milliers d'habitants
de ce cimetière doivent trouver là un véritable repos éternel.
"Tout comme une journée
bien remplie produit un doux rêve, une vie bien utilisée entrainera
une mort douce".
Léonard de Vinci
Dans un tel environnement,
il n'y a aucun doute que la mort ne sera pas ennuyeuse, il y a tellement à
voir !
Nous
partons ensuite directement vers le Parc du Cotopaxi, volcan de 5897 mètres,
où nous étions déjà allés deux fois lors de notre précédent voyage. C'est
en arrivant à Cartagena qu'un colombien nous a annoncé que le volcan venait
de se réveiller et nous voulions voir ce que cela impliquait de changement dans
la région. Et aussi, voir de près une éruption volcanique ce que nous n'avions
encore jamais vu.
Au
fur et à mesure que nous nous approchons du Parc du Cotopaxi, le ciel est de
plus en plus gris et le paysage, si verdoyant autrefois, est lui aussi devenu
gris. A l'entrée du parc, des panneaux nous interdisent l'entrée et en voyant
les annonces de très grand danger, nous repensons à ce dernier péage
où tous portaient des masques. Nous dormons à proximité dans une stations service,
le fourgon dirigé de telle sorte que nous puissions voir le volcan au matin.
Une couche de cendres très fines recouvre le sol.
Le
lendemain matin, nous verrons que le volcan a apporté à notre fourgon une couche
de finition très délicate sur la couche de fond de boue récupérée au retour
de San Augustin. Nous pensions que la couche de cendres s'envolerait en roulant,
mais elle s'avérera finalement assez tenace.
Déçus
de ne pas voir notre volcan au matin, nous repartons vers le nord, puis l'ouest
en direction du Pacifique. Nous passons un col à 4000 mètres et avons de là
une vue, certes assez lointaine, mais parfaitement dégagée sur le Cotopaxi.
Nous comprenons alors qu'à proximité du volcan nous ne pouvions pas le voir,
le vent dirigeant de ce côté l'épais nuage de cendres et de gaz dégagé.
La quantité de fumée et de gaz dégagée dans l'atmosphère est impressionnante
! Nous en venons à penser que la conférence du climat à Paris, si chère à notre
président Hollande, fera sans doute figure de gesticulations inutiles, narguée
par un volcan propulsant dans l'atmosphère à chaque seconde plus de gaz nocifs
et radioactifs que ne pourront jamais en produire des milliers de véhicules...
On peut essayer de diriger les humains, la nature restera toujours la plus puissante.
Et je doute qu'un volcan puisse être sensible aux manifestations écologiques
anti-pollution...
Au
niveau local, un des gros risques du Cotopaxi est son épaisse couche de glace
qui risque de fondre, provoquant ainsi de terribles catastrophes par inondation
et coulées de boue qui pourraient aller, en suivant le cours des vallées, jusqu'à
atteindre le Pacifique, pourtant bien loin de là. Le Cotopaxi est le volcan
le plus haut et l'un des plus dangereux du monde. A suivre. Ci-Dessous, le
Cotopaxi en 2010.
Tout
le long de notre trajet vers le Pacifique, les paysages sont variés et
magnifiques. Nous faisons une courte halte à Canoa et Manta. Nous attendons
Puerto Lopez, une ville où nous étions arrêté deux fois une semaine en 2010-2011
et qui restait un des meilleurs souvenirs de l'Amérique du sud.
Sur
la route de Puerto Lopez nous nous arrêtons Montecristi, la patrie du panama.
C'est ici, et seulement ici que sont fabriqués les célèbres chapeaux. Ils sont
tressés à la main avec de la paille d'un roseau qui ne pousse qu'ici, la paja
toquilla.
Plus le brin est fin, plus la qualité augmente et bien sûr aussi le prix ! Mais
pourquoi les appelle-t-on panama puisqu'ils sont fabriqués en Equateur ?
Un
militaire important avait un commerce à Panama au moment de la construction
du canal, et c'est lui qui a fait connaître au monde ces chapeaux fabriqués
dans la ville dont il était originaire. D'où le nom de "Panama".
Bien
sûr, un passage à Montecristi, cela laisse des traces...
Nous
recherchons la maison de Paola, mon professeur d'espagnol devenue amie. Nous
ne la trouvons plus. Le petit paradis de bambou, Clara de Luna (le clair de
lune) a été rasé. Nous apprenons que Paola est partie à Guayaquil pour travailler.
Pour elle, c'est un rêve qui s'est effondré, elle avait tant de projets pour
cette maison.
L'arrivée
à Puerto Lopez va être bien décevante ! La plage est devenue un gigantesque
chantier ; disparue les petites cabanes où nous dégustions un jus de fruits,
bercés dans un hamac par le bruit des vagues roulant sur la plage ! Une grande
passerelle a été construite pour faciliter l'embarquement des touristes venant
voir les baleines. Disparue la plage où se déroulait chaque jour un extraordinaire
marché de poisson relégué aujourd'hui à quelques baraques sur un petit coin
de sable.
Au
milieu de cette forêt sèche poussent, tels des fantômes, ces immenses arbres
qui ne sont pas sans rappeler les baobabs ; certains ont de jolies fleurs blanches
qui tranchent dans cet univers sans vie apparente.
Trop
déçus, nous quittons Puerto Lopez quelques heures après notre arrivée et traversons
cette « forêt » appelée « bosque seco » (forêt sèche). De nombreux panneaux
annoncent « La forêt est la vie, protégeons-la » (elle nous semble bien mal
en point...) ou alors « Respectons notre environnement » (apparemment le Cotopaxi
n'a pas lu les panneaux).
Petite
pause gustative : nous avons découvert un nouveau fruit que l'on trouve vers
2000 m en Colombie et en Équateur ; il s'appelle la pétilla (à gauche)
. Sa pulpe est très douce et délicatement parfumée; ce fruit nous a réellement
séduit ! Pour mémoire, voici deux autres fruits (déjà cités dans l'article « fruits
exotiques »), la tomate del arbol (la tomate de l'arbre), rouge et ovale, et
le lulo, jaune et rond.
Nous
quittons le Pacifique pour aller vers un autre volcan, non actif celui-ci, le
Chimborazo. Haut de 6310 mètres, c'est le sommet le plus éloigné du centre de
la terre ( du fait de l’aplatissement de la terre). La route monte et descend
sans cesse ; les paysages les plus beaux et les plus variés défilent. C'est
un enchantement.
Tout
à coup, lors d'un grand virage situé dans un col vient sur le côté gauche cette
indication saugrenue ; « Grotte de Notre-Dame de Lourdes ». Nous n'avons pas
le temps de nous remettre de notre surprise (et de notre rire...) que soudain
à droite il est là, magnifique, dépassant tout, isolé comme le sont souvent
les volcans, le Chimborazo... Nous sommes éblouis et surpris car nous ne l'attendions
pas encore.
Nous
passerons la nuit à Guaranca, la petite ville la plus proche du volcan et qui
n'est qu'à 2800 m d'altitude ce qui nous permet une nuit plus paisible, du moins
pour moi. Pour le calme, c'est un peu raté ! Il y a fête dans la ville. Nous
nous sommes garés au seul endroit à peu près plat de la ville et nous sommes
au cœur de la fête. Nous aurons droit devant notre fourgon au défilé le plus
saugrenu qu'il nous soit donné de voir ! Chaque groupe est précédé d'une voiture
ou pick-up à l'arrière duquel est installée une puissante sono ; les acteurs
dansent dans des déguisements très variés.
Les jeunes enfants sont installés à l'arrière du pick-up, juste devant les hauts-parleurs...
C'est toute la ville qui défile ainsi, depuis les administrations jusqu'aux
marchands du marché en passant par tous les autres métiers (cela te rappelle
des souvenirs, Nico?). Un grand mérite cependant : ces personnes non habituées
à la danse vont pourtant danser pendant plus d'une heure, tout en montant et
descendant les rues pentues ! Après un bal populaire, tout le monde sera parti
à minuit, heure où nous aussi nous retrouverons enfin le calme...
Le
lendemain, dés 6heures, nous partons vers le Chimborazo. Arrivés à 4400 mètres,
nous retrouvons avec bonheur les délicieuses vigognes et prenons le petit déj
en contemplant le sommet qui joue à cache-cache avec les nuages.
Le
soir, nous arrivons à Ingapirca, le site inca de l'Equateur où nous savons pouvoir
trouver une place de parking très tranquille ( en espérant que ce ne sera pas
la fête du Grand Inca....)
Un grand camping-car, « Happy six en Amérique » est déjà là, habité par
une sympathique famille de français, Delphine et Hervé et leurs 4 enfants de
4 à 10 ans, Arthur, Maïlys, Enguerrand et Mayeul. Partis il y a 6 mois
du Canada, ils continuent à voyager encore 6 mois en Amérique du sud
avant de revenir en mars en France depuis Santiago au Chili où ils comptent
vendre leur camping-car. Nos chemins se croiseront sûrement de nouveau !
Puis
nous arrivons à Cuenca, au sud de l'Equateur. Nous retournons au parking où
nous étions il y a 5 ans. Nous reconnaissons tout de suite son immuable gardienne
qui me dit que le parking est « completo ». Intolérable ! Je m'engouffre à l'arrière
du fourgon et en ressors avec une photo d'elle et moi prise il y a cinq ans.
La magie de la photo fonctionne et Maria cherche déjà comment
elle va pouvoir nous caser.
Cette
femme, presque aussi large que haute, est un concentré de gentillesse, de sourire
et de générosité. Son mari est boulanger et fabrique dans une petite pièce ses
petits pains. Ils sont très pauvres et leur logement consiste en cette pièce
et une petite chambre à côté, et pourtant ! Le matin, au son de la musique de
la radio, le boulanger façonne ses petits pains, et nous l'entendons chanter
à pleins poumons. Quant à Maria, occupée aux côtés de son mari toute la matinée,
elle n'est que rire et joie. Des voisines viennent s'asseoir là pour discuter
et rire avec eux tout en suivant les étapes de la cuisson.
Quand
le pain est terminé, le boulanger part faire les livraisons et Maria fait le
ménage. A midi, son énorme panier est préparé avec diverses petites choses (chips,
cacahuètes, bonbons,...) et elle se poste à l'entrée du parking pour vendre
ses babioles qui lui apporteront un revenu dérisoire mais nécessaire. Je me
dis que Maria a une drôle de vie, limitée aux dimensions de son parking. Mais
assise là où s'arrête le bus, où les passants circulent, elle connaît tout le
monde et papote à longueur de journée.
Nous
arrivons le soir à la frontière du Pérou. Il y a peu de circulation sur la route,
pas de camions, nous sommes samedi. Difficile de trouver un endroit pour dormir
dans cette ville de Macara, et nous finissons finalement devant le commissariat
de police.
Cuenca
est une grande ville coloniale, toute blanche, très vivante. Nous aimons traîner
dans le parc de la place centrale à regarder la vie devant nous. Nous sommes
vite repérés des habitués qui ne nous épargnent pas leur sourire.
Il nous est arrivé un petit gag. La première fois que nous avons pris le bus,
Maria demande au chauffeur de nous dire quand nous devons descendre. Le chauffeur
dit que cela fait un demi dollar et Klaus paie un dollar pour deux. En attendant
pour reprendre le bus, nous demandons à Maria à quelle station nous devons descendre,
deuxième ou troisième. Un homme arrive, parlant anglais, nous propose d'aller
avec lui. Puis nous parlons du prix du trajet et il s'avère que klaus s'est
trompé et que c'est un demi dollar pour deux.
Nous
passons devant un duo de musiciens. Leur musique est belle et je leur demande
s'ils seront là le lendemain parce que je voudrais les filmer. Quand nous revenons,
nous nous connaissons déjà et ils sont très heureux de se faire filmer ; le
public, lui aussi, est ravi de notre présence.
Nous
leur achetons quelques CD au prix de 2 dollars l'un et ils sont contents de
leur recette. Nous resterons assez longtemps à les écouter chanter leur musique
équatoriale, musique des Andes.
Le
marché aux fleurs est une des attractions touristiques de la ville. Dans une
atmosphère délicieusement parfumée, les fleuristes fabriquent leurs bouquets
et compositions florales.
J'ai
toujours rêvé d'en acheter mais dans le fourgon, ça n'est pas possible. Aujourd'hui
il, y a Maria et nous aurons grand plaisir à lui offrir ce bouquet.
Le
lendemain, avant notre départ, c'est la séance photo. Maria et son mari se sont
bien assurés que nous reviendrons à Cuenca et pensent sans doute avoir de nouvelles
photos. Ils ont tous deux posé le tablier, Maria s'est éclipsée pour
se faire une beauté et est revenue en mettant ses boucles d'oreilles en or qu'elle
doit garder pour les grands moments.
Affolement
de Maria pour qui un sou est un sou ; elle nous demande si nous avons la monnaie
mais je n'ai qu'un dollar. Elle fouille dans son porte-monnaie, sort des pièces,
en fait tomber une au moment précis où le bus arrive. La pièce est sous le bus,
nous essayons de la ramasser, le bus s'en va et notre guide avec ! Tout cela
s'est passé si vite et nous restons sur le trottoir comme deux idiots, Maria
agitant les bras à l'adresse du bus. Grand éclat de rire et nous attendrons
le prochain bus, réserve de monnaie en poche, qui arrivera quelques minutes
plus tard seulement.
Je pense que ce jour-là, le pain a été
un peu plus cuit que d'habitude. Nous les quittons avec une grande tendresse
dans notre cœur. A l'année prochaine Maria ! Avec les photos bien sûr, même
si nous n'en avons rien dit.
Durant notre séjour en Equateur
le ciel sera gris deux jours sur trois, on dirait chez nous un ciel d'orage.
Mais ici, il ne pleut pas et notre fourgon sera aussi boueux à la sortie
qu'à l'entrée du pays (plus la couche du Cotopaxi).
Dans certaines régions, nous ne reconnaissons plus ce pays que nous avions
connu si vert. Tout est brun, grillé, très sec. Puis, passé
un col, on retrouve une profusion de verdure. L'Equateur, tout comme la Colombie,
a souffert cette année d'une grande sécheresse, plus de 4 mois
sans pluie.
Mais
une fois de plus, c'est jour de fête et des podiums sont en différents endroits
de la ville. Ah ! Cette habitude de faire hurler la musique !!! jusqu'à deux
heures du matin, nous entendrons en stéréo la musique venant de différents endroits.
Au petit matin, direction la frontière, une formalité en Amérique du sud. La
suite nous prouvera que non...