Pérou
Puno, les îles flottantes. 18
juillet 2010.
Puno est, au nord de Copacabana, la
première ville péruvienne que nous rencontrons. Nous apprécions les différences
avec la Bolivie, vélos-taxis et scooters-taxis très nombreux et surtout l'amabilité
et le sourire des péruviens qui tranchent avec le côté un peu maussade des
boliviens.
Ci-contre les données du Lac Titicaca.
La
ville est située, à 3810 mètres d'altitude, sur les rives du Lac Titicaca
et concentre au large de nombreuses îles flottantes, une particularité de ce
lac. Je vais les visiter seule, Klaus n'étant pas un fan de bateau... Les îles
sont situées à 20 minutes de bateau de Puno. Nous naviguons au milieu des roseaux
puis elles apparaissent soudain devant nous.
Certains
parlent de Dysneyland, le tourisme ayant favorisé quelques constructions loin
de ce qui était à l'origine. Je fais abstraction des nombreux touristes présents,
du côté un peu folklorique dans l'accueil de la population et des boutiques
de souvenirs pour me concentrer sur ce qui a perduré à travers les âges et reste
la réalité des îles flottantes.
Au XVè siècle, lorsque les Incas sont
arrivés à Tiwanaku, au sud est du lac, les habitants, les Uros, ont fui sur
des sortes de radeaux et se sont déplacés vers le nord au fur et à mesure
que l'envahisseur progressait.
(en jaune, trajet suivi par les Uros
en 400 ans sur leurs îles flottantes)
Les
îles sont formées d'une base en tourbe de 1 mètre d'épaisseur que l'on coupe
en blocs à l'aide de longues scies. Ces blocs sont assemblés avec des cordes
et de l'habileté du chef de l'île dans ce travail dépend la sécurité de tous
les habitants de l'île ; si les blocs venaient à se séparer, ce serait la noyade
pour certains. La tourbe est ensuite recouverte de couches entrecroisées de
roseaux sur une bonne épaisseur.
Dessus
sont construites les maisonnettes, en roseaux elles aussi. La couche de roseaux
donne une certaine élasticité au sol qui s'enfonce sous nos pieds quand on marche
ou saute.
Le
roseau est la base de la vie pour les habitants des îles. En dehors du sol,
des habitations, des bateaux, ils servent aussi à la nourriture car les extrémités
des roseaux épluchés sont consommés par les habitants.
Les îles sont amarrées au fond du lac
par six ancres.
Sur presque chaque île se trouve une
petite tour du haut de laquelle les habitants d'une île communiquent par gestes
ou sifflements avec les habitants des autres îles. Des barques à rames ou
à moteurs ainsi que des bateaux traditionnels en roseaux permettent la circulation
entre les îles ou de rejoindre Puno.
Une rivière profonde de 25 mètres
pénètre dans le lac au nord de Puno et traverse la baie. Les îles sont placées
sur l'axe de cette rivière dont les habitants puisent l'eau, plus propre selon
eux que celle du lac.
Des petits bateaux-boutiques assurent
le ravitaillement.
Les
hommes sont pêcheurs et beaucoup travaillent aussi à Puno pour mieux gagner
leur vie. Ils utilisent le roseau pour fabriquer des bateaux. Autrefois tout
le bateau était en roseau, donc assez lourd. Un compromis avec la vie moderne
permet de faciliter le travail tout en allégeant le bateau :des boudins en plastique
sont remplis de bouteilles en plastique de coca-cola et autres boissons.
Sur
ces boudins seront attachées de longues tiges de roseau. Une semaine de travail
pour la base, deux mois pour finir le bateau qui promènera les touristes d'une
île à l'autre assurant un revenu supplémentaire aux habitants.
Une
école primaire (adventiste) se trouve sur une des îles. Ceux, de plus en plus
nombreux, qui veulent poursuivre leurs études devront aller à Puno, ce qui représente
une heure à ramer sur une barque pour chaque trajet. Mais apprendre l'anglais
est pour eux la possibilité de devenir guide par exemple et de fuir les dures
conditions de travail de leurs pères. On prévoit donc que dans une vingtaine
d'années il n'y aura plus guère d'habitants dans ces îles. Elles deviendront
alors de vrais musées...


Les
îles flottantes sont au nombre de 45 et regroupent une population de 2000 personnes.
Il n'y a plus de Uros purs, la plupart des habitants sont des indiens Aymaras
mais ils ont repris le mode de vie des Uros. 15 îles seulement sont ouvertes
à tour de rôle aux touristes et il est certain que les conditions de vie des
habitants de ces 15 îles sont meilleures que sur les autres îles. L'espérance
de vie moyenne au Pérou est de 72 ans ; elle tombe à 69 ans pour les habitants
de l'Altiplano et 64 ans pour les habitants des îles flottantes à cause de l'humidité
permanente.
Il
n'y a bien sûr pas d'électricité sur les îles. On s'éclairait à la bougie. Des
incendies se sont déclarés car le roseau est très inflammable. Plusieurs enfants
y ont trouvé la mort. Alors le gouvernement péruvien a décidé d'équiper les
îles en panneaux solaires. Avec la lumière, la télévision est arrivée... Mais
peut-être, comme en Mongolie, les panneaux solaires et la télévision limitent-ils
l'isolement des habitants et leur permettent-ils de continuer encore un peu
cette vie d'un autre âge ?
Je reviens enchantée par cette balade
de trois heures en dehors du monde...
A Puno, c'est la fête comme à Copacabana
et les défilés sur fond de musique militaire se succèdent. Heureusement, il
y a aussi des danses folkloriques qui font voler jupes et jupons !
Je dédie cet
article à Jacques P. C'est lui qui le premier m'a parlé des
îles flottantes. C'est aussi à lui que je dois mes bases d'espagnol.
Merci à toi.