Pérou




3 octobre 2015.
Lorsque nous arrivons à la frontière,
nous passons les formalités équatoriennes rapidement et venons vers la police
péruvienne pour nous entendre dire que nous ne pouvons pas entrer dans le
pays. Surprise ! Le policier nous montre son ordi : nous ne sommes pas sortis
du pays en 2010, donc nous ne pouvons pas entrer. Logique. Cela nous rappelle
qu'en 2010, le fourgon ne pouvait pas entrer car lui non plus n'était pas
sorti du pays. Pour l'heure, ce qui est embêtant, c'est que nous avons tous
les deux changé de passeport, donc plus de tampons visibles. Nous sommes entrés
et sortis du Pérou deux fois en 2010 et une fois en 2011, ce qui fait 6 passages
de frontière. Sur l'ordi, il y a une sortie en 2010 et une entrée un mois
plus tard. C'est tout. Rien pour 2011. Nous allons voir la douane qui confirme
que le 17 mai 2011 le fourgon a bien quitté le Pérou. Apparemment sans chauffeur...
Nous demandons à voir le chef (pour Laurence : nous n'avons pas demandé el
burro...). C'est dimanche et il ne semble pas être là (mais pourquoi passe-t-on
toujours les frontières le dimanche???)

Enfin une preuve que nous sommes bien
sortis du Pérou ! Après encore quelques discussions au téléphone, il tamponne
les passeports et nous pouvons continuer, au soulagement de tous ceux qui
attendent... Cela aura duré une heure.
Conclusion : en Amérique du sud, passer
une frontière est très rapide mais parfois....il y a un moustique qui se glisse
là où on ne l'attend pas !
Le
policier nous dit de retourner à la frontière que nous avions passée il y a
4 ans. Nous rechignons à faire quelques centaines de km de détour. Alors il
téléphone encore et encore. La queue s'allonge, et les gens se demandent ce
qu'il se passe avec les gringos. Klaus avait eu la bonne idée de photographier
toutes les pages des passeports avant de les rendre à l'administration. Il trouve
la page de notre dernière sortie et cela semble intéresser notre policier qui
n'arrêtait pas de feuilleter nos passeports dans l'espoir insensé sans doute
d'y trouver un tampon péruvien entre les visas russes ou mongols.
La
route est assez vide puisqu'il n'y a pas de camions. Le paysage tropical est
comme toujours magnifique. Rizières, bananeraies, canne à sucre, papayers, orangers
et tant d'autres cultures se succèdent dans un éclaboussement de verdure.
Puis
nous arrivons vers la côte Pacifique et traversons le désert de Sechura. Rien
que du sable, des dunes, aucun arbre, pas la moindre touche de vert. Et cela
va durer car en fait la côte Pacifique n'est qu'un immense désert de plusieurs
milliers de km. Il commence à la frontière de l'Equateur, traverse tout le Pérou
et se poursuit au Chili avec le désert de l'Atacama. Au niveau des habitations,
et parfois même au centre des villes, des montagnes de sacs poubelle souvent
éventrés attendent d'être peut-être ramassés un jour. Quand on s'éloigne des
villes, les poubelles deviennent plus rares mais il y a toujours des bouteilles
ou des sacs plastique envolés par le vent, qui traînent.
Dans
ce désert, on voit parfois des séries de hangars abritant les élevages de poulets.
Bien serrés, attachés, on ne leur demande qu'à manger jusqu'au jour où par camions
entiers ils partiront vers l'abattage et ensuite dans les assiettes. On rencontre
aussi des petits villages avec beaucoup de palissades en palme pour s'abriter
du vent. De quoi vivent les habitants ?
Cette année nous avons vu aussi beaucoup
de plantations d’artichauts et nous ne souvenons pas en avoir vues avant.
Et puis, après quelques km de verdure,
on retrouve le désert total, sans le moindre brin d'herbe. Toute la Panaméricana
est goudronnée mais nous sommes sûrs que les voyageurs en camion ou 4X4 doivent
se faire plaisir dans ce terrain de jeu de sable et qu'ils ne restent sûrement
pas sur le goudron comme nous.
Et
soudain, quand une rivière descend des montagnes, c'est une profusion de verdure,
de cultures qui gagnent peu à peu sur le désert. Nous avons trouvé qu'elles
se sont très étalées depuis notre dernier passage il y a 4 ans. On cultive tout !
Les traditionnelles cultures des régions basses, riz, bananes, canne à sucre,
vigne vers Pisco et Ica, mangues, ananas, agrumes, puis d'immenses plantations
d'asperges vertes qui arriveront dans nos magasins européens (impossible de
trouver à en acheter au Pérou!).
S'étalant
en une cascade de bassins colorés, les salines de Maras offre un spectacle merveilleux
et étonnant. Les salines de Maras étaient exploitées bien avant les Incas. Une
source débitant 10 litres d'eau salée à la seconde et contenant 40g de sel au
litre, inonde les 4500 bassins des salines.
Nous
ne arrêtons pas et avalons les km car il nous faut faire vite pour atteindre
notre but en novembre. Avoir laissé le Vénézuela nous fait faire un très grand
détour. Première halte, très au sud de Lima, à Pisco et la presqu'île de Paracas.
Au passage, nous faisons le plein de coquilles Saint Jacques puis rejoignons
le magnifique désert de Paracas.
Du
désert à l'état pur, sans le moindre déchet sur le sable ; des dunes au doux
profil, un sable offrant une palette de couleurs déclinées dans les roses, ocres
et blancs, des plages magnifiques et, au centre, la maison des gardes du Parc
National, quelques restaurants pour les touristes et un petit port de pêche
où les pélicans sont très à l'aise.
Le
soir, il n'y a plus personne et nous dormons à côté de la maison du parc, bercés
par les vagues, en plein désert.
Manchots
de magellan, cormorans et pélicans se partagent une petite île
devant la plage.
Nous
partons alors plein ouest pour rejoindre Cuzco où nous revisitons d'abord quelques
sites incas nous ayant laissé un bon souvenir.
L'air
très sec permet une rapide évaporation de l'eau ; le bassin est régulièrement
inondé ce qui augmente progressivement la concentration en sel. Au bout
d'un mois le sel est prêt à être récolté. Les qualités du sel récolté
sont proches de celles du sel rose de l’Himalaya. On en récolte trois qualités :
la fleur de sel, le sel rose et le sel de qualité inférieure réservée aux animaux.
Des boutiques sur le site vendent ce sel, ainsi que le traditionnel « artisanat »,
à un prix dérisoire.
L'exploitation du sel ne peut se faire durant les périodes pluvieuses, l'eau
de pluie diluant le sel et empêchant l'évaporation. La récolte est donc interrompue
d'octobre à mai. Avant la reprise en mai les bassins démolis par les pluies
doivent être réparés. Chaque mois, 1200 kg de sel sont récoltés soit environ
7 tonnes par an. L'exploitation est faite par des familles locales perpétuant
ainsi les coutumes ancestrales.
Nous
arrivons vers 17 h sur le site de Moray, voisin de Maras ; c'est la fin de l'après-midi
et nous ne faisons qu'un petit tour sur le site. Nous dormons sur place. Cette
nuit est une nuit magique... Le ciel est dégagé, c'est la pleine lune ; le plus
haut sommet est éclairé par le clair de lune. Mais par dessus tout, ce qui est
magique, c'est que ce soir, il y a une éclipse...
J'aurais
aimé aller voir le site éclairé par la pleine lune mais le garde a tendu une
corde. Au fur et à mesure que la lune s'obscurcit, des millions d'étoiles deviennent
de plus en plus lumineuses et semblent aussi plus proches. La voie lactée est
devenue un nuage blanc. Loin de toute lumière de la ville, le spectacle est
fantastique.
Dommage
qu'il fasse un peu frisquet mais nous sommes à 3500 m ! Klaus restera
jusqu'au recouvrement total de la lune, bravant le froid, pour photographier
chaque étape. Nous visitons le site au matin, avant l'arrivée massive des touristes.
L'ambiance y est vraiment plaisante. Petite nouveauté : nous ne pouvons plus
descendre les terrasses pour rejoindre le centre. Un circuit fléché fait le
tour et il n'est plus possible d'aller où l'on veut. Sans doute est-ce dû au
nombre de touristes qui est devenu trop élevé .
Nous
montons vers Tipon, un autre site inca qui est un chef d’œuvre dans la technique
d'irrigation : une source se sépare en 2, puis 4, puis 8,.... ruisseaux qui
irriguent les terrasses, puis se regroupent pour ne finir qu'en un seul cours.
Le système de terrasses permet une irrigation économique évitant toute perte
d'eau.
A
Cusco, nous faisons une petite pause de deux jours. Nous profitons de l'accès
internet pour téléphoner à nos familles, recevoir les mails et visiter les sites
incas de la ville. Mais il fait de plus en plus froid, le vent devient glacial.
Sur les bancs des bus panoramiques se serrent des touristes gelés emballés dans
leurs anoraks. Cusco est aussi à 3500 m.
Lorsque
nous arrivons à Tipon, nous nous garons. Derrière lefourgon se trouve
un arbre en fleurs où un colibri vient butiner les petites clochettes
à quelques mètres de nous. Adorable spectacle !
Une
halte au site de Raqchi ne manque pas de nous impressionner encore sur les méthodes
de construction inca. Ce mur est ce qui reste du temple du soleil construit
au XVIè siècle. Des fondations en pierre surmontées d'un mur en pisé. Ce mur,
haut de 15 m, a résisté au tremblement de terre qui a détruit une grande partie
des constructions espagnoles à Cusco en 1660.
Le
ceviche, spécialité du Pérou : poisson cru arrosé
de jus de citron vert et, ici, accompagné de yuca (manioc), chips de
banane plantain et maïs grillé.
Pour rejoindre la Bolivie
nous passons par le lac Titicaca. Il fait de plus en plus froid et le soir
un orage éclate. Enfin une bonne pluie pour laver notre fourgon qui n'attend
que cela depuis la Colombie !
Le
lendemain, les sommets ont blanchis. Il faut dire que le lac se trouve déjà
à 3800 mètres et que les sommets ne sont pas loin des 5000 m. Le lac est gris
et on ne retrouve plus ce magnifique bleu « méditerranée » qui nous avait séduit
en 2010. Au bout du lac, nous arrivons à la frontière bolivienne.