Argentine
25 décembre 2015
De retour en Argentine, nous allons au
Parc National des Alerces. La piste qui traverse le parc longe de grands lacs
bordés de forêts aux arbres immenses : les alerces. La plupart de ces arbres
sont très anciens, le vétéran étant l'Abuelo, le grand-père, vieux de plus
d'un millénaire. Pour le voir, il faut prendre un bateau et traverser un lac.
Nous
ne verrons pas cet Abuelo mais profiterons largement de la jeunesse ! Un circuit
pédestre permet de se promener dans cette forêt longeant une rivière aux eaux
vert émeraude très transparente.
A
quelques dizaines de mètres devant nous, un renard roux traverse tranquillement
le sentier et s'enfonce dans la forêt. Mais le zorro (renard) est curieux et
il ne va pas loin. Assis, ils nous regarde. Nous le regardons aussi à travers
les branches. Il est très gros mais son minois est adorable et on aimerait le
câliner...
Plus
loin, nous voyons un arbre assez curieux.... Il s'agit d'un alerce qui a poussé
au milieu d'un arrayan, cet arbre très joli dont l'écorce est couleur cannelle.
Arrayan et alerce sont des arbres devenus rares et qui ne poussent guère que
dans ces régions de Patagonie du nord. La création de parcs nationaux permet
de les étudier et de les protéger.
Sur
le chemin du retour, notre sentier passe à proximité d'un lac. Sur la rive,
nous voyons un animal, une loutre pensons-nous, qui court, se précipite dans
l'eau et s'éloigne rapidement. Nous décidons de revenir le lendemain de bonne
heure pour voir peut-être plus d'animaux.
Le
lendemain donc, assis sur notre rocher, thermos de café à nos côtés, nous admirons
ce petit rongeur semblable à un castor qui mange tranquillement devant nous.
C'est un coipo.
Le
coipo est natif de la Patagonie alors que le castor a été importé du Canada.
Il est végétarien et se nourrit de l'herbe sur la rive. Nous avons affaire à
un gros paresseux ! Il mange, puis il dort. Puis il mange, puis il dort... Nous
aimerions bien qu'il bouge un peu plus pour mieux le voir ! Mais sa paresse
a pour nous un grand avantage! Nous pouvons nous approcher très près sans sembler
le déranger.
Il
est même si peu réactif que nous le pensons malade, ou peut-être simplement
très vieux. Il finira tout de même par aller vers l'eau et nager tranquillement
en longeant la rive, tout en nous surveillant du coin de l'oeil.
Très
patient, il fait ces allers et retours plus d'une vingtaine de fois et finalement
repart avec quelque chose dans son bec, un oisillon ou un embryon. Les deux
parents lui font la chasse, mais sans succès. Tout devient calme alors.
Une vingtaine de minutes plus tard, le rapace s'envole avec toujours ce quelque
chose dans son bec, poursuivi par les deux oiseaux qui poussent des cris sauvages
dont la puissance est démesurée par rapport à la petite taille de l'oiseau !
Sans doute a-t-il réussi à attraper un deuxième oisillon.
Cette scène très intéressante
est aussi un peu douloureuse à observer. On voit avec quel soin les parents
préparent le nid, couvent les œufs et essaient ensuite de protéger les oisillons
sans défense et qui ne peuvent pas encore voler. Le rapace a lui aussi besoin
de manger et de nourrir sa progéniture. La nature est bien dure avec ses habitants.
Souvenons-nous de Pinguino dont la vie était sans cesse menacée......
Lorsque
nous étions sur la plage de Valdès à admirer les baleines, nous avons été témoins
d'une scène semblable. Des panneaux indiquaient que les buissons de part et
d'autre de la piste abritaient des nids d'oiseaux. De notre fourgon, nous voyons
un serpent immobile au milieu de la piste. Puis il se met à avancer lentement
et alors un oiseau tout petit prend son élan depuis le haut et frappe de toute
la vitesse de la descente le serpent qui avance impitoyablement vers le buisson.
Le manège se répète de nombreuses fois mais l'oiseau n'aura pas pu arrêter ce
serpent bien grand pour son petit bec.
Au
Torres del Paine, nous avons vu un couple d'oiseaux sur la route qui dirigeait
sa progéniture, trois délicieux oisillons, qui ne pouvaient encore voler. Spectacle
si touchant quand on pense qu'il suffisait qu'une voiture arrive un peu trop
vite pour anéantir tout ce petit monde...
Sur
la piste du parc des Alerces, nous croisons un couple de polonais en moto. Au
cours d'un voyage d'un an dans différentes parties du monde, ils optent
pour des moyens de transport variés. En camping-car en Australie, moto
au Chili et Pérou, ils pensent aussi au vélo... Leurs motos, deux
petits calibres de 150cc, sont très maniables sur les pistes. Nous avons
passé ensemble un bon moment !
Au
nord du parc des Alerces, la ville d'El Bolson est assez typique de la Patagonie.
L'air y est pur, la lumière très belle, surtout au lever et au coucher du soleil.
Sur la place de la ville poussent de grands arbres. Certains de ces arbres,
trop vieux, trop secs ou malades, ont été coupés, mais on a gardé le tronc.
De ce tronc, des artistes ont fait des sculptures très originales, toutes d'inspiration
indienne. La fusion du tronc et ses racines avec le motif de la sculpture donne
un effet très saisissant. La lumière du soleil couchant leur donne de plus une
jolie teinte dorée.
En
Argentine, les voitures roulent longtemps. On voit beaucoup de 4L, de R12, ou
d'autres véhicules de la même époque. Ce véhicule
est à vendre, non pas pour un collectionneur ou pour les pièces
détachées, mais bien pour une nouvelle vie de route avec son prochain
propriétaire !
Mais
il ne fait pas encore chaud, le ciel est souvent couvert, il pleut parfois une
journée complète et le vent est toujours aussi présent. Nous avons soif de soleil
et de chaleur et allons les chercher toujours plus au nord. Sur notre route,
au fond d'une vallée, apparaît une magnifique montagne. La carte nous dit qu'il
s'agit du Volcan Lanin.
Bus converti en camping-car,
très fréquent en argentine.
Nous
voulons le voir de plus près et entrons dans le parc Lanin. Tout au bout de
la piste, à une centaine de km de la route principale, nous sommes plus près
du volcan et passons la nuit dans un camping aménagé par une famille mapuche
(indiens natifs de Patagonie).
Le matin, les cavaliers s'occupent du bétail, moutons, bovins. Autour de la
maison picore la basse-cour. On voit des animaux assez originaux... un majestueux
dindon, ici un croisement mouton et chien (?).... et là une poule croisée avec
on ne sait pas quoi... les plumes de ses pattes ont l'air de la gêner en marchant,
on a l'impression qu'elle patauge dans ses plumes !
Les
anciens volcans laissent souvent dans le paysage ce type de silhouette. Le cône
rempli de magma solidifié résiste plus à l'érosion que les pentes de la montagne.
Ces masses qui dépassent, quatre sur cette photo, sont autant de cônes d'anciens volcans.
Cela nous donne un aperçu de la densité des volcans dans la cordillère des Andes.
Nous
continuons notre route vers le nord et arrivons 1000 km plus loin à Mendoza.
Nous attendons cette ville pour nous reposer dans un camping que nous connaissons
déjà et pouvoir bénéficier d'un wifi pour téléphoner à nos familles. Mais le
camping est devenu très cher tout en étant assez délabré, sans le wifi attendu.
Nous cherchons un autre camping mais il n'y a que des locations de cabanas ou
des espaces pour tentes. Nous arrivons finalement à un espace de loisirs qui
nous permet de stationner pour la nuit.
Déçus
dans notre attente et dans nos plans de repos, de contacts familiaux et d'accès
internet, nous ne nous attardons pas et après une journée passée en ville, nous reprenons
notre route vers le nord. Déjà loin de la Patagonie, plus au nord et en été,
le thermomètre ne tarde pas à monter à 37°. Le changement est un peu brutal
mais nous avons enfin la chaleur !
Au
bord de la route, une tribu de petits choiques (autruches d'Amérique
du sud) suivent leur mère en déroute...
Nous avons beaucoup d'espoir pour le
wifi à San José de Jachal, notre dernière étape argentine avant de repasser
au Chili. Mais la ville est vraiment petite, totalement isolée du monde et
internet.... en pointillé ! Rien à faire ! Nous commençons à être habitués
au message : « connectivité limitée ou inexistante ».
Au
camping, nous discutons avec la propriétaire. Elle nous demande si nous avons
ressenti le tremblement de terre de la veille. Non, nous roulions et n'avons
rien senti. Elle nous parle ensuite du tremblement de terre au Chili, de l'autre
côté des Andes, en septembre dernier, d'amplitude 9. Elle nous dit que chez
eux, en Argentine, la terre a tremblé « fuerte et largo » très fortement et
très longtemps, sans arrêt pendant trois minutes ! L'évocation de ces terribles
minutes la fait encore trembler...
Les couleurs du sable et de la roche, les sculptures de la neige, tout nous
émerveille et nous n'avançons pas très vite, occupés par nos photos et films.
Nous
quittons San José et attaquons la montée vers le Paso Agua Negra situé à 4700
m. C'est la première fois que nous retournons en altitude depuis que j'ai été
malade en Bolivie en octobre, et nous ne savons pas si je vais encore supporter
l'altitude. Par précaution, nous passons la nuit à seulement 3300 m.
La
montée vers le col nous surprend beaucoup. D'abord elle est goudronnée assez
longtemps, puis nous arrivons sur la piste dans des zones encore enneigées.
La
fonte de la neige donne un relief assez étonnant ! On dirait des armées de petits
pénitents en marche vers un but inconnu...
La
hauteur de ces lames de glace peut atteindre près d'un mètre !
Il est tout à fait impossible de marcher sur cette glace. Imaginons le
problème quand au cours d'un trekking, on arrive sur de telles surfaces
!
Pendant
ce temps, un autre spectacle se déroule sous nos yeux. Un couple d'oiseaux qui
picore tranquillement sur la berge s'envole parfois en poussant des cris très
aigus puis se pose de nouveau sur le sol. Je vois alors le manège d'un autre
oiseau, un rapace, qui sort des buissons et marche vers un point déterminé de
la rive. Le couple d'oiseau arrive alors et le rapace se retranche vers les
buissons en courant sous les assauts du couple.
Une agréable petite balade nous donne
différents points de vue sur le volcan.
(pour Elisabeth...)
Lorsque nous arrivons à Mendoza, nous sommes le 20 décembre, l'année scolaire
vient de se terminer mais les vacances ne vont vraiment commencer que le premier
janvier. Les campings se préparent donc à ce grand rush de janvier ; on nettoie
et remplit les piscines, on répare les installations, taille les espaces verts.
Et souvent, le camping est encore fermé !
Au
passage de la frontière argentine, nous avions dit que nous dormirions dans
la montagne. Les différents postes de contrôle argentins et chiliens ont été
prévenus. En fait, sans que l'on s'en aperçoive vraiment, nous sommes assez
suivis. Durant le trajet de ce col, 200km dont environ la moitié de pistes,
nous ne verrons que très peu de véhicules.
Nous
ne pensons même pas à l'altitude, mais les 4700 mètres se
rappellent à notre souvenir dés que nous nous remuons un peu trop
vite...
Les murs de neige sont assez imposants ; nous ne sommes qu'au début de l'été
(juin chez nous) mais nous ne sommes pas habitués à trouver de la neige dans
les Andes, surtout si bas, la neige se trouvant en général au-dessus de 5000m.
Nous
redescendons la vallée de l'Esqui pour rejoindre le Pacifique à La Serena. Nous
avons gardé un bon souvenir du marché aux poissons de Coquimbo, la ville voisine.
Le tsunami qui a fait suite au tremblement de terre de septembre a endommagé
la côte. Mais les vacances approchent et on travaille dur à la réparation des
dégâts.
Nous
sommes à la veille de Noël, il y a plein de monde dans les rues et autour des
cabanes d'un marché de Noël. Il fait chaud mais il y a quand même des Pères
Noël dans leur habit rouge bien chaud (seulement en vitrine) et quelques sapins
de Noël autour d'une crèche.
Nous sommes seuls dans un camping qui
semble encore fermé...
Mais le lendemain, 25 décembre, de bonne
heure les voitures arrivent en nombre. Les gens déballent tout leur matériel
et le charbon commence à chauffer dans les parillas.
C'est
Noël au Chili !
Le Christ est ressucité
!
Il n'est donc plus sur la croix...
C'est
dans cette toute petite ville que nous entendrons la première fois parler
du Dakar et en termes peu favorables... Ils connaissent, ils sont souvent sur
le parcours.
Ci-contre,
un des oiseaux attaque le rapace alors que le deuxième arrive en renfort.
Mais il est trop tard, l'oisillon est pris...
Le
marché est en partie sur le trottoir à l'extérieur du bâtiment en plein travaux
de remise en état.
Nous faisons le plein de poissons, de
crabe et de coquilles Saint Jacques et nous nous retirons vers un camping
pour fêter dignement Noël.
(à droite, photo
du marché et pas de nos achats !)
Sur
le toit du marché, les pélicans papotent tout en regardant les
rues animées.
(Ci-dessous,
une souche d'arbre)