Pérou

7 décembre 2016

Nous quittons la panamericana à Pascamayo, la capitale nationale du riz. Et du riz, il y en a partout ! Dans les rizières bien sûr, dans les entrepôts, devant les maisons, entassé dans des grands sacs, devant chaque boutique. Du riz ! Du riz ! Toujours du riz ! Ici, il ne faut pas espérer en acheter un kg ; c'est 50 kg ou rien du tout !

Nous entrons dans une large gorge toute plantée de manguiers ployant sous les très nombreux fruits. Il y a des mangues de toutes les couleurs ! Depuis les petites jaunes aux très grosses violettes en passant par les vertes, les oranges, les rouges.
Nous sommes étonnés de ne pas voir de vendeurs ... puis nous voyons une petite cabane en bord de route, avant le village, et là ! il ne sera question de plus rien d'autre que de mangues ! Tout le village est encombré de caisses de fruits superposées, posées devant les maisons. Là où j'en achète quelques unes, il y a des dizaines de caisses prêtes à partir... pour où ? Vers les usines de jus de fruits ? Vers les grandes villes péruviennes ? Pour l'exportation ?
Dés que l'on quitte la côte et son désert, tout change. Le paysage est vert et accueillant, des maisons fleuries sont accrochées au flanc de la montagne, les villages sont petits et propres. Il n'y a plus de poubelles qui traînent partout. Et les gens sont souriants et aimables. Les vaches dodues remplacent les immenses élevages de poulets. Nous sommes heureux d'avoir quitté ce désert déprimant et de nous retrouver dans les montagnes.
En tous cas on ne compte pas trop pour la vente aux particuliers ; pour moins d'un euro et demi je repars avec une dizaine de très grosses mangues délicieuses.
Cette responsabilité, les enfants doivent aussi l'assumer dés leur plus jeune âge. Ils marchent seuls sur le bord de la route, se reposent parfois les pieds dans le ravin, assis à côté de leur petit frère encore bébé, et on ne voit pas les parents les surveiller continuellement. On peut se demander pourquoi, chez nous, dés qu'on lâche la main à un enfant, il va courir sur la route ?
En 2010, la plus grande partie de cette route n'était pas goudronnée. Quel plaisir de la voir à présent toute recouverte d'asphalte ! Mais la route est étroite, vertigineuse, il n'y a pas de barrière sur les côtés et le bord de route descend verticalement sur plus de 1000m.
Très peu de véhicules fréquentent cette route et c'est une chance car il y a peu d'endroits où on peut se croiser. Heureusement, on voit la route très loin devant et on peut anticiper les croisements.
Un vieux camion va dans le même sens que nous. Il est conduit par un très jeune gars à qui on donnerait moins de 20 ans, seul pour effectuer ce trajet difficile qu'il semble faire pour la première fois. Il faut bien remarquer que dans tous les pays extérieurs à l'Europe, que ce soit en Amérique du sud ou en Asie, ce sont souvent des jeunes et même très jeunes qui conduisent les gros camions ou les grands bus. Parfois, une personne plus âgée les accompagne.
Chez nous, on pense plutôt à l'Expérience ! Ce grand mot revendiqué par les parents qui pensent que leur enfant est trop jeune pour conduire une grosse moto ou une voiture rapide (qu'eux-mêmes conduisent !) ou que sais-je encore ? Ici, on considère plutôt que les jeunes ont de bien meilleurs réflexes et une résistance à la fatigue supérieure à celle de leurs aînés. On leur fait confiance et ils ont de fait de très lourdes responsabilités qu'ils assument sérieusement comme nous l'avons vu lors de notre panne en Bolivie quand nous avons fait le voyage dans la cabine du camion avec le fourgon dans la benne.
Nous mettrons toute la journée pour faire ces 250 km. En fait, nous ne serons pas beaucoup plus rapides que quand la route n'était pas goudronnée. Le paysage est grandiose ! On monte rapidement sur cette route très pentue.

Klaus ne veut pas comprendre que la troisième vitesse ne tient pas et il s'évertue à réessayer de la passer ! Pour les descentes, le frein moteur en seconde est indispensable.

Arrivés aux cols, nous surplombons toutes ces montagnes qui nous semblaient si hautes vues du bas.

A Leymebamba, nous retournons voir le musée des momies de la Laguna de los Condores. Le musée s'est considérablement agrandi, il est lumineux et très bien présenté. Il a été créé spécialement pour recevoir et conserver plus de 200 momies découvertes en 1997 à cette laguna, à 120km de la ville, sans route pour y aller. Ces momies sont exceptionnelles en cela qu'elles ont été admirablement conservées en milieu humide (photos interdites).
Un très joli jardin sert d'écrin aux reproductions des sarcophages dont les originaux restent accrochés à la falaise un peu plus loin, permettant à leurs occupants de contempler pour l'éternité les 200m de vide s'offrant à leurs pieds.
Dans le jardin un bébé alpaga âgé de deux mois recherche la compagnie des enfants pour jouer avec eux. Sa mère, bien peignée, surveille d'un œil sa progéniture …
Nous retournons voir la merveilleuse forteresse de Kuélap. Tout a bien changé depuis 2010 ! On met la dernière main à un grand téléphérique qui permettra aux touristes d'économiser les deux heures et demi de route pour atteindre le site à 3000m d'altitude. Le président en personne doit venir le 5 janvier pour l'inauguration ! Osera-t-il prendre le téléphérique ????... (de toutes façons, il n'aura pas le choix!)

Kuélap est une immense forteresse, la plus grande construction en pierre d'Amérique du sud, qui a été habitée pendant 1500 ans !

Que de changements ! Le petit chemin d'accès est à présent recouvert de dalles et d'escaliers, et dans le site des chemins sur lattes de bois indiquent au touriste où il doit mettre les pieds ! Nous sommes loin du site très sauvage qui nous avait séduits en 2010 ! On pouvait aller où on voulait, il n'y avait quasiment personne et il n'y avait pas de gardiens pour siffler quand on quittait un chemin !

Le but est de faire de Kuélap un « second » Machu Pichu. Tout y préparé pour y absorber un maximum de touristes en rendant le site plus accessible. On ne sait pas si ce but sera atteint mais en ce qui concerne le côté « policier », il y sont déjà parvenus !

 

Qu'importe pour nous puisque nous ne reviendrons plus ici. Le site reste néanmoins agréable dans un environnement magnifique.
Pendant la visite, un jeune homme s'approche et demande à Klaus s'il peut faire une photo. Klaus veut prendre l'appareil mais ce n'est pas cela, c'est lui qui doit être sur la photo !

Plus loin dans le site, ce sera un groupe de touristes péruviens qui lui demanderont. Puis une femme me demande à moi et toujours plus de personnes viennent s'ajouter à la photo pendant qu'une dizaine de téléphones portables prennent les photos.

Donc à Kuélap, ce dimanche, il y avait deux attractions : la forteresse et un couple de touristes français ! On peut d'ailleurs se poser la question : pourquoi nous ? Puisque nous avons vu que les autres touristes étrangers ne suscitaient pas le même intérêt... on préfère ne pas chercher la réponse !
A Chachapoyas, nous sommes dans un parking à côté de la place centrale. Il est peu rempli, la gardienne est aimable et une Marche Turque clinquante résonne chaque fois qu'on passe le porche ! Nous n'avons rien fait de spécial à Chachas si ce n'est se promener en ville, ce qui est déjà très agréable.
Et puis, Mathieu est aussi un garçon adorable avec qui nous avons passé de très agréables moments. La soirée se termine devant une bouteille de Chartreuse que nous n'aurons pas fait qu'admirer ! Nous nous reverrons sans doute en France !

Cela nous console de ne pas avoir pu rencontrer nos amis Patrick et Marie qui arrivent du nord. Nous nous croisons presque puisqu'ils sont à Tumbes, au Pérou et sur la côte Pacifique, alors que nous prenons la route intérieure. Nous aurions dû boire un pisco ensemble (ou deux, ou trois...). Ils se sont desséchés devant la bouteille à regarder fondre les glaçons. Quelle misère !
Sur le parking on nous indique tout de suite un endroit où nous pouvons rester pour la nuit. Nous pouvons ainsi tester comment nous supportons une nuit à 3000m ; nous n'aurons pas de problème, c'est bon signe !

Nous traversons le Rio Maranon, un joli fleuve qui donnera, avec quelques autres bras, l'Amazone. Nous sommes émus de penser que cette eau va passer près de Manaus puis rejoindra la mer à Bélem... Il n'y a pas si longtemps, nous y étions encore.
Étant directement sur place, cela nous permet, le lendemain, d'attendre que le brouillard se dissipe pour monter au site.
A Cajamarca, une jolie ville certes, mais où il pleut et où il fait froid, nous ne nous attardons pas. Nous avions déjà visité le centre historique en 2010. Nous dormons à Banos del Inca, là où le Grand Inca Athapulca fut traîtreusement capturé par les espagnols, capture qui a provoqué la chute de l'Empire Inca. C'est aussi pour nous la dernière ville à 2700m, juste avant la montée vers les cols.

Mathieu est un grand voyageur. Il promène son sac à dos et son béret depuis dix ans sur tous les continents, travaillant selon le rythme des saisons. Au Pérou il a fabriqué des gâteaux qu'il vendait sur la plage. Dans d'autres pays il est perchman dans les stations de ski. Il acquiert ainsi une très bonne connaissance des pays où il séjourne.
A l'office du tourisme où nous avons pu accéder au wifi, nous avisons un jeune touriste avec un béret ; et quel béret ! Mathieu est un voisin en France comme sa tarte de chasseur alpin pouvait le laisser prévoir.
Nous voyons des champs de manioc délimités par des haies de bananiers. Puis vient le cacao et encore les champs d'ananas.
Au bord de la route, à chaque ralentisseur (et il y en a beaucoup !) des femmes se précipitent pour vendre mangues, citrons doux, pop-corn ou de la canne à sucre en petits tronçons. Des boutiques étalent des montagnes de fruits, papayes, mangues de toutes les couleurs, bananes, ananas et préparent de délicieux jus de fruits, 100% fruit ! et à un tout petit prix pour le très grand verre .
Nous passons notre dernière nuit péruvienne à San Ignacio et montons de nouveau un col avant de redescendre vers la rivière frontalière. Je change mes derniers soles (monnaie péruvienne) et discute avec deux femmes dans la boutique. L'une s'éclipse et revient avec un sac de bananes qu'elle m'offre gentiment. A la police et la douane, tout le monde est très aimable et c'est sur cette note agréable que nous quittons le Pérou et franchissons le pont qui nous amène en Equateur, et...
Sur la route, de nombreux cailloux sont tombés, parfois même de rochers. En contrebas, l'eau de la rivière dévale en un courant déchaîné qui ferait le ravissement des adeptes du kayak.
Et cela va continuer jusqu'à ce que nous soyons sortis du site.
Et puis, dans une montée sinueuse et très pentue comme toujours, un bruit d'explosion retentit et notre pneu arrière droit se trouve éventré. Une chance que nous soyons entre deux virages ! La sortie du parking à Chachapoyas a été un peu difficile et le pneu a été malmené par le trottoir. Les conséquences n'auront pas tardé à se faire sentir !
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